Page:Encyclopédie méthodique - Logique, T2.djvu/16

Cette page n’a pas encore été corrigée

_____________________________________________________


M.


MÉTAPHYSIQUE, s. f. La Logique étant riniVrument général des sciences & le flambeau qui doit nous y guider, voyons présentement suivant quel ordte & de quelle manière nous devons porter ce flambeau dans les différentes parties de la Philosophie. Nos idées font le principe de nos connoissances, &c ces’, idées ont elles-mêmes leur principe dans nos sensations ; c’est une vérité d’expérience. Mais comment nos sensations ptoduisent-elles, nos idées ? .première question que doit se proposer le philosophe

& sur laquelle doit por-’ ter tout le système des élémeris de ^Philosophie. La génération de nos idées appartient à la Métaphysique, c’-est un de ses objets principaux , & peut-être devroit-elle s’y borner 5 presque toutes les autres questions qu’elle se propose sont insolubles ou frivoles ; elles sont Taliment des esprits téméraires ou des esprits faux, & il ne faut pas être étonné si tant de questions subtiles , toujours agitées & jamais résolues, ont fait mépriser par les bons esprits cette science vuide & contentieuse qu’on appelle communément Métaphysique. Elle eût été à l’abri de ce mépris, si eîle eût su se contenir dans de justes bornes, & ne toucher qu’à ce qui lui est permis d’atteindre ; or ce qu’elle peut atteindre est bien peu de chose. On’ peut dire en un sens de la Métaphysique que tout le monde la fait 011 personne ; ou, pour parler plus exactement, que, tout le monde ignore celle- que tout le monde ne peut savoir. II en est des ouvrages de ce genre comme des pièces de théâtre ; i’impreslîon est manquée, quand elle-n’est pas générale. Le vrai ’ en Métaphysique ressemble au vrai en matière de goût ; c’est un.vrai dont tous les esprits ont le germe en eux-mêmes, auquel la plupart ne font point d’attention., mais qu’ils reconnoissent dès qu’on le leur montre. II semble que tout ce qu’on . leur apprend dans un bon livre de Métaphysique ne soit qu’une espèce_ de réminiscence de ce que notre ame. a déjà su 5 l’óbscuriré, quand il y en a, vient toujours de la faute de 1auteur, parce . que la science qu’il se propose d’enseigner n’a point d’autre langue que la langue commune. Auíìì peut - on appliquer aux bons auteurs de Métaphysique ç<t qu’on a.dit des bons écrivains , qu’il n’y a personne qui, en les lisant , ne croie pouvoir en dire autant qu’eux.. Mais ’si dans ce genre tous sont faits pour en-’ tendre, tous ne sont pas faits peur instruire. Le - (mérite de faire entrer dans les esprits’des notions vraies & simples, est beaucoup plus grand qu’on ne pense, puisque l’expériençè nous prouve combien il est rare 5 les saines idées métaphysiques font des vérités communes que chacun saisir^" 1 . mais que peu d’hommes ont le talent de développer ; tant il est difficile, dans quelque sujet que ce puisse être, de se rendre propre ce qui appartient à tout le monde. Je ne crains point que ces réflexions blessent nos métaphysiciens modernes ; ceux qui n’en font pas lob jet y applaudiront ; ceux qui. pourront l’étre croiront qu’elles ne les regardent pas ; mais les lecteurs sauront biea distinguer les uns des autres. L’examen de l’opération de l’esprit qui consiste à passer de nos sensations aux objets extérieurs s est évidemment lé premier pas .que doit faire.la Métaphysique. Comment notre ame s’élance-t -elle hors d’elle-même , pour s’assurer de Inexistence de ce qui n’est pas elle ? Tous les hommes franchissent ce passage immense, tous le franchissent rapidement & de la même manière ; il suffit donc de nous étudier’ nous-mêmes,, pour’trouver en nous tous les principes qui serviront à résoudre la grande question de l’existence des objets extérieurs. Elle en renfermé trois autres qu’il ne faut pas confondre. Comment concluóns-nous de nos sensations l’existence de ces objets ? Cette conclusion est-elle-démonstràtive

? Enfin comment parvenons-nous , 

par ces mêmes sensations , à nous formée une idée des corps & -de l’étendue ? La première de ces questions ayant pour objet une vérité de fait, c’est-à-dire, la conclusion.que nous tirons de nos sensations à l’existence des objets, la solution en est-susceptible de toute’ l’évidence possible. Cette conclusion est une-opération de l’esprit dont les philosophes seuls s’étonnent , rnais dont ils ont bien droit de s’étonner ; & : le peuple, qui rit de leur surprise, là partage bientôt, pour peu qu’il réfléchisse. Pour expliquer cette opération , il est nécessaire de se mettre en quelque sorte à la place d’un enfant qui vient de.naître, & de suivre le développement de ses idées. Ce cours d’ignorance, .si en peut l’appeller de la forte," est beaucoup plus utile que ce qu’on appelle fi gratiutement cours de science dans nos écoles. Nous ne prétendons point blâmer Tanalyse qu’un philosophe moderne a faite de nos sens ,. eh examinant ce que chacun d’eux, pris séparément, peuttno.us apprendre, & ce qu’ils nous apprennent étant réunis. Nous croyons feulement que cette méthode seroit trop longue pour deselémeos. On doit y prendre l’homme tel qu’il est, & non tel qu’à'la rigueur il auroit pu être. Mais pour prendre l’homme tel qu’il est, il n’est, pas nécessaire de le considérer avec tou» ses sens ; il suffirde lui supposer celui qui paroît essentiellement attaché à l’existence de BOScorps, . encyclopédie^ Logique v métaphysique. T0111. jj _ A