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s’occupa long-temps des anomalies observées dans les affinités ; & bientôt il trouva, par des expériences ingénieuses & délicates, qu’elles dépendoient de plusieurs causes différentes que l’on négligeoit ordinairement ; & parmi ces causes, il distingua particulièrement, 1o. la masse des corps dont les affinités exercent leur action ; 2o. la force de cohésion des molécules ; 3o. la tendance à la cristallisation ; 4o. l’élasticité des substances simples ou composées ; 5o. la pression exercée sur les corps, 6o. le calorique introduit ; 7o. l’efflorescence. Réunissant toutes ces causes à l’affinité, il en résulte une combinaison d’action à laquelle il donna le nom d’action chimique.

Bien certainement les phénomènes chimiques doivent être considérés comme le produit de toutes les causes qui agissent sur les molécules des substances que l’on soumet à l’action chimique ; mais, dans ce nombre, n’existe-t-il que les causes que l’on vient d’énoncer ? Quelques chimistes prétendent qu’il doit en exister d’autres qui agissent également : telles sont la lumière, l’électricité, l’organisme & le magnétisme dans quelques circonstances.

Quel que soit donc le nombre des causes qui agissent dans les opérations chimiques, c’est aux résultats de toutes ces causes que l’on donne le nom d’action chimique ; mais pour bien expliquer ce qui se passe, & pour prévoir le résultat que l’on doit en obtenir, il faut absolument réunir toutes les causes qui concourent au résultat, & leur attribuer leur valeur proportionnelle. Si l’on néglige quelques-unes de ces causes, on annonce un résultat par défaut ; si l’on en ajoute, on annonce un résultat par excès : or, l’un & l’autre résultat annoncé s’éloigne toujours plus ou moins de la vérité.

Lorsque l’on n’admettoit, comme cause des effets chimiques, que le concours des seules affinités, la science paroissoit simple, facile à enseigner, & les expériences étoient aisées à expliquer ; mais combien d’erreurs on commettoit, lorsqu’on vouloit raisonner sur les phénomènes, & que l’on vouloit prévoir les résultats ! Aujourd’hui que l’on admet plusieurs causes concurrentes sous le nom d’action chimique, la science en est moins simple, l’enseignement plus difficile, & rarement les raisonnemens sont rigoureux, par la difficulté d’y admettre toutes les causes qui concourent dans chaque expérience, & de les y admettre avec leur valeur absolue.

On voit donc, d’après ces considérations, que, quelques progrès que la chimie ait faits dans ces derniers temps, quelques services que lui aient rendus les Lavoisier, les Berthollet & un grand nombre d’autres, nous serons encore long-temps avant de connoître les causes de tous ces phénomènes. Craignons seulement que des novateurs hardis ne nous écartent de la route dans laquelle des hommes de génie nous ont placés, & qu’ils ne nous jettent dans le vague des hypothèses, soit qu’ils nous les présentent sous des aspects séduisans, ou sous l’appareil spécieux d’un calcul difficile & exact.


ADERME ; adareme. Petit poids employé à Buenos-Ayres & en Espagne : 128 adermes font un marc de Castille, qui équivaut à 239,9 grammes, poids de France. Ainsi l’aderme vaut 199,9 centigrammes. Voyez GRAMME.


ADIPOCIRE, de Adipus, graisseux, & Cereus, de cire ; adipo-cirosa ; fettwachs ; subst. fém. Substance qui ressemble à la cire, & qui participe de la cire & de la graisse.

Quand l’adipocire contient de l’eau, elle a un tissu granuleux & elle est douce au toucher : pressée entre les doigts, il s’en sépare des grains, mais la chaleur de la main la rend flexible ; privée d’eau elle acquiert, après la fusion & un refroidissement lent, un tissu lamelleux, cristallin, semblable au spermacetti ; lorsqu’on la fait bouillir lentement, elle a un grain serré, & ressemble, dans son extérieur, à la cire ; elle n’est pas si dure que celle-ci, elle est plutôt molle & grasse.

Cette substance fond à une température plus basse que le spermacetti. Selon Bostock, l’adipocire fond à 33 degrés centigrades, & le spermacetti à 44. Suffisamment lavée & purifiée, la première est sans odeur, tandis que le second en a toujours une particulière.

L’adipocire se trouve dans la bile, dans l’ambre. Quelques calculs sont composés entièrement de cette substance ; elle se forme dans les matières animales enfouies dans la terre. On peut même convertir la chair de bœuf en adipocire, soit par un courant d’eau, soit par l’action des acides.

Dans la famille des adipocires, on classe ordinairement le spermacetti, qui en diffère à quelques égards, soit celui qui se trouve dans le creux de la tête de plusieurs cachalots, soit celui qui se précipite de l’huile de baleine ou d’autres poissons.

On fait d’excellent savon avec l’adipocire & le spermacetti. En Angleterre on en fait de bonnes chandelles. La difficulté d’enlever l’ammoniaque de l’adipocire artificiel, a empêché qu’on en ait fait des chandelles en France.


ADVENTICE (Matière), de ad & de venio ; advenire ; adventif. Matière qui n’appartient pas proprement à un corps, mais qui y est jointe furtivement. Voyez MATIÈRE ADVENTICE.


AEM, Am, Ame, Ahme, Aah : mesure pour les liquides, en usage en Allemagne, en Russie, en Suede & en Hollande. L’aem contient quatre ankers, deux steckans & trente-deux mingles. L’anker a différentes mesures dans les pays où l’on en fait aussi usage ; il contient de trente-trois à quarante-quatre pintes de Paris. Voyez ANKER.