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AGI AME
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est plus imperceptible, mais elle n’en est pas moins réelle.

Notre définition convient encore mieux à ce qui est dit agir à l’égard des esprits, soit au dedans d*eux-mêmevs par leurs pensées & volontés, soit au dehors par le mouvement qu’ils impriment à quelque corps ; chacune de ces choses étant un changement qui arrive par l’entremise de l’ame.

La même définition peut convenir également bien à l’action de Dieu dans ce que nous en pouvons concevoir. Nous concevons qu’il agit en tant qu’il produit qUelque chose hors de lui ; car alors c’est un changement qui se fait par le moyen d’un être existant par lui — même. Mais avant que Dieu eût rien produit hors de lui, n’agissoit-ilpoint, & auroit — il été de toute éternité sans action ? Question incorjjpréhensible, si, pour y répondre, il’faut pénétrer l’essence de Dieu ; impénétrable dans ce qu’elle est par elle-même, les savans auront beau nous dire sur ce sujet que Dieu de toute éternité agit par un acte simple, immanent & permanent ; grand discours, Sesi l’on veut respectable, mais sur lequel nous ne pouvons avoir des idées claires.

Pour moi qui, comme le dit expressément l’apôtre saint-Paul, ne connoît naturellement le Créateur que par les créatures, je ne puis avoir d’idée de son actionnatutellement qu’autant qu’elles m’en fournissent ; & elles ne m’en fournissent point sur ce qu’est Dieu, sans aucun rapport à elles. Je vois bien qu’un être intelligent, comme l’auteur des créatures, a pensé de toute éternité. Si l’on veut appeller agir, à l’égard de Dieu, ce qui est fimplement penser ou vouloir, sans qu’il, lui survienne nulle modification, nul changement, je ne m’y oppose pas ; & si la religion s’accorde mieux de ce terme agir, j’y ferai encore plus inviolablement attaché : mais au fond la question ne fera toujours que de nom ; puisque, par rapport aux créatures, je comprends ce que c’est qu’agir, Sc que c’est ce même mot qu’on veut appliquer à Dieu, pour exprimer en lui ce que nous ne comprenons point.

Au reste je ne comprends pas même la vertu & le principe d’agir dans les créatures ; j’en tombe d’accord. Je fais qu’il y a dans mon ame un principe qui fait mouvoir mon corps ; je ne comprends pas quel eri est le ressort : mais c’est aussi ce que je n’entreprends point d’expliquer. La vraie philosophie se trouvera fort abrégée, si tous les philosophes veulent bien, comme moi, s’abstenir de parler de ce qui, manifestement, est incompréhensible.

Pour finir cet article, expliquons quelques termes familiers dans le sujet qui fait celui de ce même article.

1°. Agir, comme j’ai dit est, en général, par rapport aux créatures, ce qui se passe dans un être par le moyen duquel il arrive quelque changement.


2°. Ce qui survient par ce changement s’appelíe effet, ainsi agir & produire un effet, c’est la même chose.

3°. L’être considété entant que c’est par luî qu’arrive le changement, je l’appelle cause.

4°. Le changement considéré au moment même ou il arrive, s’appelle, par rapport à la cause, action.

5°. L’action, en tant que mise oufreçue dans quelque être, s’appelle passiony Sc en tant que reçue dans un être intelligent qui lui-même l’a produite, s’appelle acte y de sorte que, dans les êtres spirituels, on dit d’ordinaire que [’acte est le terme de la faculté agissante, & [’action l’exercice de cette faculté.

6°. La cause considérée au même temps, pat rapport à l’action 8e àl’acte, je l’appelle causalité. La cause considérée en tant que capable démette causalité, je l’appelle puissance ou faculté. Anc. Encyc.

AME, s. f. Ord. encycl. Entend. Rais. Philos. ou science des Esprits, de Dieu, des Anges, de l’Ame. On entend par ame un principe doué de connoissance & de sentiment. Il se présente ici plusieurs questions à discuter : 1°. quelle est son origine : 2°. quelle est sa nature : 3°. quelle est sa destinée : 4+. quels sont les êtres en qui elle réside.

Il y a eu une foule d’opinions sur son origine ; Sc certe matière a été extrêmement agitée dans l’antiquité tant payenne que chrétienne. Il ne peut y avoir que deux manières d’envisager [’ame, ou comme une qualité, ou comme une substance. Ceux qui pensoient qu’elle n’étoit qu’une pure qualité, comme Epicure, Dicéarchus, Aristoxène, Asclépiade Sc Galien, croyoient Sedévoient nécessairement croire-qu’elle étoit anéantie à la mort. Mais la plus grande partie des philosophes ont pensé que [’ame étoit une substance. Tous ceux qui étoient de cette opinion, ont soutenu unanimement qu’elle n’étoit qu’une partie séparée d’un tout ; que Dieu étoit ce tout, Scque [’ame devoit enfin s’y réunir par voie de réfusion. Mais ils différaient entr’eux sur la nature de ce tout ; les uns soutenant qu’il n’y avoit dans la nature qu’une feule substance, les autres prétendant qu’il y en avoit deux. Ceux qui soutenoient qu’il n’y avoit qu’une feule sustance universelle, étoient de vrais athées : leurs sentimens & ceux des Spinosistes modernes sont les mêmes ; SeSpinosa sans dorjte a puisé ses erreurs dans cette source corrompue, de l’antiquité. Ceux qui soutenoient qu’il y avoit, dans la nature deux substances générales, X)ieuSç la matière, concluoient en conséquence de cet axiome fameux, de rien rien, que l’une Se l’autreétoient éternelles : ceux— çi formoiçiit la classe des philosophes théistes Sedéistes, approchant plus ou, moins suivant, leurs différences subdivisions, de ce qu’on appelle le spinofifme. Il faut remarquer que ; tous les ssntimeus des anciens sur Ja nature dé Dieu, tenoient beaucoup de ce système absurde. La seule barrière, qui soiçnt entr’eux & Spinosa,


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