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père de son peuple. L’univers vous avouera de ce saint zèle, & les nations mêleront leurs applaudissemens & leurs vœux à vos bénédictions paternelles.

Un jour elle régnera peut-être cette paix si rare & si désirée, & alors, enfin la Morale pourra être comptée pour quelque chose dans l’administration politique des états. Tous les esprits se tourneront vers des objets d’amélioration & de réforme, qu’il est impossible d’envisager dans le tumulte de guerre. Qui peut douter qu’elle seule durant tant de siècles qu’elle a désolé les empires, n’ait retardé leurs progrès en tout genre. Si jamais les nations jouissent d’une paix générale, à mesure que l’esprit de bienveillance les rapprochera, à mesure que l’esprit de rivalité mal entendue s’affoiblira par-tout, les lumières se multiplieront. Le corps de la législation sera perfectionné dans les états où il est encore si défectueux ; &, ce qui doit-être l’objet de tous les vœux, de la première des institutions sociales, celle de punir le crime, on parviendra peut-être à la dernière, celle de récompenser la vertu.

C’est à vous qui êtes nés avec le droit & le talent de parler aux hommes, grands écrivains, philosophes éloquens, c’est à vous de recommander les peuples à leurs maîtres, pour l’intérêt de tous les deux. Pour moi, qui ne peux servir l’humanité que par des vœux, je m’adresserai en finissant à celui qui peut la consoler par des bienfaits. Je lui dirai : père des hommes ; car ce n’est qu’à ce titre qu’ils font quelque chose devant toi, & que les besoins de leur foiblesse peuvent intéresser ta grandeur, éteints dans les cœurs cette rage destructive qui déshonorc ton ouvrage. Que les hommes n’ajoutent plus aux fléaux de la nécessité, les fléaux de leur fureur ; qu’ils ne ravagent plus cette terre que tu leur as donnée à cultiver, & ces moissons qui mûrissent sous les rayons de ton soleil. Qu’on ne les entende plus dans l’excès de leur démence te prier de consacrer leurs meurtres & te remercier de leurs crimes ; & puissent ces vœux que je t’adresse, au nom de tous les humains, servir de prière expiatoire pour tous ces vœux sanguinaires qu’il ont osé t’offrir tant de fois dans emportement de leurs haines barbares, ou dans la joie de leurs triomphes insensés. (Oeuvres de M. de la Harpe.)










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