principe des figures corporelles, par les modifications variées selon les qualités du ciel, du soleil, de la lune, des étoiles, des planetes, des élémens, de la terre, de l’instant, du lieu, & par le concours de toutes ces qualités.
9. Ces qualités sont donc la forme & le principe des opérations intérieures & extérieures des corps composés.
10. La génération est un écoulement de l’air primitif ou du chaos modifié sous des figures, & doué de qualités plus ou moins pures, qualités & figures combinées selon le concours du soleil & des autres causes universelles & particulières.
11. La corruption est la destruction de la figure extérieure ; & la séparation des qualités, des humeurs & des esprits unis dans l’air. Les parties d’air définies, les plus légères, les plus chaudes & les plus pures montent ; les plus pesantes, les plus froides & les plus grossières descendent ; les premières s’appellent Xin & Ho-en, esprits purs, ames séparées ; les secondes s’appellent Kuei, esprits impurs ou les cadavres.
12. Les choses diffèrent, & par la forme extérieure, & par les qualités internes.
13. Il y a quatre qualités : le Ching, droit, pur & constant ; le Pien, courbe, impur & variable ; le Tung, pénétrant & subtil ; le Se, épais, obscur & impénétrable. Les deux premières sont bonnes & admises dans l’homme ; les deux autres sont mauvaises, & reléguées dans la brute & les inanimés.
14. Des bonnes qualités naît la distinction du parfait & de l’imparfait, du pur & de l’impur dans les choses ; celui qui a reçu le premier de ces modes, est un héros ou un lettré ; la raison le commande ; il laisse loin de lui la multitude : celui qui a reçu les secondes qualités est obscur & cruel ; sa vie est mauvaise ; celui qui participe des unes & des autres, tient le milieu, c’est un bon homme sage & prudent ; il est du nombre du Wen-lin.
15. Tai-kie ; ou la substance universelle, se divise en lieu & vû : vû est la substance figurée corporelle, matérielle, étendue, solide & résistante ; lieu est la substance moins corporelle, mais sans figure déterminée, comme l’air ; on l’appelle Vukung-hieu, Vu-kung, néant, vuide.
16. Le néant ou vuide, ou la substance sans qualité & sans accident, Tai-vu ; Tai-kung, est la plus pure, la plus subtile & la plus simple.
17. Cependant elle ne peut subsister par elle-même, mais seulement par l’air primitif ; elle entre dans tout le composé ; elle est aërienne, on l’appelle Ki : il ne faut pas la confondre avec la nature immatérielle & intellectuelle.
18. De Li pur, ou du cahos, ou séminaire universel des choses, sortent cinq vertus ; la piété, la justice, la religion, la prudence & la fidélité avec tous ses attributs : de Li revêtu de qualités, & combiné avec l’air primitif, naissent cinq élemens physiques & moraux, dont la source est commune.
19. Li est donc l’essence de tout, ou, selon l’expression de Confucius, la raison première ou la substance universelle.
20. Li produit tout par Ki ou son air primitif ; cet air est son instrument, & son régulateur général.
21. Après un certain nombre d’ans & de révolutions, le monde finira ; tout retournera à sa source première, à son principe : il ne restera que Li & Ki ; & Li reproduira un nouveau monde, & ainsi de suite à l’infini.
22. Il y a des esprits, c’est une vérité démontrée par l’ordre constant de la terre & des eaux, & la continuation réglée & non interrompue de leurs opérations.
23. Les choses ont donc un auteur, un principe invisible qui les conduit ; c’est Cha, le maître ; Xin-Kuei, l’esprit qui va & revient ; Li-Kium, le prince ou le souverain.
24. Autre preuve des esprits, ce sont les bienfaits répandus sur les hommes, amenés par cette voie au culte & aux sacrifices.
25. Nos pères ont offert quatre sortes de sacrifices ; Lui au ciel, & à Xangh-ti son esprit ; In aux esprits des six causes universelles, dans les quatre tems de l’année, savoir : le froid, le chaud, le soleil, la lune, les pluies & la sécheresse ; Vang, aux esprits des montagnes & des fleuves ; Pien, aux esprits inférieurs, & aux hommes qui ont bien mérité de la république.
D’où il suit, 1o. que les esprits des Chinois ne sont qu’unne seule & même substance avec la chose à laquelle ils sont unis.
2o. Qu’ils n’ont tous qu’un principe, le chaos primitif ; ce qu’il faut entendre du Tien-Chu, notre Dieu, & du Xangh-ti, le ciel ou l’esprit céleste.
3o. Que les esprits finiront avec le monde & retourneront à la source commune de toutes choses.
4o. Que relativement à leur substance primitive, les esprits sont tous également parfaits,