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ANE

regardés comme non anélectriques & les métaux ; les métaux ſont donc des corps anélectriques.

ANÉMOMÈTRE. Machine conſtruite pour connoître la direction des vents, leur durée ou leur viteſſe : on voit par là quel eſt l’objet des anémomètres.

L’anémomètre le plus ancien & le plus ſimple de tous ceux qui ont jamais été employés, eſt la girouette. Le vent doit néceſſairement frapper la plaque mobile qui a une certaine ſurface, la faire tourner & la diriger ſelon le courant d’air qui règne dans l’atmoſphère : conſéquemment la poſition de la girouette indiquera la direction du vent.

Mais pour évaluer exactement, par le moyen d’une girouette, la direction des vents, il faut que la tige de la girouette ſoit bien perpendiculaire, que la plaque ſoit très-mobile, qu’on ſoit orienté c’eſt-à-dire, qu’on connoiſſe les quatre cardinaux, l’orient, l’occident, le nord & le midi & par conſéquent les autres points intermédiaires.

Les girouettes ordinaires ſont en général mal conſtruites ; la rouille s’y met bientôt ; n’ayant pas une assez grande mobilité, elles ne tournent qu’avec un vent qui a une force d’une certaine intenſité ; par conſéquent elles indiquent un vent qui n’exiſte pas : ce qui montre qu’on doit en faire peu de cas, c’eſt que la plupart de celles des villes, ſont rarement d’accord entr’elles : d’un autre côté la diſtance & la ſituation oblique, d’où l’on obſerve, empêche d’apprécier exactement la ligne de direction.

Afin de pouvoir obſerver la direction & la durée des vents exactement, commodément & en tout temps, on a imaginé de faire, avec beaucoup de soin, une girouette dont la plaque eſt fixée avec la tige ; de ſorte que la plaque tournant, la tige qui eſt une eſpèce d’axe tourne en même temps : alors on perce entièrement le toit & les planchers afin que la tige prolongée deſcende juſques dans l’appartement, où l’on ſe propoſe d’obſerver à l’abri des intempéries de l’air. Là, au bout de cette tige on peut concevoir une aiguille placée horiſontalement & à angles droits, & marquant ſur un cadran mis au plafond, les vents qui ſouffleroient en divers temps. On conçoit que pour ſoutenir ainſi cette tige, il faut former à différentes diſtances des collets & colliers tellement arrondis, que le frottement ſoit beaucoup diminué. J’ai vu une machine de ce genre qui alloit aſſez bien, mais la tige avoit peu de longueur.

Il vaut mieux préférer dans l’exécution la conſtruction ſuivante, qui conſiſte à terminer l’extrémité inférieure de la tige qui aboutit au plafond, de telle ſorte que ce bout forme un pivot qui ſoit ſupporté par une petite crapaudine ou cavité conique de cuivre, dans laquelle la tige de la girouette tournera librement. À quelques pouces au-deſſus du pivot, eſt un pignon ou lanterne qui engrène dans une roue dentée, placée à côté et horiſontalement ; & c’eſt à l’axe de cette roue dentée, qu’eſt fixée l’aiguille de l’anémomètre horiſontal, dont le centre coïncidera avec le centre de l’aiguille. Le ſeul inconvénient qu’il y a dans cette conſtruction, c’eſt que pour obſerver avec cet anémomètre, il faut lever la tête, ce qui eſt incommode. Il eſt donc utile de pouvoir placer verticalement le cadran.

L’anémomètre à cadran vertical, actuellement en uſage dans pluſieurs obſervatoires, & dans les cabinets des phyſiciens qui ſe conſacrent aux obſervations météréologiques, diffère peu de celui qu’on vient de décrire. La tige de la girouette G C, figure 28, portera ſur une crapaudine en C ; celle-ci, par ſon extrémité inférieure faite en pivot, tournera librement dans la cavité propre à la recevoir. Au-deſſus en Α, ſera enarbrée une roue dentée, dont les dents ou chevilles ſeront parallèles à l’axe, & cette denture engrènera dans celle de la roue B qui eſt verticale. L’axe de celle-ci, traverſant l’appartement de l’obſervateur & portant à ſon extrémité une aiguille placée au centre d’un cadran diviſé en trente-deux parties avec des ſous-diviſions, indiquera avec préciſion les différentes eſpèces de vents qui régneront. Pour comprendre le jeu de cet inſtrument, il ſuffit de ſe rappeler que la girouette eſt fixée au haut de ſa tige ; que la plaque G tournant, la roue horiſontale Α, enarbrée à la tige ou axe, tournera également, & que le nombre des dents de la roue Α étant égal à celui de la roue B verticale, la plaque, la tige, les deux roues & l’aiguille auront un mouvement ſemblable : quand l’une fera, par exemple, un demi-tour, un tour entier, 2, 3 ou 4 tours, & les autres en feront néceſſairement autant. Si on a donc eu ſoin une fois d’orienter le cadran qui porte la roſe des vents & de le fixer, l’aiguille indiquera conſtamment le vent qui règne, les changemens ſucceſſifs qui arriveront, & conſéquemment leur durée. La figure 28 montre le mécaniſme de la machine cachée derrière le cadran, & la figure 29 préſente un anémomètre portatif, deſtiné à ſervir de modèle dans un cabinet de phyſique.

Pluſieurs auteurs ont décrit des anémomètres de ce genre, mais ils ne ſont point préférables au dernier dont nous venons de parler ; & par cette raiſon nous les paſſons ſous ſilence. À quoi ſerviroit-il, par exemple, de dire que Ozanam, dans ſes récréations mathématiques & phyſiques, donne une autre conſtruction qui ne diffère de la précédente qu’en ce que, au lieu de deux roues de même nombre de dents, il emploie un pignon fixé à la tige de la girouette qui engrène un rouet, ſur l’axe duquel eſt portée l’aiguille ; l’effet de ces deux machines étant toujours le même ? à quoi ſerviroit-il de dire encore que le père Kirker (ars mag. lucis et umbra)