Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
AIG

formeront le même aggrégé qu’auparavant, avec les mêmes propriétés. Il en ſera de même des autres ſubſtances, ſoit fluides, ſoit ſolides.

AGRIPPA (Henri-Corneille). Ce ſavant compoſa un traité de la philoſophie occulte, ce qui le fit accuſer d’être ſorcier par des gens qui ſans doute ne l’étoient pas. Dans cet ouvrage, comme dans pluſieurs autres du même genre, publiés par quelques auteurs des ſiècles paſſés, on voit quelques connoiſſances relatives à la phyſique, mais un plus grand nombre de choſes fauſſes & impoſſibles à exécuter. Pluſieurs curieux gardent avec ſoin ces ſortes d’ouvrages, & croient y trouver une infinité de ſecrets ; mais ils ſont enſuite bien étonnés, lorſqu’en voulant en éprouver quelques-uns, ils s’apperçoivent que les procédés décrits n’ont aucun ſuccès. Ces réflexions doivent être appliquées à des ouvrages d’Albert le grand. Quoi qu’il en ſoit de ces réflexions, nous dirons qu’Agrippa naquit à Cologne en 1416 ; qu’il ſervit dans les armées ; qu’il ſe partagea enſuite entre le droit & la médecine ; que ſa plume hardie lui ſuſcita des querelles en divers endroits ; ce qui le força preſque à être vagabond en Allemagne, en Suiſſe & en Angleterre ; malgré ſon eſprit & ſon caractère, il fut malheureux, préciſément par l’abus qu’il en fit. Auſſi, fit-il des efforts pour prouver que les ſciences ſont nuiſibles aux hommes ; comme Rouſſeau l’a fait de nos jours, avec bien plus d’éloquence. Agrippa mourut en 1535, dans l’hôpital de Grenoble.

AGI

[AGITATION, ſignifie le ſecouement, le cahotage ou la vacillation d’un corps en différens ſens. Voyez Mouvement. Les phyſiciens appliquent quelquefois ce mot à l’eſpèce de tremblement de terre qu’ils appellent tremor & arietatio. Voyez Tremblement de terre. On emploie principalement ce mot pour ſignifier l’ébranlement inteſtin des parties d’un corps naturel. Ainſi, on dit que le feu agite les plus ſubtiles parties des corps. Voyez Feu. La fermentation & l’efferveſcence ne ſe font pas ſans une vive agitation des particules du corps fermentant.]

AIG

AIGLE. C’eſt une des 48 conſtellations formée par Ptolomée dans l’hémiſphère céleſte ſeptentrional ; elle eſt au-deſſous de la flèche, & au-deſſus d’Antinoüs, entre le ſerpentaire & le dauphin ; & ſa plus grande partie ſe trouve dans la voie lactée. On voit dans la conſtellation de l’aigle une étoile de la ſeconde grandeur qui eſt aſſez brillante, & qu’on a nommée la luiſante de l’aigle.

AIGLON ÉLECTRIQUE, Voyez Cerf-volant électrique.

AIGRE. Ce mot eſt conſacré pour exprimer un goût piquant avec aſtringence ; on l’obſerve dans les fruits qui ne ſont pas mûrs ; l’impreſſion qu’ils font alors vient, ſelon le ſentiment le plus ordinaire, de la grande quantité de ſels acides qu’ils contiennent dans cet état. On dit aigre-doux, des ſaveurs mêlées de doux & d’aigre qu’excitent certains alimens.

AIGRETTES ÉLECTRIQUES. On a donné le nom d’aigrettes électriques à cet aſſemblage de rayons de lumière divergens qui s’échappent ordinairement des pointes des angles & des aſpérités d’un conducteur électriſé. Si on conſidère de près & attentivement les aigrettes électriques, on obſervera qu’elles ſont compoſées de pluſieurs filets réunis au point de départ, mais qui divergent enſuite d’autant plus qu’ils en ſont plus éloignés : chaque filet paroît compoſé d’une ſuite de globules de feu. Le faiſceau de rayons de fluide électrique qui forme ainſi l’aigrette, eſt très-épanoui par le bout le plus éloigné du conducteur, s’il n’y a aucun corps dans les environs ; mais ſi on en approche ſur-tout un corps anélectrique, par exemple, le doigt ; on voit auſſi-tôt tous les filets divergens ſe plier vers lui pour y entrer & reſter enſuite conſtamment au même endroit, à moins qu’on ne faſſe mouvoir le doigt, car dans ce cas, l’aigrette le ſuivra. Ces effets ne ſont point auſſi marqués ſi on préſente à l’aigrette un corps idio-électrique. C’eſt principalement dans l’obſcurité qu’on diſtingue parfaitement la forme & la compoſition des aigrettes électriques. Pour les rendre encore plus diſtinctes, il faut placer ſur le conducteur non des pointes, bien aiguës, mais des pointes un peu obtuſes ; elles ſont alors plus grandes. Ordinairement, à l’extrémité des conducteurs électriques, on ménage un petit trou dans lequel on met à volonté une petite tige de cuivre, dont une extrémité eſt terminée en pointe, & l’autre en vis, & c’eſt par celle-ci que la tige entre dans le petit trou dont nous avons parlé & qui a des vis correſpondantes. Voyez les figures 6, 7.

Les aigrettes électriques ſortant toujours des angles des pointes & des aſpérités qui ſont ſur la ſurface d’un conducteur électriſé, il eſt néceſſaire de ſouder parfaitement toutes les pièces qui le compoſent, de leur donner un grand poli, afin d’éviter la diſſipation de fluide électrique que les pointes occaſionnent ; car les aigrettes électriques ne ſont autre choſe qu’une portion du fluide électrique ſurabondant dans le conducteur, & qui tend continuellement à s’échapper dans tous les corps environnans, ſelon les loix de l’équilibre des fluides ; auſſi obſerve-t-on qu’un conducteur qui n’eſt pas bien poli, qui a pluſieurs aſpérités, & qui donne habituellement des aigrettes électriques, fournit des étincelles bien moins vives que celui dont la ſurface a un grand dégré de poli ; ſon atmoſphère ne s’étend pas non plus à une diſtance auſſi grande que celle du dernier. Les pointes & les aſpérités ſont donc une ſource conſtante de diſſipation de fluide électrique qu’il faut éviter avec ſoin.