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l’odorat ne sent point la chaleur du poivre ; de même la langue, ne sent point les sons dont l’air est le véhicule ; ni l’oreille, la lumière.

17. Les os, les poils, les nerfs, le sang, l’esprit tout est sensible ; quoique les affections ou sensations de toutes ces parties ne soient point apperçues par l’animal, & ne parviennent pas jusqu’à lui.

18. L’ame qui sent & l’ame qui se ressouvient ne sont qu’une seule & même ame : il en est de même de l’ame qui imagine & de celle qui raisonne.

19. Les bêtes sentent, ont de la mémoire re, & sont susceptibles d’instruction ; elles raisonnent, & elles participent à un entendement universel. Mais l’homme a sur elles l’avantage d’une organisation plus parfaite, & la nature de son ame qui est immortelle & raisonnable.

20. Si l’homme, outre un esprit corporel a nécessairement une ame immortelle, à plus forte raison le monde qui est le plus noble des êtres, doit-il avoir une ame douée de toutes les perfections, supérieure aux anges, qui veille sur le tout, & qui le conserve.

21. Ainsi le monde est animé ; le ciel est cet esprit qui le vivifie ; son corps grossier, c’est la terre ; la mer est son sang ; & son intelligence est cette même ame.

22. Le ciel & les étoiles sont de la nature du feu, & ont du sentiment : car la chaleur sent ; d’où il suit que le ciel & les étoiles sont doués d’un sentiment très-exquis.

23. Dieu a très-souvent manifesté sa gloire dans le ciel : mais les vapeurs dont l’air est continuellement rempli, nous empêchent d’appercevoir toutes ces merveilles qui nous seront révélées, lorsque le monde sera purifié par le feu.

24. Lorsque notre ame sera sortie de l’antre opaque où elle est renfermée pendant cette vie, elle verra l’air, le vent, les anges, & tous les êtres les plus subtils & les plus fugaces : elle verra d’autant plus de choses qu’elle sera plus épurée

25. L’air impregné des évenemens présens & futurs se communique à nous : mais cela arrive particulièrement dans le sommeil. En effet, l’homme qui dort, inspire, pour ainsi dire, avec l’air, une connoissance prodigieuse des choses qu’il ne sent pas dans l’état de veille.

26. Personne ne doute que les plantes n’aient du sentiment ; puisqu’elles produisent des semences & des rejettons, précisément comme les animaux. Elles ont des os, de la moelle, des nerfs, des veines, des fibres ; une enveloppe, des armes, une matière prolifique par laquelle elles se reproduisent : tout cela prouve que ce sont des espèces d’animaux, & qu’elles sont sensibles. Le bois sec sent aussi, car lorsqu’après l’avoir plié avec effort, on l’abandonne ensuite à lui-même, il se restitue comme un ressort, ce qui prouve une aversion naturelle pour toute position contraire à celle qu’il a une fois prise.

27. Le sentiment ne cesse point dans les cadavres ; cela est démontré par ce sentiment obtus qu’on observe dans les corps morts : c’est à cette même sensibilité qu’il faut attribuer ce mouvement d’ébullition, que la présence d’un assassin excite dans le cadavre de celui qu’il a tué.

28. Il y a trois sortes de magie : la divine, que l’homme conçoit à peine, & qu’il ne peut exercer sans le secours de Dieu : la naturelle, qui dépend de la connoissance des étoiles & de la médecine jointe à la religion : enfin la diabolique où l’on fait usage des maléfices & des poisons.

29. L’amitié de Dieu & la foi sont nécessaires pour l’exercice de la magie divine ou céleste. Celui qui a Dieu pour ami, peut prendre une telle confiance dans ce secours, qu’il ait le pouvoir d’opérer des miracles, & de changer au besoin l’ordre & le cours des choses naturelles. La foi dont il s’agit, n’est pas une foi incertaine & historique, mais intérieure ; il y faut joindre encore la pureté du cœur : c’est à ces dispositions réunies qu’il faut attribuer les miracles des prophètes & des apôtres.

30. Les miracles opérés sans le secours & l’amitié de Dieu, ne sont pas de vrais miracles ; mais les effets de la magie naturelle, ou du démon, ou de l’artifice de l’imposture.

31. Toutes les sciences & tous les arts servent aux opérations de la magie naturelle, mais les plus, les autres moins.

32. L’Astrologie est nécessaire à un bon magicien.

33. Les mots & les sons produisent un grand nombre d’effets divers sur les absens ; mais les démons interviennent souvent par leurs prestiges dans la production de ces effets, &c, &c.

Robert Burton, après avoir observé que Képler croyoit que les plantes étoient habitées, nous apprend à ce sujet que Campanella adopte cette opinion dans le chapitre 4 du liv. 2. de son traité de sensu rerum. « Qu’il prétende qu’elles