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Personne n’a encore déterminé les proportions d’acide borique & d’acide fluorique qui constituent ce gaz.

ACIDE HYDRO-CHLORIQUE ; acidum hydrochloricum ; hydrochlorische sauer. C’est l’acide muriatique du commerce. Voyez ACIDE MURIATIQUE.

Nous ne parlons ici de cet acide, que parce que l’opinion que l’on a aujourd’hui sur sa composition diffère de celle que l’on en avoit il y a quelques années.

Jusqu’à présent on avoit regardé l’acide muriatique comme le résultat de la combinaison d’une base inconnue avec l’oxigène, quoique toutes les tentatives employées pour déterminer la nature de cette base eussent été infructueuses.

Aussitôt que Gay-Lussac & Thenard eurent fait voir la possibilité de considérer l’acide muriatique oxigéné comme une substance simple, & l’acide muriatique comme une combinaison d’acide muriatique oxigéné & d’hydrogène, Davy s’empressa d’adopter cette opinon, & donna à l’acide muriatique oxigéné le nom de chlorin, ou plutôt chlore, à cause de sa couleur jaune, & celui d’acide hydrochlorique à l’acide marin.

Il est vrai que tous les phénomènes produits par les acides muriatique & muriatique oxigéné peuvent également s’expliquer, dans la supposition que l’acide muriatique oxigéné soit composé d’acide muriatique & d’oxigène ; que dans l’hypothèse que l’acide muriatique soit un composé d’acide muriatique oxigéné & d’hydrogène : ainsi, comme il n’existe encore aucun fait qui puisse exclure l’une ou l’autre des deux explications, il est assez indifférent que l’on nomme cette substance acide muriatique ou acide hydro-chlorique.

Tant que l’on n’a connu qu’une seule base, le soufre, qui fut susceptible de produire deux acides differens, l’un avec l’oxigène, l’acide sulfurique, l’autre avec l’hydrogène, l’hydrogène sulfuré, on étoit tenté de tenir à l’ancienne opinion, c’est-à-dire, de considérer l’acide muriatique comme le produit de la combinaison d’une base simple avec l’oxigène ; mais depuis que l’on s’est assuré qu’une seconde substance, l’iode, jouit de la même propriété, plusieurs chimistes ont adopté l’opinion de Davy, & ont regardé l’acide muriatique comme étant un acide hydro-chlorique. Voyez CHLORE.

ACIDE HYDRIODIQUE ; acidum hydriodicum ; hydriodische sauere. Combinaison de l’iode avec l’hydrogène.

Cet acide est toujours à l’état de gaz[1]. Ce gaz est sans couleur, très-odorant, très-sapide ; il éteint les corps en combustion & rougit la teinture de tournesol.

Il est absorbé rapidement par l’eau ; aussi répand-il des fumées dans l’air comme le gaz muriatique, en s’emparant de la vapeur aqueuse qu’il y rencontre. Mis en contact avec le gaz muriatique oxigéné, il est tout-à-fait décomposé ; il cède son hydrogène à ce gaz acide qui passe à l’état d’acide muriatique, & l’iode apparoît sous forme de belles vapeurs violettes qui se précipitent peu à peu. Le potassium, le zinc, le fer, le mercure & beaucoup d’autres métaux en opèrent aussi la décomposition, même à la température ordinaire : l’iode se combine avec ces métaux, & l’hydrogène se dégage. Un volume de ce gaz donne un demi-volume de gaz hydrogène.

Pour obtenir ce gaz acide, on introduit dans une petite cornue de verre, du phosphore & de l’iode humide ; on chauffe peu à peu ce mélange : il se produit beaucoup de gaz acide hydriodique, que l’on recueille dans une vessie pleine d’air. On opère de la même manière que s’il s’agissoit de remplir un flacon de gaz muriatique oxigéné.

Si l’on veut se procurer de l’acide hydriodique liquide, il faut, au lieu d’humecter seulement le phosphore & l’iode, les recouvrir d’eau, faire l’opération dans une cornue, & recevoir le produit dans un ballon. Le phospore doit être avec excès, sans cela il en résulteroit de l’acide hydriodique qui contiendroit de l’iode en dissolution, & qui, par cette raison, seroit coloré. Si l’on vouloit obtenir cet acide très-concentré, il faudroit faire passer, à travers ce produit, un excès de gaz acide hydriodique.

L’acide hydriodique liquide est très-dense, très-acide, peu volatil. Soumis à l’action de la pile galvanique, il est promptement décomposé : l’iode se porte vers le pôle positif, & l’hydrogène vers le pôle négatif.

Quoique les phénomènes que présentent l’iode, l’acide hydriodique & l’acide iodique, puissent, comme ceux des acides muriatique, muriatique oxigéné, muriatique suroxigéné, être expliqués de deux manières, soit en considérant l’iode comme un corps simple, soit en le considérant comme un acide oxigéné, on est conduit à adopter la première hypothèse, d’après les résultats particuliers que présente la pile galvanique, par la décomposition qu’elle fait de l’acide hydriodique en hydrogène & en iode. Voyez IODE, ACIDE IODIQUE.

ACIDE IODIQUE ; acidum iodicum ; iod sauere. Combinaison de l’iode avec l’oxigène.

L’acide iodique n’ayant pas encore été obtenu à l’état de pureté, & étant toujours mêlé à l’acide sulfurique, il est difficile de le décrire exactement.

En dissolvant l’iode dans une dissolution de baryte concentré, il se produit deux sels ; l’un est de l’hydriodate de baryte soluble, l’autre de l’iodate de baryte insoluble : lavant ce dernier sel avec de l’acide sulfurique foible, l’exposant à une foible chaleur, l’iodate de baryte se décompose,

  1. Chimie de Thenard, tom. II, pag. 741