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Comment se faire des idées- distinctes avec des. : signes, auffi équivoques !. Le meilleur conseil

que Ton puisse donner contre cet abus, c’est qu’après s’être appliqué à n’avoir que des idées bien nettesôc bien déterminées, nous n’employions ja- mais, ou du moins le plus rarement qu’il nous fera possible, des mots qui nous donnent du moins une idée claire que nous tâchions de fixer la signification de ces mots ; qu’en cela nous suivions, autant .qu’on le pourra , l’ufage commun, 8c qu’enfin nous évitions de prendre le même mot en deux sens différens. Si cette règle générale, dictée par le bon sens, étoit suivie ôc observée dans tous ses détails avec quelque soin , les mots, bien loin d’être un obstacle, deviendraient un aide, un secours infini à la recherche de la vérité , par. le moyen des idées distinctes, dont ils doivent être les signes. C’est à Tarticle des’définitions ôc à tant d’autres , fur la partie philosophique de la Grammaire que nous renvoyons. _ Quelque étendue que l’on ait donnée à cet article , il y auroit encore bien des choses à dire fur nos idées, considérées relativement aux facultés de notre ame, fur leurs usages, comme étant les sources de nos jugemens, Ôc les principes de nos connoissances. Mais tout cela a été . dit, ôc se trouve dans un si grand nombre de bons ouvrages fur Tart de penser ôc de communiquer nos pensées, qu’il seroit superflu de s’y arrêter davantage. Quiconque voudra méditer lur ce qui se passe en lui, Iorsqu il s’applique à la recherche de quelque vérité, s’instruira mieux par lui - même de, la nature des idées , de leurs objets ôç de leur utilité. -• - Des idées en général. Chaque homme étant convaincu lui - même qu’il pense , ôc que ce qui est dans son esprit lorsqu’il pense , étant des idées qui Toccupent actuellement , il est hors de doute que les hommes ont plusieurs zdeeidans l’esprit, comme cellesqui font exprimées par ces mots , blancheur, dureté, douceur, pensée , mouvement, homme , éléphant, armée , meurtreôc plusieurs autres. Cela posé, la première chose qui se présente à examiner, c’est comment Thomme vient à avoir toutes ces idées. Je fais que c’est un sentiment généralement établi, que tous les hommes ont des idées innées , certains caractères originaux qui ont été gravés dans leur ame dès le premier moment de leur existence. J’ai déjà examiné au long ce sentiment, Ôc je m’imagine que ce que -j’ai dit pour le réfuter, fera reçu .avec beaucoup plus de facilité , lorsque j’aurai fait voir d’où l’entendement peut tirer toutes les idées qu’il a, par quels moyens ôc par quels degrés elles peuvent venir dans .l’esprit ; sur quoi j’en appellerai à ce que chacun peut observer & - é prouver soi- même, Supposons donc qu’au commencement Tame est ce qu’on appelle une .table rse , vuide de tous caractères , fans aucune idéè quelle qu’elle- soit. Comment vient elle à recevoir des zdéer ? par quel moyen en acouiert-elle cette prodigieuse quantité que l’imagination de Thomme, toujours agiííante ôc fans bornes , lui présente avec "une variété prefqu’infinie

? D’où puise-t-eile «DUSces 

matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnemens ôc de toutes ses connnoissances ? A cela je réponds en un mot, de l’expérience

c’est

là le fondement de toutes nos connoissances ; Sc c’est de-là qu’elles tirent leur première origine. Les observations que nous faisons fur les objets extérieurs ôc sensibles, ou furies opérations intérieures de notre ame , que nous appercevons ôc fur lesquelles nous réfléchissons nous - mêmes , fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées. Ce font là les deux sources d’où découlent toutes les idées que nous avons , ou que nous pouvons avoir naturellement. Et premièrement nos sens étant frappés par certains objets extérieurs, font entrer dans notre ame plusieurs perceptions distinctes des choses , selon les diverses manières dont ces objets agik sent fur nos sens. C’est ainsi que nous acquérons les idées que nous avons du blanc , du jaune , du chaud, du froid, du’dur, du mou, du doux, de Tamer , 8c de tout ce que nous appelions qualités sensibles. Nos sens, dis-je , font entrer toutes ces idées dans notre ame, par où j’entends qu’ils font passer des objets extérieurs dans Tame, ce qui y produit ces sortes de perceptions. Et comme cette grande source de la p !ut art des idées que nous avons, dépend entièrement de nos sens, 5c se communique à l’entendement par leur moyen , je Vappelle sensation. L’autre source d’où l’entendement vient à recevoir des idées, c’est la perception des opérations de notre ame fur les iéles qu’elle a reçues par les sens : opérations qui, devenant l’objet des réflexions de l’ame, produisent dans l’entendement une autre eípèce d’idées, que les objets extérieurs n’auroient pu lui fournir

selles que

font les iieeídece qu’on appelle appercevòir.,.penser , douter, croire, raisonner , connoitre , von,. ír , ôc toutes les différentes actions de notre ame , de l’existence desquelles étant pleinement convsincus , parce que nous ks trouvons en nous-mêmes, nous recevons par leur moyen des idées auffi distinctes que celles que les corps produisent en nous, lorsqu’ils viennent à frapper nos sens C’estlà une source d’idées que chaque homme a toujours-en lui-même ; ôc quoique cette faculté ne soit pas un sens, parce qu’elle n’a rien à faire avec les objets extérieurs , elle en approche beaucoup , ôc le nom de Jens intérieur ne lui conviendroit pas mal. Mais comme j’appelle l’autre source de nos idées sensation , je nommerai celle - ci I réflexion, parce que Tame ne reçoit par son moyen 1 Sss »