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0,667, mais cet acide étoit en poudre légère & extrêmement divisée.

L’acide benzoïque se volatilise avant d’être décomposé par le calorique ; volatilisé, il répand une odeur forte qui excite la toux. Lorsqu’on le met sur des charbons ardens, il s’élève en vapeur blanche qui s’enflamme à l’approche d’une bougie. En le chaussant dans une cuiller d’argent, ou au chalumeau, il fond, devient liquide & s’évapore. Quand on le laisse refroidir, après la fusion, il se durcit, & il se forme à sa surface une pellicule rayonnée : distillé dans des vaisseaux clos, la plus grande partie se sublime sans être altérée : une petite quantité se décompose, & est presqu’entièrement convertie en huile ou en gaz hydrogène carboné.

Cet acide n’est pas altéré par son exposition à l’air ; il est peu soluble dans l’eau froide. D’après Wenzel & Lichtenstein, 480 parties d’eau bouillante dissolvent 20 parties d’acide, & 19 se précipitent, par le refroidissement, en longs cristaux sous la forme de plume. L’alcool dissout à froid cet acide ; il se précipite en partie lorsqu’on y ajoute de l’eau. Si l’on évapore l’alcool, ou qu’on le brûle, l’acide benzoïque reste, à l’exception d’une partie qui brûle avec étincelle.

Pris intérieurement, il détermine d’abord sur la langue & sur les organes de la déglutination, un sentiment de picotement & de chaleur ; il augmente l’appétit, la chaleur générale, favorise la transpiration cutanée & la sécrétion muqueuse des bronches.

On emploie ce médicament à la dose de six à dix-huit grains, particulièrement pour exciter l’organe pulmonaire dans la troisième période du catarre aigu, & dans le catarre chronique ; on s’en sert moins aujourd’hui qu’autrefois.

Parmi les procédés que l’on emploie pour retirer l’acide benzoïque, le plus simple consiste à mettre du benjoin dans un vase vernissé, à chauffer ce vase sur un bain de sable, & à le couvrir d’un cône de papier. L’acide benzoïque se sublime & s’attache aux parois du cône, qu’on enlève alors pour lui en substituer un autre, & ainsi successivement.

À cette méthode ennuyeuse, difficile, & qui ne donne qu’une petite quantité d’acide, Neuman, Scheele, Gœttling, Trommsdorf, Suersen, &c., en ont substitué d’autres plus promptes & plus productives : celle que l’on indique dans l’Annuaire de Pharmacie de Berlin, pour 1806, paroît la meilleure.

On met en ébullition, pendant une heure, 4 onces de benjoin concassé, & 3 gros de carbonate de potasse, ou une même quantité de carbonate de soude, avec une suffisante quantité d’eau ; on fait bouillir de nouveau le résidu, après l’avoir broyé, & l’on répète trois fois cette opération. Après le refroidissement, on ajoute à la liqueur de l’acide sulfurique, & l’on obtient 5 gros d’acide benzoïque sans résine.

Fourcroy & Vauquelin ont retiré de l’acide benzoïque de l’urine de cheval & des bêtes à cornes. À cet effet ils ont fait évaporer de l’urine à un très-petit volume, & y ont ajouté de l’acide muriatique concentré ; l’acide benzoïque s’est précipité sous forme pulvérulente, blanche, cristalline ; ils ont lavé le précipité pour enlever les impuretés.

Dans l’urine, cet acide est uni à la soude, & c’est pour décomposer ce sel qu’ils ajoutent de l’acide muriatique.

Il n’a pas été possible, jusqu’à présent, de décomposer exactement de l’acide benzoïque seul. On ne peut pas connoître parfaitement ses composans ; on sait seulement qu’on peut en retirer, par le feu, de l’huile & du gaz hydrogène carboné.

Avant que l’on eût reconnu qu’un acide pouvoit exister sans oxigène, on etoit porté à regarder l’acide benzoïque comme le composé d’une base particulière unie avec le principe acidifiant ; mais comme rien n’indique aujourd’hui son existence, & que l’on y trouve bien sûrement de l’hydrogène, on est presque tenté de supposer que cet acide, qui est tout formé dans le benjoin & dans les substances d’où on le retire, peut être acidifié par l’hydrogène.

ACIDE CHLORIQUE, de χλωρος, vert, acidum chloricum ; clorische sauer. Ce nom lui a été donné, parce que cet acide a une couleur vert-jaunâtre. C’est la substance connue sous le nom d’acide muriatique suroxigéné.

Scheele découvrit, en 1774, une substance gazeuse en dissolvant du manganèse avec de l’acide muriatique ; il lui donna le nom d’acide muriatique déphlogistiqué, & les chimistes français la nommèrent acide muriatique oxigéné, parce qu’ils la considéroient comme une combinaison de l’acide muriatique avec l’oxigène.

Thenard, Gay-Lussac & Davy, ayant reconnu que cette substance ne jouissoit pas des propriétés ordinaires des acides, la regardèrent comme un corps simple, susceptible de produire deux acides différens, en le combinant avec l’hydrogène ou avec l’oxigène. Voyez, pour le premier, ACIDE HYDROCHLORIQUE, & pour sa base, le mot CHLORE.

Cet acide[1] est toujours à l’état de gaz ; sa couleur est le vert jaune très-foncé ; son odeur participe de celle du sucre brûlé & de celle du chlore, ou gaz acide muriatique oxigéné ; sa pesanteur spécifique est de 2,41744. Ce gaz rougit dabord les couleurs bleues, & les détruit ensuite.

Exposé à une douce chaleur, l’acide chlorique se décompose tout-à-coup ; la chaleur de la main est souvent suffisante ; aussi, quand on transvase ce gaz d’une cloche dans une autre, en opère-t-on quelquefois la décomposition. En détonant, il se dégage du calorique & de la lumière. Le gaz

  1. Chimie de Thenard, tom. I, pag. 592.