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périences phyſiques ſur la conſtruction d’une nouvelle clepſidre, ſur les baromètres, thermomètres & hygromètres. Sa clepſidre étant conſtruite de telle manière que le mouvement le plus violent d’un vaiſſeau ne pouvoit la déranger, devoit ſervir ſur mer.

Il fut reçu à l’académie des ſciences en 1699, & donna auſſitôt ſa théorie des frottemens, qui a tant éclairci cette matière ſi importante & ſi obſcure. On peut voir à l’article Baromètre & au mot Thermomètre, les nouveaux inſtrumens de ce genre qu’il a imaginés. Ses expériences ſur l’élaſticité de l’air ſont connues, & nous en avons parlé dans pluſieurs endroits de cet ouvrage.

M. Amontons avoit un talent ſingulier pour les expériences de phyſique, des idées fines & heureuſes, beaucoup de reſſources pour lever les inconvéniens, une grande dextérité pour l’exécution. On croyoit voir en lui M. Mariotte, ſi célèbre par les mêmes talens. Il méditoit pluſieurs inventions utiles, lorſque la mort l’enleva aux ſciences, le 11 octobre 1705, âgé de 42 ans environ, étant né en 1665.

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AMPHISCIENS. Les géographes qui ont diviſé les habitans de la terre ſous différens rapports, ont imaginé de les diſtribuer encore en ayant recours à la marche de la projection de leur ombre. Les peuples qui ſont compris entre les deux tropiques, & conſéquemment dans toute l’étendue de la zone torride, ont à midi leur ombre dirigée tantôt vers le ſud, tantôt vers le nord, selon la ſaiſon, & c’eſt pour cette raiſon qu’on les nomme Amphysciens. Suppoſons un peuple qui ſoit entre l’équateur & le tropique du cancer, il eſt évident que tandis que le ſoleil ſera dans l’hémiſphère méridional, & dans la partie du globe qui eſt entre l’équateur & le zénith de ce peuple, l’ombre des corps ſera tournée à midi vers le ſeptentrion ; lorſque le ſoleil paſſera par le zénith, il n’y aura point d’ombre, & les habitans ſeront nommés Asciens. Mais le ſoleil étant entre le zénith & le tropique du cancer, l’ombre des corps ſera projetée à midi vers le ſud. L’aſtre du jour, après avoir parcouru deux fois les cercles parallèles, compris entre le tropique du cancer & le zénith, paſſera de nouveau par le zénith, s’approchera enſuite vers l’équateur & vers le tropique du capricorne, & alors l’ombre ſera de nouveau dirigée vers le ſeptentrion, & ainſi alternativement dans différens temps de l’année. On a appelé Amphysciens les peuples compris entre les deux tropiques, parce qu’ils ſont binombres ; à midi ils ont deux ombres, tantôt vers le midi dans un temps de l’année, & tantôt vers le nord dans un autre temps. Selon d’autres, ce nom ſignifie ombre autour, à cauſe que dans tout le cours de l’année, leur ombre tourne autour d’eux. Ce n’eſt pas l’ombre méridienne ni l’ombre projetée pendant un jour qui tourne autour d’eux, mais l’ombre priſe durant l’année entière, & à toutes les heures, qui eſt cenſée faire cette eſpèce de tour. Voyez Hétérosciens, Périsciens, Asciens.

Les habitans qui ſont directement à un des tropiques, c’eſt-à-dire à 23 degrés de chaque côté de l’équateur, ſont nommés Asciens hétérosciens (voyez ce mot), parce que leur ombre méridienne eſt toute l’année tournée du même côté, vers le nord ou vers le ſud, & qu’une fois l’année ils ſont, à midi, ſans ombre, lorſque le ſoleil eſt au tropique ſous lequel ils ſont fixés, c’eſt-à-dire, à leur zénith ; tandis que les amphiſciens, dont nous venons de parler, ont le ſoleil à leur zénith deux fois dans l’année.

Les peuples qui ſont entre l’équateur & le tropique du capricorne, étant encore amphiſciens, doivent avoir à midi leur ombre tournée tantôt vers le nord, tantôt vers le ſud, mais d’une manière oppoſée à celle des premiers amphiſciens que nous avons cités en exemple, à cauſe de la marche oppoſée du ſoleil qui, dans certain temps de l’année, eſt d’un côté ou de l’autre de leur zénith.

AMPLIFICATION. C’eſt la propriété qu’ont les lunettes & les téleſcopes, de groſſir les objets, d’où réſulte la diminution apparente de leur diſtance. Rien n’eſt plus aiſé que de connoître l’augmentation du diamètre d’un objet vu dans une lunette à deux verres convexes, comme dans les lunettes aſtronomiques : c’eſt-à-dire, l’amplification linéaire, car elle eſt égale au nombre de fois que la longueur du foyer de l’oculaire eſt contenue dans celle du foyer de l’objectif. Si, par exemple, le foyer de l’oculaire d’une lunette eſt 1 pouce, & le foyer de l’objectif 15 pieds : tout étant réduit en lignes, on aura 18 lignes & 2 160 lignes ; ce dernier nombre étant diviſé par le premier, le quotient 120 déſignera que la force d’amplification de la lunette ſera de 120, & conſéquemment, que l’objet vu au travers de cette lunette, ſera amplifié ou groſſi 120 fois. Si, dans l’exemple propoſé, il n’y avoit pas eu un demi-pouce ou ſix lignes, on n’auroit réduit qu’en pouces ſeulement, les longueurs des foyers. Les lunettes aſtronomiques ordinaires ne groſſiſſent que 100 ou 150 fois au plus.

La règle eſt la même pour trouver le groſſiſſement d’un objet vu à travers le téleſcope Newtonien ; on diviſe le foyer du grand miroir par le foyer de l’oculaire, & on en prend également le quotient qui marque l’amplification.

Quant au téleſcope Grégorien, l’amplification ou groſſiſſement eſt égal au quotient du quarré du foyer du grand miroir, diviſé par le produit des foyers du petit miroir & des oculaires. Si la courbure du grand miroir a 6 pieds de rayon, ſon ſera à 3 pieds, c’eſt-à-dire, au quart du diamètre de ſphéricité, conſéquemment à 36 pouces ; & si le