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Le mouvement d’un corps est un effet î il a donc une cause. Il est hors de doute que cette cause existe, quoiqu’aucun de mes sens ne me la fasse appercevoir,

& je la nomme force. Ce

nom ne me la fait pas mieux connoître : je ne fais que ce que je savois auparavant, c’est que

le mouvement a une cause que je ne connois pas ; mais j’en puis parler : je la juge plus grande ou plus foible, suivant que le mouvement est plus grand ou plus foible lui-même ; & je la mesure en quelque sorte, en mesurant le mouvement. Le mouvement se fait dans Tesoace & dans le temps. J’apperçois Tespaee , en voyant les objets sensibles qui Toccupent ; tk j’apperçois la durée dans la succession de mes idées ou de mes sensations ; mais je ne vois rien d’absolu ni dans l’espace ni dans !.- temps. Les sens ne sauraient me dévoiler ce que les choses sont en elles-mêmes ; ils ne me montrent que quelques-uns des rapports qu’elles ont entre elles, & quelques-uns de ceux qu’elles ont à moi. Si je mesure Tespaee , le temps, le mouvement & la force qui le produit,

c’est que* le résultat de mes mesures se sont que des rapports : car chercher des rapports, ou mesurer, c’est la même chose. Parce que nous donnons des noms à des choses dont nous avons une idée , on suppose que nous avons une idée de toutes celles auxquelles nous donnons des noms. Voilà une erreur dont il faut Ce garantir. Il se .peut qu’un nom ne soit donné à une chose que parce que nous sommes assurés de son existence : le mot force en est la preuve. Le mouvement que j’ai considéré comme un effet, devient une cause à mes yeux, aussi-tôt que j’observe qu’il est par-tout, & qu’il produit ou,concourt à produire tous les phénomènes de la nature. Alors, je puis, en observant les loix du mouvement, étudier I’univers, comme d’une fenêtre j’étudie une campagne : la méthode est la même.

Mais quoique dans I’univers tout soit sensible, nous ne voyons pas tout ; & quoique Tart vienne au secours des sens , ils sont toujours trop foibles. Cependant, si nous observons bien , nous découvrons des phénomènes ; nous les voyons comme une fuite de causes & d’effets, former différens systèmes ; & nous nous faisons des idées exactes de quelques parties du grand tout. C’est ainíî que les philosophes modernes ont fait des découvertes qu’on n’auròit pas jugé possibles quelques siècles auparavant, & qui font présumer qu’on en peut faire d’autres.

Mais comme nous avons jugé que le mouvement a une cause , parce qu’il est un effet, nous jugerons que I’univers a également une cause, parce qu’il est un effet lui-même ; & cette cause, nous la nommerons Dieu.

II n’en est pas de ce mot comme de celui de force , dont nous n’avons point d’idée. Dieu3 il vrai t ne tombe point sous les sens ; mais il a imprimé son caractère dans les choses sensibles Î nous l’y voyons,

8c les sens nous élèvent jus-

qu’à lui.

-

t

"

En effet, lorsque je remarque que les phénomènes naissent les uns des autres, comme.une fuite d’effets & de causes, je vois nécessairement une première cause ; & c’est à Tidée de cause première que commence Tidée que je me fais de Dieu.

Dès que cette cause est première , elle est indépendante , nécessaire ; elle est toujours, &

elle embrasse dans son immensité & dans son éternité tout ce qui existe.

Je vois de Tordre dans Tunivers : j’obscrye fur-tout cet ordre dans les parties que je connois le mieux. Si j’ai de Tintelligence moi-même, je ne Tai acquise qu’autant que les idées dans mon esprit sont conformes à Tordre des choses hors de moi ; & mon intelligence n’est qu’une

copie , & une copie bien foible de Tintelligence avec laquelle ont été ordonnées les choses que je conçois, & celles que je ne conçois pasi La première cause est donc intelligente : elle a toutordonné , par-tout tk de tout temps ; tk son intelligence , comme son immensité tk son éternité , embrasse tous les temps & tous les lieux. . Puisque la première cause est indépendante ,, elle peut ce qu’elle veut ; & puisqu’elle est intelligente,

elle veut avec connoissance,

tk par

conséquent avec choix : elle est libre. Comme intelligente , elle apprécie tout ; comme libre , elle agit en conséquence. Ainsi , d’après les idées que nous nous sommes faites de son intelligence &c de fa liberté , nous nous formons une idée de fa bonté, de fa justice, de fa miséricorde , de sa providence,

en un mot. Voilà

une idée parfaite de la divinité. Elle ne vient & ne peut vénir que des sens : mais elle se développera d’autant plus que nous approfondirons mieux Tordre que Dieu a mis dans ses ouvrages. Continuation du même sujet.

Le mouvement -, considéré comme cause de quelque effet, sc nomme action. Un corps qui se meut, agit sur Tair qu’il divise & sur les corps qu’il choque : mais ce n’elt-là que Taction d’un corps inanimé.

L’action d’un corps animé est également dans le mouvement. Capables de différens mouvemens,, suivant la différence des organes dont il a été doué ,il a différentes manières d’agir ; & chaque espèce a , dans son action , comme dans son organisation , quelque chose qui lui est propre. Toutes ces actions tombent sous les sens, &c il suffit de les observer pour s’en faire une idée. II n’est pas plus difficile de remarquer comment le corps prend ou perd les habitudes : car chacun fait, par fa propre expérience, que ce qu’on a souvent répété 3 on le sait, sans avoir besoin