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& l’on obtient un sulfate de baryte insoluble qui se précipite en poudre blanche, & l’acide iodique, mêlé d’acide sulfurique, reste en dissolution.

Si l’on verse de l’acide sulfureux sur le mélange ou la combinaison liquide d’acides sulfurique & iodique, ce dernier acide se décompose ; il cède son oxigène à l’acide sulfureux ; l’iode se précipite à l’état métallique, & l’acide sulfureux passe à l’état d’acide sulfurique : si l’on verse une grande quantité d’acide sulfureux, alors l’eau se décompose ; l’oxigène s’unit à l’acide sulfureux pour en former de l’acide sulfurique, & l’hydrogène s’unit à l’iode pour produire de l’acide hydriodique. Voyez IODE, ACIDE HYDRIODIQUE.

ACIDITÉ ; acor ; sauerlichkeit. Qualité aigre, piquante, qui distingue les acides.

C’est principalement à la saveur piquante des acides que l’on doit attribuer leur dénomination ; ear acidité vient d’acide, qui est dérivé du grec (αϰις), pointe, pointu, aigu.

Les principaux effets, produits par l’acidité, sont : 1o. d’exciter sur la langue un goût piquant ; 2o. de rougir la teinture de tournesol, l’infusion de violettes, & un grand nombre de teintures bleues & violettes végétales ; 3o. de restituer les couleurs altérées par les alcalis ; 4o. de se combiner facilement avec l’eau, & d’acquérir, par cette combinaison, une grande fixité ; 5o. d’avoir la faculté de se combiner avec un grand nombre de corps, & de perdre ainsi leur propriété, particulierement avec les alcalis & plusieurs terres dont ils détruisent l’action alcaline, & de donner naissance à de nouveaux composés qui n’ont ni acidité, ni alcalinité ; 6o. de former des huiles éthérées avec l’esprit de vin ; 7o. de précipiter les dissolutions alcalines par leur facile combinaison avec l’eau, & l’affinité qu’ils acquièrent, par cette combinaison, avec l’esprit de vin.

Depuis long-temps les opinions sont partagées sur la cause de l’acidité : les uns l’attribuent à la forme des molécules des corps ; les autres à la combinaison d’une substance particulière, qu’ils regardent comme le principe de l’acidité.

Nous devons à l’histoire de la science, observe Guyton, le précis des erreurs qui ont précédé les lumières que quelques génies ont répandues sur cette matière. Lorsque l’on commença à abandonner les quotités occultes, la plupart des chimistes regardèrent les acides comme des sels composés de petites parties pointues qui se faisoient sentir au goût, & les alcalis comme des sels vides qui fermentoient avec les acides. C’est ainsi qu’en parloit un médecin de Paris, nommé André, dans l’ouvrage qu’il publia en 1667, en réponse aux observations du célèbre Boyle. Homberg expliquoit de même l’effervescence des dissolutions, en supposant que la matière de la lumière poussoit les particules des acides dans les pores des alcalis : Sthal ne tarda pas à combattre le système de cette division purement mécanique, & surtout dans son Traité des sels ; Keil avoit mis sur la voie de la vérité dans ses théorèmes sur la loi de l’attraction : cependant Lemery n’abandonna pas cette doctrine ; elle avoit tellement saisi les esprits, que le célèbre médecin de Senac, qui eut la première idée de rapprocher Newton & Sthal, fit encore usage de l’analogie des pores pour rendre raison de l’action inégale des acides sur les différens corps. Quelques chimistes, comme Venel, aimèrent mieux revenir aux qualités sympathiques ou occultes que d’admettre ni l’explication mécanique des pointes, ni la dissolution par attraction : enfin, Maquer est le premier qui ait réellement fait servir les lois physiques à l’explication des phénomènes chimiques.

Paraclèse & plusieurs chimistes avoient admis un élément salin ou principe acide universel, qui communiquoit à tous ses composés la saveur & la dissolubilité : Becher alla un pas plus loin ; il jugea que, quoique l’acide dût être naturellement une substance des plus simples, il n’y avoit cependant aucune raison de le placer au nombre des élémens, & le supposa formé de l’union de l’eau & de la terre vitrifiable. Stahl regarda cette opinion comme démontrée par la distillation de l’acide sulfurique avec une huile essentielle : il enseigna que cet acide, le plus puissant de tous, & le plus abondamment répandu dans la nature, étoit en effet le principe salin universel.

Mayer a place le principe d’acidité dans une substance particulière, qu’il a nommée causticum, ou acidum pingue. Sage a d’abord regardé l’acide phosphorique comme l’acide primitif qui produit tous les autres par composition ; mais bientôt il changea d’opinion, & considéra l’acide phosphorique comme l’acide igné modifié par le mouvement organique dans les animaux, & l’acide igné devint alors son acide primitif. Wallerius soutient, dans son Traité de l’Origine du monde, que le principe salin résulte de l’union de l’eau avec la matière calorique. Buffon avoit regardé, dans le premier volume de ses Supplémens, la formation des acides par le feu & l’air fixe comme démontrée : Landriani a cru que l’acide méphitique étoit l’acide universel, parce qu’il a obtenu de l’acide méphitique en traitant plusieurs acides avec des matières inflammables. Enfin, Lavoisier fit voir, par une suite de belles expériences, que l’oxigène entroit dans la composition d’un grand nombre d’acides. Ces expériences parurent si concluantes, que la presque généralité des chimistes regarda l’oxigène comme le principe de l’acidité.

L’existence de l’oxigène n’a été prouvée que dans un certain nombre d’acides, tels que les acides acétique, arsenique, boracique, carbonique, chromique, citrique, gallique, malique, mellitique, nitreux, nitrique, oxalique, phosphoreux, phosphorique, sébacique, subérique,