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foyer des oculaires eſt 3 pouces, & celui du petit miroir 4 pouces, dont le produit eſt 12 pouces, on diviſera alors le quarré de 36 — 1 296 par le produit 12 : &. le quotient 108 indiquera que ce télescope grégorien groſſit ou amplifie 108 fois l’image de l’objet.

Le téleſcope, que Short avoit conſtruit, groſſiſſoit 1 000 fois, quoiqu’il n’eût cependant que 12 pieds ; long-temps, on l’a regardé comme un des plus forts ; mais actuellement, ce réſultat eſt de beaucoup moindre que celui d’Herſchel, qui groſſit ou amplifie 6 000 fois, comme on le voit dans les Tranſactions Philoſophiques de 1782.

Nous donnerons ici un moyen ſimple & facile, pour déterminer, par voie d’expérience, la force amplificative d’un téleſcope ; c’eſt celui dont Hauxbée s’eſt ſervi. Ayant placé un cercle de papier, d’un pouce de diamètre, à la diſtance de 2 674 pouces de l’oculaire, dans la direction du téleſcope, on tire 2 lignes parallèles ſur un papier, à un pied d’intervalle l’une de l’autre. On place ces deux lignes à côté du téleſcope, on les regarde à la fois des deux yeux, un œil dans le téleſcope, & l’autre en dehors ; on fait rapprocher peu à peu les deux lignes de l’œil, juſqu’à ce qu’elles paroiſſent toucher les deux bords du cercle, d’un pouce, c’eſt-à-dire, que les 12 pouces vus à l’œil nu, paroiſſent de la même grandeur, qu’un pouce vu dans le téleſcope ; & dans cet état, l’on meſure la diſtance des deux parallèles à l’œil ; ſi elle ſe trouve de 142 pouces ſeulement, l’angle viſuel du téleſcope eſt réellement augmenté dans le rapport, compoſé de 12 à 1, & de 2 674 à 142, c’eſt-à-dire, 226 fois : c’eſt ainſi qu’Hauxbée reconnut que ſon téleſcope de 3 pieds de foyer, augmentoit 226 fois le diamètre des objets.

Amplification des corps lumineux. Tous les corps lumineux paroiſſent plus grands qu’ils ne ſont par un effet de l’espèce de rayonnement qu’on remarque en eux. Une étoile ſemble bien plus grande à la vue qu’à travers une lunette : celle-ci la dépouillant de tout agrandiſſement accidentel, quoiqu’elle dût produire un effet oppoſé, car toute lunette groſſit ou amplifie. Dans la réalité, une étoile vue au-travers d’une lunette, eſt réellement groſſie & rapprochée ; mais comme le dépouillement du rayonnement que la lunette occaſionne, fait perdre davantage à l’étoile, de ſa grandeur apparente & accidentelle, qu’elle n’acquiert d’augmentation dans ſa grandeur réelle, il s’enſuit que l’étoile vue par le moyen d’une lunette, paroît plus petite qu’à la vue ſimple, quoique ſes dimenſions réelles ſoient effectivement augmentées.

Les corps lumineux, comparés à des corps obſcurs, paroiſſent ſur-tout bien amplifiés. Si on conſidère la lune deux ou trois jours avant ou après ſa conjonction, on obſervera manifestement que la portion lumineuse débordera celle qui eſt obſcure ; cette amplification eſt une illuſion optique ; car le corps de la lune eſt ſenſiblement ſphérique, & cette illuſion ſe trouve toujours, dans tous les cas où la lumière d’un corps eſt très-vive, ſoit en elle-même, ſoit comparativement.

On remarque auſſi dans le ſoleil, une eſpèce d’amplification de quelques ſecondes, qui, l’environnant d’une couronne d’aberration, augmente en apparence ſon véritable diſque. M. De la Lande penſe que cette quantité doit être de 6 ou 7 ſecondes ſur le diamètre du ſoleil, vu dans une lunette de 18 pieds, à en juger par les paſſages de vénus ſur le ſoleil où cet effet doit disparaître.

AMPLITUDE aſtronomique ; c’eſt l’arc de l’horiſon compris entre le vrai point d’orient ou d’occident, & celui où un aſtre paroît ſe lever ou ſe coucher. Le vrai point de l’orient ou de l’occident eſt celui où le ſoleil ſe lève ou ſe couche, dans le temps des équinoxes, c’eſt-à-dire, ce ſont les deux points d’interſection de l’équateur & de l’horiſon.

On diſtingue donc l’amplitude en ortive ou orientale, & en occidentale ou occaſe, & l’une & l’autre ſe diviſent en méridionale & ſeptentrionale, ſelon qu’un aſtre ſe lève ou ſe couche dans l’hémiſphère méridional ou ſeptentrional. Ainsi l’amplitude ortive feptentrionale, par exemple, eſt la distance ou plutôt l’arc de l’horiſon compris entre le vrai orient & le point où ſe lève en effet un aſtre qui eſt dans la partie ſeptentrionale ; & ainſi des autres. De cette définition, il réſulte que le ſoleil n’a point d’amplitude lorſqu’il esſ dans l’équinoxe, ce qui arrive deux fois pendant l’année. Les étoiles qui ſont dans l’équateur n’ont point d’amplitude.

Le complément de l’amplitude orientale ou occidentale, au quart complet de l’horiſon, s’appelle azimuth ; cependant il faut remarquer que comme il y a une infinité d’azimuths, il n’y en a qu’un ſeul qui ſoit véritablement le complément de l’amplitude ; ſavoir, l’azimuth qui répond au cercle vertical, paſſant par le point de l’horiſon où l’aſtre ſe lève ou ſe couche.

Les amplitudes diurnes du ſoleil changeant chaque jour, ainſi que la déclinaiſon du ſoleil, & étant différente pour les diverſes latitudes, il faut donc, pour déterminer l’amplitude du ſoleil ; ſoit ortive, ſoit occaſe, connoître préalablement l’élévation du pôle, du lieu où l’on eſt, & la déclinaiſon du ſoleil. Ceci ſuppoſé, on fera l’analogie ſuivante :

Le co-ſinus de la latitude eſt au rayon, comme le ſinus de la déclinaiſon eſt au ſinus de l’amplitude ortive ou occaſe.

C’eſt par le moyen de cette règle qu’on a formé & enſuite publié dans différentes éphémérides, des tables où l’amplitude eſt marquée pour chaque degré de la terre, & pour les différens degrés de déclinaiſon des aſtres, & particulièrement du ſoleil. Dans l’ouvrage de la connoiſſance des temps, que