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de gélatine unie à une certaine quantité d’albumine, toujours disposée en fascicules, en faisceaux plus ou moins volumineux, rapprochés & serrés.

Cette fibre forme des membranes plus ou moins larges, des bandes, des bandelettes, des cordons qui, dans leur état de fraîcheur, ont une teinte blanche, luisante, argentine, satinée, & qui, par la dessiccation, deviennent jaunâtres, sont transparentes ; ainsi elle est distincte des autres espèces de fibres par sa fermeté, sa résistance & son élasticité.

L’Albuginée de l’œil, das weisse in auge, est une membrane mince & naturellement blanche, qui tapisse tout l’intérieur des paupières & la partie antérieure de la tunique de l’œil, nommée cornée opaque ou sclérotique. Cette membrane est attachée, par une de ses extrémités, à la circonférence de la cornée transparente, & par l’autre au bord des paupières ; elle est, outre cela, attachée par sa partie moyenne au bord de l’orbite. Voyez CONJONCTION.


ALBUMINE ; albumen ; eiweisstoff ; sub. fém. Substance analogue au blanc d’œuf.

D’après Fourcroy[1], c’est une matière liquide, filante & visqueuse, d’une saveur fade, dissoluble dans l’eau froide, concrescible & solidifiable par la chaleur, abandonnant l’eau en s’en séparant sous forme de flocons quand on la chauffe ; verdifiant le sirop de violette ; dissoluble par les alcalis, & spécialement par l’ammoniaque ; se putréfiant sans passer par l’état acide ; donnant du gaz azote par l’acide nitrique avant de passer à l’état d’acide oxalique.

Séchée spontanément à une basse température, elle se convertit en une substance friable semblable au verre ; étendue & présentant beaucoup de surface, elle forme, en se desséchant, une espèce de vernis dont les peintres se servent pour enduire leurs tableaux.

À une température de 74 degr. centigrades, l’albumine se coagule en une masse blanche solide ; sa solidité est d’autant plus grande, toutes choses égales d’ailleurs, que la température est plus élevée. Si l’on fait bouillir de l’albumine dans de l’eau salée ou dans de l’huile, elle devient plus ferme que traitée par l’eau ; dans cet état, elle n’augmente ni ne diminue de poids.

Aucune terre ne se combine avec l’albumine ; les sels métalliques, excepté le cobalt, ne la précipitent pas de sa dissolution dans l’eau ; le tannin la précipite en jaune ; les acides concentrés la précipitent, & les acides très-etendus la dissolvent.

Une lessive de potasse dissout l’albumine & forme une espèce de savon ; pendant cette opération, il se dégage de l’ammoniaque. Le savon, dissous dans l’eau, est précipité par les acides acétique ou muriatique, forme un précipité savonneux qui transsude un peu d’huile en le chauffant.

Quoique l’on ait considéré le liquide incolore & visqueux qui enveloppe le jaune dans les œufs, comme l’albumine, & que ce soit cette substance qui ait établi son caractère, cette albumine n’est pas pure ; elle contient toujours un peu de soude & de soufre.

On trouve fréquemment dans les animaux de l’albumine modifiée de différentes manières ; le sang en contient une quantité considérable. La matière caseuse du lait présente des propriétés analogues à l’albumine ; mais cette substance paroît y être dans un état différent de celui où on le trouve dans le sang & dans les œufs. Les os, les muscles, les tendons, les ongles, la corne, les poils, les plumes, les parties membraneuses de plusieurs coquilles, les éponges, contiennent de l’albumine coagulée.

L’albumine se rencontre aussi dans les végétaux. Scheele a remarqué que plusieurs plantes contenoient une substance semblable à la matière caseuse du lait. Proust a avancé que les amandes & autres substances susceptibles de faire des émulsions, contiennent une substance analogue à la matière caseuse. Les sucs de cresson, de choux, de cochléaria, de bécabunga, de racine de patience, la farine de froment, les fécules vertes des végétaux ont donné à Fourcroy de l’albumine. Deyeux & Vauquelin en ont trouvé dans la séve des arbres.

Si l’on distille de l’albumine dans une cornue, il passe une huile empyreumatique, du gaz acide carbonique, du gaz hydrogène carboné & du carbonate d’ammoniaque. Il reste un charbon qui contient du carbonate de soude & une très-petite quantité de phosphate de chaux.

Ces résultats prouvent que l’albumine eſt composée d’oxigène, d’hydrogène, de carbone & d’azote ; mais comme l’albumine donne une plus grande quantité d’azote, à l’aide de l’acide nitrique, on a conclu que l’albumine contient plus d’azote que la gélatine. La différence de ces deux substances ne peut être, au reste, que très-légère, puisque Hatchett les a converties l’une dans l’autre. Il paroît, d’après ce chimiste, que l’albumine est la première substance qui se forme dans le corps de l’animal.

On fait usage de l’albumine des œufs & du sang pour purifier le sucre, le sirop & beaucoup d’autres substances. L’albumine liquide, versée dans la dissolution chaude des substances que l’on veut purifier, entraîne, en se coagulant, les impuretés qui s’y rencontrent. On emploie également l’albumine du sang pour fixer la chaux sur les murailles lorsqu’on les badigeonne.


ALBUS : petite monnaie de Francfort-sur-le-Mein & de Cologne. Il vaut, dans cette dernière

  1. Système des Connaissances chimiques, tom. VIII, pag. 83.