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cette batterie, M. Vanmarum a fondu 15 pieds d’un fil de fer qui a de pouce de diamètre, & 25 pieds de celui de pouce de diamètre.

Cette batterie a été de beaucoup augmentée en 1790, puiſqu’elle a actuellement cinq cent cinquante pieds quarrés de ſurface garnie. On s’en eſt ſervi pour faire des expériences ſur quelques eſpèces d’animaux, afin de connoître par ce moyen la cause de la mort des hommes ou des animaux frappés par la foudre. Nous les ferons connoître à l’article, Électricité, conſidérée relativement aux animaux & à leur irritabilité.

BAU


BAUDRUCHE. L’uſage qu’on a fait de la baudruche pour en former de petits ballons aéroſtatiques pleins de gaz inflammable, & qui s’élèvent dans l’air, dès qu’on les abandonne, exige que nous entrions, ici dans quelques détails ſur cette matière. La baudruche n’eſt autre choſe que la pellicule intérieure, dont le gros boyau du bœuf eſt tapiſſé. On détache d’abord cette légère enveloppe, qui vient d’abord pleine d’inégalités & couverte de graiſſe : ces inégalités & cette graiſſe s’enlèvent en paſſant légèrement le tranchant moufſe d’un couteau ſur la ſurface de la baudruche. Pour cet effet on l’applique toute fraîche ſur les montans verticaux d’une eſpèce de chevalet ; quand elle eſt bien égale & bien dégraiſſée, on l’humecte avec un peu d’eau, & l’on applique l’une sur l’autre deux peaux de baudruche humides ; l’humidité ſuffit pour les unir indiviſiblement. On leur donne enſuite deux préparations principales ; la première ſe fait en mettant chaque feuille de baudruche entre deux feuilles de papier, on en fait ainſi un tas de cinquante ou même plus, qu’on bat à grands coups d’un large marteau ; c’eſt ce qui s’appelle faire ſuer : l’effort du marteau fait ſortir la graiſſe qui peut y reſter, & dont le papier ſe charge à l’inſtant.

La ſeconde préparation qu’on appelle donner le fond, conſiſte à humecter la baudruche bien dégraiſſée avec une éponge imbibée d’une infuſion de canelle, de muſcade ou autres ingrédiens chauds & aromatiques, ce qui reſſerre les parties de la baudruche & la conſolide. Quand les feuilles ſont bien ſèches, on les étend l’une ſur l’autre pour les mettre en preſſe.

Pour former des ballons aéroſtatiques avec la baudruche, on en coupe les feuilles en fuſeau, ſelon un modèle qu’on a tracé, & qui eſt proportionné au diamètre du ballon qu’on ſe propoſe d’élever. On colle enſuite la marge qu’on a laiſſée à deſſein aux fuſeaux ; & lorſque la colle eſt ſèche on remplit le petit aéroſtat de gaz inflammable ; on bouche l’ouverture du petit tuyau qu’on a laiſſé au bas du ballon, & il s’élève dans l’air, dès qu’il eſt devenu libre. On trouvera les détails relatifs à cet objet aux articles Aérostat, Ballons aérostatiques. Il eſt à propos de paſſer un vernis ſur la baudruche, afin qu’elle conſerve plus long-temps le gaz inflammable qui s’évaporeroit par les pores de cette membrane.

La baudruche eſt employée dans pluſieurs arts ; elle eſt principalement en uſage chez les batteurs d’or qui, après avoir réduit l’or en lames très-minces, en le battant à coups de marteaux, placent chacune d’elles entre deux feuilles de baudruche, & continuent à employer la percuſſion redoublée du marteau pour réduire les feuilles d’or à un degré plus grand de ténuité, car trente milles de ces feuilles d’or miſes les unes ſur les autres, n’ont que la hauteur d’une ligne. Sans l’interpoſition de la baudruche, les feuilles d’or s’écrouiroient, ſe fendroient & ſe déchireroient, à force de les battre avec le marteau Voyez Ductilité & Divisibilité de la matière).

La baudruche ſert pour les coupures, comme le taffetas d’Angleterre ; ſon avantage conſiſte à préſerver la plaie du contact de l’air, & à préſerver des frottemens accidentels contre les lèvres de la plaie. On lui a donné le nom de peau divine ; mais le taffetas d’Angleterre le mérite avec autant de raiſon.

BEA


BÉATIFICATION ; expérience de la béatification électrique. Il y a environ ſoixante ans qu’on annonça qu’un profeſſeur de phyſique, à Wirtemberg, avoit trouvé le moyen, en électriſant une personne iſolée ſur un tabouret, de la faire paroître environnée d’une gloire étincelante, d’une couronne radieuſe. On prétendit que M. Boze, le premier auteur de cette expérience, en employant une forte électricité, étoit venu à bout de rendre reſplendiſſante la tête d’une perſonne quelconque iſolée, & de la faire reſſembler en quelque ſorte à celle des bienheureux dans le ciel, que les peintres nous repréſentent environnée de lumière.

Cette expérience étoit trop propre à exciter la curioſité pour qu’on ne tentât pas de divers côtés de la répéter : nulle part on ne put réuſſir, malgré les différentes tentatives qu’on fit. On eut beau avoir recours à l’électricité la plus forte, jamais on ne vit monter le feu électrique des pieds à la tête, & circonſcrire enſuite cette partie dans un cercle ou anneau de lumière.

On jetoit déjà des doutes ſur les récits qu’on avoit publié, lorſqu’on ſut que pour faire l’expérience de la béatification, il falloit environner la tête de la perſonne iſolée d’une couronne portant, dans tout ſon contour, plusieurs pointes un peu moufles : des aigrettes lumineuſes paroiſſent alors à l’extrémité de chacune de ces pointes, & la tête électrifée paroît entourée d’une auréole de gloire. Cette expérience étant fort ordinaire, ne