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ABS-ACA

tions, ou même celle des ſimples applications de remèdes extérieurs ; comment la gale, la peſte, les différens virus varioliques, &c. peuvent ſe communiquer par le ſeul contact ; comment l’action des bains peut être utile en faiſant paſſer dans le ſang un certain nombre, de particules d’eau, propres à le rendre plus fluide & à en tempérer l’ardeur, effet bien démontré par l’utilité conſtante des bains, & par l’augmentation de poids qui a lieu après un ſéjour notable dans l’eau. Voyez l’article Bain.

Les végétaux, ainſi que les animaux, ayant des vaiſſeaux abſorbans & exhalans ; la ſuperficie de ces êtres organiſés étant également couverte d’un nombre conſidérable de pores, on ne doit point être ſurpris que les plantes tranſpirent beaucoup, que les arroſemens ſur les feuilles ne leur rende de la vigueur après une ſéchereſſe, que les feuilles pompent habituellement l’humidité répandue dans l’air, &c.

Les plantes pompent & abſorbent encore l’air même, & les différentes eſpèces de gaz contenus dans la maſſe de l’atmoſphère ; elles abſorbent le gaz fixe (gaz acide & carbonique) ; elles exhalent & verſent dans l’air, qui les environne, le gaz vital, (gaz oxigène) & purifient ainſi continuellement de cette double manière l’atmoſphère, que tant de cauſes contribuent à altérer journellement.

En médecine & en chymie, on ſe ſert encore du mot abſorbant ; mais c’eſt dans les dictionnaires qui traitent de ces deux ſciences, qu’il faut chercher ces différentes acceptions. Les abſorbans ſont des remèdes propres à ſe charger des humeurs ſurabondantes de l’eſtomac ou des inteſtins : les coquillages pilés, les yeux d’écreviſſe, les os calcinés, la craie & les autres terres calcaires, ſont regardées comme des abſorbans. Ces matières abſorbantes & alkalines, en s’uniſſant avec les acides, font efferveſcence avec eux ; alors le gaz fixe qu’elles contenoient, s’en dégagent.

Lorſqu’il s’agit des couleurs, on dit que les corps noirs abſorbent tous les rayons de la lumière ; voyez Couleurs.

ABSORPTION de l’air par le charbon. Voyez Charbon.

ABSTRACTION, c’eſt une opération par laquelle on ſépare, par la penſée, une qualité ou propriété du ſujet auquel elle appartient néceſſairement, ou des autres qualités qui ſont également eſſentielles. Lorſque dans un corps, on conſidère, par exemple, ſon impénétrabilité ſeule, on fait alors une abſtraction, une décompoſition de ce corps, une ſéparation de ſes différentes qualités, pour n’en conſidérer qu’une, l’examiner en elle-même. On peut combiner les propriétés des corps deux à deux, par exemple ; trois à trois, quatre à quatre, & ainſi de ſuite, en faiſant abſtraction des autres, & examiner les effets qui en peuvent réſulter. Cette méthode de conſidérer ainſi un ou pluſieurs objets, eſt très-utile, & peut beaucoup contribuer à la perfection des ſciences. Ce mot eſt très-uſité en métaphyſique ; voyez le dictionnaire qui a rapport à cette ſcience.

A B Y

ABYME ; ce mot qui tire ſon origine du grec, ſignifie ſans fond ; on le donne ordinairement en phyſique & en géographie à une vaſte cavité, dont on ne peut meſurer la profondeur, quoiqu’elle ait réellement un fond ; ſoit qu’elle ſoit ou ne ſoit pas remplie d’eau. On confond aſſez ordinairement le goufre avec l’abyme ; l’idée que préſente ce dernier terme, eſt cependant plus impoſante. L’écriture parle du grand abyme où toutes les eaux furent d’abord raſſemblées.

Les géographes parlent de pluſieurs goufres ſur mer, où les vaiſſeaux ſont entraînés par l’effet d’une eſpèce de mouvement circulaire, ou plûtôt en ſpirale, par lequel étant pouſſés au centre de la circulation, ils ſont engloutis. Il y a d’autres eſpèces de goufres ou abymes ſur terre, produits par des éboulemens conſidérables de terres. On en voit, en pluſieurs endroits, qui ſont plus ou moins conſidérables. Leur deſcription appartient à l’hydrographie & à la géographie ; & leurs cauſes dépendent des affaiſſemens ſouterrains &, en quelques endroits, des courans & de la diſpoſition des rochers, &c.

A C A

ACADÉMIES. C’eſt aux académies des ſciences, établies dans l’Europe ſavante, qu’on doit les progrès ſûrs & rapides que les ſciences phyſiques & mathématiques ont faits ; & il ne ſera pas hors de propos de conſacrer ici un article à cet objet.

Socrate, & Platon, ſon diſciple, ont été les premiers fondateurs de l’ancienne académie ; mais leur doctrine étoit peu propre à reculer les bornes des ſciences, puiſqu’ils ſoutenoient, comme dogme principal, que nos connoiſſances étoient incertaines, & que la vérité étoit inacceſſible à notre intelligence. Les ſucceſſeurs de ces philoſophes ont été Arceſilas, Laeyde, Evandre, Hegeſine, Carneade, Clitomaque, Philon & Antiochus.

Platon tint d’abord ſes aſſemblées dans un jardin ſitué dans le Céramique, un des faubourgs d’Athènes. Ce jardin & la maiſon d’où il dépendoit, fut nommé académie, du nom du citoyen Academus qui en étoit poſſeſſeur ; dans la ſuite, il fut embelli & décoré avec magnificence.

L’académie des ſciences de Paris fut établie en 1666, par les ſoins de Colbert : elle fut d’abord compoſée de Meſſieurs Carcavy, Huyghent, Roberval, Frenicle, Auzout, Picard, Buol, Lachambre, Perrault, Duclos, Bourdelin, Pecquet, Gayen, Marchand & Duhamel. Elle publia pluſieurs mémoires, dont la collection eſt connue ſous le nom d’anciens mémoires de l’académie. Ayant pris une nouvelle forme en 1699, elle a publié, chaque année, depuis cette époque, un volume de mémoires ſur diverſes parties des ſciences ; il y en a quelques-uns ſur la phyſique. Les ſecrétaires perpétuels de l’académie ont été, après Duhamel, MM. de Fontenelle, de Mairan, Fouchi, & Condorcet.