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la retourner en tous les ſens, s’il eſt permis de parler ainſi. Auſſi cette expérience fut-elle variée de toutes les manières poſſibles ; les modernes mêmes ont continué de lui donner différentes formes : de là, la diviſion du baromètre en ſimple & en compoſée.

Du baromètre ſimple. Le baromètre ſimple ne diffère pas du tube de Toricelli, & il n’eſt compoſé que d’un tube de verre d’environ 30 ou 32 pouces de hauteur, fermé hermétiquement par un bout, rempli de mercure, retourné enſuite en mettant le doigt ſur l’ouverture inférieure, & plongé dans une cuvette pleine de mercure, le tout fixé ſur une tablette verticale, comme on l’a repréſenté dans la figure 160. On diviſe en lignes l’intervalle de 27 à 29 pouces & demi ; mais ſi le baromètre ſimple doit ſervir à meſurer des hauteurs, on peut diviſer en lignes quelques pouces au-deſſous de 27. Lorſqu’on a ôté le doigt de l’ouverture inférieure du tube plongé dans le mercure de la cuvette, le mercure reſte ſuſpendu à environ 28 pouces de hauteur au-deſſus de la ligne E F qui marque le niveau d’où on commence à compter la diviſion en pouces ; le point zéro étant en bas, & les chiffres 27, 28 & 29 pouces en haut.

Pluſieurs conditions ſont requiſes pour faire un excellent baromètre ; 1o. on doit employer des tubes neufs, scellés hermétiquement par leurs deux bouts à la verrerie : la raiſon de cette précaution eſt que des tubes ouverts ſe rempliſſent d’humidité, de pouſſière, &c., qu’il eſt preſque impoſſible d’enlever à cauſe de la petiteſſe des diamètres de ces tubes. Il faut encore remarquer que les tubes scellés à la verrerie contiennent encore de la pouſſière des cendres des verreries, & de l’humidité apportée par l’air, à meſure que les tubes ſe refroidiſſant l’air extérieur y rentre.

2o. Lorſqu’on les ouvrira enſuite avec une lime, il ne faut point y ſouffler dedans ni les laver, même avec l’eſprit-de vin ; l’expérience ayant prouvé que dans ces cas, la colonne de mercure s’y tient plus bas de pluſieurs lignes. On peut nettoyer avec un morceau de linge bien fin, attaché avec deux fils, l’intérieur des tubes de baromètre en tirant alternativement vers les deux bouts le morceau de linge.

3o. On doit choiſir des tubes bien calibrés, c’eſt-à dire, qui aient par-tout un égal diamètre. Or, pour connoître ſi un tube eſt bien calibré, on emploie un moyen très-ſimple, celui de faire parcourir dans son intérieur d’un bout à l’autre une petite colonne de mercure dont on a meſuré la longueur en la comprenant entre les deux pointes d’un compas. Si, à meſure que cette petite colonne ſe meut d’une extrémité à l’autre du tube, l’ouverture du compas qu’on préſente lui eſt toujours égale, c’eſt une preuve que partout des portions égales du tube ont une même capacité ; car ſi l’une étoit plus large ou plus étroite, la colonne de mercure ſeroit plus courte ou plus longue. Les tubes qui ne ſeront pas bien calibrés ſeront rejettés.

4o. Les tubes ne doivent pas avoir un diamètre moindre de deux lignes, ou deux lignes & demie ; s’ils étoient plus étroits, il y auroit trop de frottement intérieur, & la colonne de mercure ne s’y mouvroit pas avec aſſez de liberté dans les premiers inſtans où le temps change. Il en ſeroit de même s’il y avoit des inégalités & des aſpérités intérieures, quand même il y auroit des parties ſaillantes & d’autres rentrantes, qui, ſe correſpondant, formeroient une compenſation, & rendroient les capacités égales.

5o. Les tubes doivent avoir une longueur d’environ 32 pouces ; s’ils étoient ſeulement de 28 pouces & quelques lignes, comme on en voit, ils ne pourroient pas servir étant tranſportés dans des caves, des mines & d’autres lieux profonds.

Le verre de ces tubes ne doit pas être trop épais, car il ſeroit ſujet à ſe briſſer, lorſqu’on feroit bouillir le mercure, le verre épais ne pouvant ſe dilater également dans toutes ſes dimenſions, lorſqu’on l’échauffe. L’épaiſſeur du verre des tubes ne doit pas être de plus de demi-ligne.

6o. On aura ſoin de ſceller hermétiquement une des extrémités de ces tubes qu’on deſtine à former des baromètres, ce ſera celle qui ſera placée en haut.

7o. On choiſira du bon mercure pour remplir ces tubes ; le meilleur eſt ſans contredit le mercure révivifié récemment de cinabre (Voyez Mercure, Thermomètre). Le mercure ordinaire qu’on vend dans le commerce eſt toujours mêlé avec de l’étain ; or, le mixte qui en réſulte n’ayant pas la même peſanteur ſpécifique que le mercure, ſa hauteur dans le tube du baromètre ne doit pas être la même. Auſſi l’expérience a-t-elle prouvé que ſi le mercure d’un baromètre eſt plus pur que celui d’un autre baromètre, le premier ſe ſoutient plus bas, parce qu’étant plus pur, il eſt plus peſant ; & que les hauteurs des colonnes de liqueurs hétérogènes ſont en raiſon inverſe de leur gravité ſpécifique.

On a propoſé divers moyens de s’aſſurer de la pureté du mercure, mais la plupart ſont défectueux, tel eſt celui de faire couler du mercure ſur une aſſiette de fayance, & de le regarder comme pur, s’il n’y laiſſe point de tache. Mais ce moyen eſt bien inſuffiſant, puiſque du mercure allié avec un peu de mélange de biſmuth, d’étain & de plomb, ne forme aucune tache : faire paſſer du mercure à travers une peau de chamois, n’eſt pas un moyen de le purifier, ni de reconnoître s’il