Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T2.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Enfin, le quatrième mode d’acétification est une espèce de fermentation particulière qui a lieu dans plusieurs matières étrangères à la nature des liqueurs vineuses, & qui a quelques rapports avec la décomposition putride : c’est celle que l’on observe dans les liqueurs animales abandonnées à elles-mêmes, & surtout dans les urines.

Chacun de ces modes d’acétification produit des acides acéteux qui ont un caractère spécifique propre à faire reconnoître & à indiquer la source d’où il a pris naissance.

Ainsi, 1o. l’acide acéteux par le feu est empyteumatique ; il tient en dissolution une huile âcre, qui lui donne une odeur, une couleur & une saveur particulières.

2o. L’acide acéteux factice, & produit par l’action des acides, est caractérisé par la présence de l’acide malique ou de l’acide oxalique formé en même temps que lui, par la foiblesse qu’il a en raison de l’eau, qui est aussi formée avec les trois acides précédens.

3o. L’acide acéteux provenant du vin, contient du tartre, de l’alcool & une matière colorante, qui le caractérisent en particulier. C’est, comme on l’a dit, un acide spiritueux.

4o. Enfin, l’acide acéteux produit par la fermentation putride est toujours uni, en tout ou en partie, à de l’ammoniaque qui naît comme lui de ce mouvement septique.

Mais quelles que soient les matières ou les composés nouveaux unis à l’acide acéteux, formé dans l’une ou l’autre des quatre circonstances indiquées, cet acide, que l’on peut séparer plus ou moins facilement de chacune de ces substances, est toujours le même, toujours semblable à celui qui est retiré du vin aigri à l’aide de la distillation.

Il doit donc être reconnu aujourd’hui que l’acide acéteux n’est pas le produit unique de la fermentation du vin, & que sa production, extrêmement fréquente, est un des phénomènes les plus constans de l’analyse végétale & animale. Voyez VINAIGRE.


ACHTELING : mesure de liqueurs dont on se sert en Allemagne ; il faut trente-deux achtelings pour faire un heemer. Quatre schiltères font un achteling. L’heemer ou eimer a lui-même plusieurs valeurs. Voyez HEEMER, EIMER.


ACHTENDEELEN : mesure de grains dont on se sert en quelques endroits de la Hollande. Deux hoeds de Gormiheng font cinq achtendeelens.


ACIDE AMNIQUE ; acidum amnium ; amnische sœure. Acide provenant de la liqueur de l’amnios de la vache.

On doit à Vauquelin & à Boniva[1] la découverte de cet acide : ils l’ont obtenu en faisant évaporer lentement la liqueur de l’amnios de la vache. Lorsque cette liqueur est réduite à un quart de son volume, on voit des cristaux blancs & brillans qui s’en séparent par le refroidissement. Si l’on dissout ces cristaux dans l’alcool, & qu’on fasse évaporer le dissolvant, on obtient un acide très-pur.

Les cristaux ainsi obtenus ont une saveur acide foible ; ils rougissent la teinture de tournesol ; ils sont peu solubles dans l’eau froide, & beaucoup dans l’eau bouillante, d’où ils se séparent, pendant le refroidissement, sous forme d’aiguilles à plusieurs centimètres de longueur.

Cet acide se combine aisément avec les alcalis caustiques, qui le rendent très-soluble dans l’eau : les autres acides le séparent de sa combinaison solide sous la forme de petits cristaux blancs pulvérulens.

Il ne décompose point, à froid, les carbonates alcalins, mais la décomposition s’obtient par la chaleur.

Il ne produit point de changement dans la dissolution aqueuse des terres alcalines ; il n’altère pas davantage les nitrates d’argent, de plomb & de mercure.

Cet acide, exposé au feu, se boursouffle & exhale une odeur d’ammoniaque sensiblement mêlée d’acide prussique ; il laisse un charbon volumineux.

La petite quantité de cet acide, qu’ils ont pu se procurer jusqu’à présent, n’a pas permis à Vauquelin, à Boniva, de le soumettre à un plus grand nombre d’expériences, ni de déterminer la nature & la proportion des élémens qui le composent ; cependant les caractères qui viennent d’être exposés ont suffi pour les convaincre qu’il étoit d’une nature particulière & ne ressembloit à aucun autre.

Il sembleroit d’abord avoir quelqu’analogie avec les acides sachlactique & urique ; mais on s’aperçoit bientôt que ces rapports ne sont qu’extérieurs, & n’existent point dans la nature intime de ces acides. En effet, l’acide sachlactique ne fournit point d’ammoniaque par la distillation : l’acide urique donne, à la vérité, de l’ammoniaque & de l’acide prussique au feu ; mais il n’est point aussi soluble dans l’eau chaude, ne cristallise point en longues aiguilles blanches & brillantes, & surtout ne se dissout point dans l’alcool bouillant, comme celui de l’amnios.


ACIDE ARSENIQUE ; acidum arsenicum ; arsenik sœure : Combinaison de l’arsenic avec l’oxigène.

L’acide arsenique est blanc, en masse compacte, presque sans saveur, quoiqu’il soit très-caustique ; sa pesanteur spécifique est de 3,391 ; il rougit la teinture de tournesol ; il est très-fixe au feu, beaucoup plus que l’oxide blanc. À une haute température, il se fond en un verre transparent qui attaque fortement les vaisseaux. Ce verre attire puissamment l’humidité de l’air. Si l’on chauffe

  1. Annales de Chimie, tom. XXX, pag. 279.