un milieu résistant comme la simple vîtesse ; mais il n’avoit pas touché au cas, beaucoup plus difficile, où le milieu résiste comme le quarré de la vîtesse. Keil proposa ce cas à Jean Bernoulli, qui non-seulement le résolut en très-peu de tems, mais qui étendit la solution à l’hypothèse générale où la résistance du milieu seroit comme une puissance quelconque de la vîtesse du mobile. Quand cette Théorie fut trouvée, l’Auteur offrit à différentes reprises de l’envoyer à un homme de confiance à Londres, sous la condition que Keil remettroit aussi sa solution. Mais Keil, vainement interpellé, garda un profond silence : la raison en étoit facile à deviner ; il n’avoit pas résolu son problême : en le proposant, il s’étoit attendu que personne ne trouveroit ce qui avoit échappé à la sagacité de Neuton. Il se trompa dans sa conjecture ; & son défi plus qu’indiscret, lui attira de la part du Géomètre de Basle, une réprimande d’autant plus humiliante que le seul moyen solide d’y répondre étoit de résoudre le problême, & que Keil ne put trouver ce moyen, ni dans ses propres forces, ni dans les secours de ses amis. Le triomphe de Jean Bernoulli fut complet. Dans l’ivresse de sa victoire, il se permit, contre ses rivaux, des sarcasmes & des plaisanteries qui n’étoient pas de bon goût, mais pardonnables sans doute au caractère franc & loyal d’un homme attaqué insidieusement, ayant à venger ses propres outrages & ceux d’un illustre ami dont il pleuroit encore la perte.
Toutes
ces discussions
scientifiques,
malgré l’aigreur
qu’y mêloient
les passions
humaines,
échauffoient
les esprits,
& formoient
de tous
côtés des prosélytes
à la Géométrie.
L’École
de Basle avoit déjà
produit,
sous Jacques
Bernoulli,
plusieurs
hommes
célèbres
dans les
Sciences,
entr’autres
Herman, né en 1680, mort en 1734.
Nicolas Bernoulli, né en 1682, mort en 1760.Herman,
Auteur
d’un
excellent
Traité
de
Phoronomie,
& Nicolas Bernoulli,
neveu,
profond
dans
l’analyse
des jeux de hasard,
& le premier
qui ait donné
la fameuse équation
de condition,
d’où dépend
la réalité de l’équation
aux différences
partielles
entre trois grandeurs
variables.
De nouveaux
Élèves,
excités
par les leçons
de Jean
Bernoulli,
& sur-tout
par
le spectacle
de ses
combats
avec
les Anglois,
se montrèrent
dignes
d’un
tel maître.
Nicolas Bernoulli, né en 1699, mort en 1726.
D. Bernoulli, né en 1700, mort en 1732.
Euler, né en 1707, mort en 1783.
Gabriel Manfredi, né en 1681, mort en 1761. Son fils aîné, Nicolas,
s’élevoit
rapidement
aux
régions
supérieures
de la Géométrie,
quand la mort
vint le frapper
à l’âge de 27 ans.
Il eut,
dans son frère
Daniel Bernoulli, &
dans Euler
leur
compatriote,
des rivaux,
qui,
nés avec
un
genie égal
au sien,
mais
ayant vécu plus long-tems,
ont fait aussi de plus grands pas dans la même
carrière.
En Italie,
Gabriel Manfredi
avoit publié, dès l’année 1707,
un savant
ouvrage
sur
l’analyse
des courbes
& des équations
différentielles ;
ouvrage
où, par la seule conformité des esprits & de la