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que celle qui met en mouvement, les organes de la parole, pour prononcer ce que je viens de nommer une proposition.

A certain égard cependant, [’affirmation, aussit bien que là. négation, c’est-à-dire, tout jugement peut dépendre de la volonté, & exiger, , pour avoir-lieu, un acte libre & volontaire de l’ame : niais c’est uniquement dans des cas où ni l’une ni l’autre idée ne s’est.offerte assez clairement à l’eíprit, pour qu’il ait vu d’abord ce qui en étoit ; dans ce cas, il peut dépendre de ma volonté d ! êxaminer mieux chacune de ces idées, jusqu’à ce que je voie, que je connoisse, que je sente réellement que telle idée en renferme une autre : niais dès qu’une fois j’ai vu, connu Se senti, j’ai aussi jugé 8e affirmé ; [’affirmation, le jugement & la vue ne sont ainsi dans mon ame qu’une feule Sc unique chose, à laquelle mal-à-propos on a donné différens noms. \J affirmation exprimée dépend alors de la volonté ; je puis dire, ou ne pas dire ce que je vois être, selon que je le veux ; mais ma volonté ne change rien à ce que je vois réellement. J’ai fait un crime digne de châtiment, en vain je dis, j’affirme qu’il est injuste de me punir, mon ame confirme le contraire, c’est-à-dire,’voit l’idée de justice renfermée dans l’idée de ma ; punition, & il ne dépend pas de moi de ne le point voir.

On ne doit pas définir [’affirmation un acte de l’ame qui juge, mais l’état de l’ame qui voit que telle chose est. Dans ce sens, il vaudroit mieux employer lé mot de jugement —, Sc sc souvenir que juger ce n’est pas agir, mais sentir & voir, Se que la volonté n’y a d’autre part que de nous faire examiner avec attention les choses sur lesquelles il nous importe devoir la vérité.

Dans le raisonnement, l’affirmation est, tout comme dans le jugement, la vue réelle ou crue telle, la connoissance, le sentiment intime qu’une idée est renfermée dans une autre, avec cette différence, que dans ce dernier en voyant l’une en voit l’autre la contenir, ou y être contenue ; au lieu que, dans lé raisonnement, je vois la troisième dans la seconde, Sc la seconde dans la première. La seconde sert à l’ame de moyen de voir la troisième idée dans la première ; je vois l’idée de la figure sphérique renfermée dans l’idée d’une surface dont tous les points sont également éloignés du centre, Se je vois l’idée de tous les points de la surface également éloignés du centre dans une masse de cire : je vois donc l’idée de la figure sphérique renfermée dans la masse de cire en question ; si-tôt que ce rapport est mis devant mes yeux, qu’on l’a fait connoître à mon ame, je n’ai pu m’empêcher de voir que cette masse de cire étoit sphérique. Je dirai donc ici du raisonnement ce que j’ai dit plus haut sur le jugement ; [’affirmation en elle — même est un état, une’vue, une connoissance, un sentiment * involontaire.de l’ame qui voit le vrai. Exprimer


un raisonnement ne sera qu’indiquer le-rapport que l’ame voit, Se la manière par le secours de i laquelle’l’ame voit le rapport entre trois idées, dont la troisième.est contenue dans la seconde, & celle-ci, corítenant la troisième, est comprise’dans la première.

Il ne faut donc pas pírler de [’affirmation comme d’une action libre de l’amé, mais^omrne d’un état de l’ame, qu’elle peut, si elle veut, manifester au-dehors, ou déguiser par up discours qui l’exprime, ou qui ne le représente pas. Je n’ajoute plus sur ce sujet qu’une remarque : c’est que par la.définition même de [’affirmation, ellé ne peut avoir lieu qu’autant. que nous avons au moins deux idées dans l’efprit, dont l’une renferme l’autre, Se que nous pouvcns ou croyons voir l’une renfermée dans l’autre, pour ne faire ensemble >, par rapport à l’ame, qu’un seul tout, un seul objet d’idée composée ; tandis que, poulies sens qui voient le jugement écrit, ou qui l’entendent prononcer, elles forment un.assemblage de pièces séparées, mais liées ensemble par une copule. Anc. Encyclop, (G. M.)

AFFIRMER, v. act. {en Philos.) c’est exprir mer la connoissance Sc le sentiment que l’on a, ©u que l’on fait semblant d’avoir, qu’une telle idée est renfermée dans telle autre idée. Dans la morale Sc dans le discours ordinaire, c’est dire d’une manière positive qu’une chose est.

On affirme ou simplement, en disant que la chose est de cette manière, ou par serment, en demandant que Dieu, qui sait tout Sc qui déteste le mensonge, nous punisse comme il le jugera à propos, si le fait n’est pas tel que nous le disons être.

Dans l’un Sc dans l’autre cas, celui qui affirme, pour être innocent dans son affirm’tion, doit être bien instruit de ce dont il parle, ensorte que chacune des circonstances, dont il fait mention, lui soit connue telle qu’il la décrit : en second lieu, que son affirmation ne porte absolument que sur cda seul qui lui est réellement connu : en troisième lieu, qu’il soit bien convaincu que ce qu’il affirme est exactement conforme à ce qu’il connoît.

AGIR, (métaphysique). Qu’est-ce qu’agir, ? C’est, dit-on, exercer une puissance ou faculté ; & qu’est — ce que puissance ou faculté ? C’est, dit — on, le pouvoir d’agir ; mais le moyen d’entendre ce que c’est que pouvoir d’agir, quand on ne fait pas en— — core ce que c’est qu’agir ou action ? On ne dit donc rien ici, si ce n’est un mot pour un autre : l’un obscur, Sc qui est l’état de la question ; pour un autre obscur, Sc qui est également l’érat de la question.

Il en est de même pour tous les autres termes • qu’on a coutume d’employer à çe sujet. Si l’on dit qu’agir c’est produire un effet, 8e en être la : cause efficiente & proprement dite, je demande, • i°. çp que ç’çst que produire i°. ce que c’est


Encyclopédie. Logique & métaphysique. Tom. I

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