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métaphysiques, que notre esprit range les erres par classes, genres, espèces, &c. Plus nous avons approfondi Sc décomposé l’idée de divers individus qui nous sont connus, pour y^distinguer toutes les idées simples & distinctes qu’ils offrent à notre méditation ; plus nous sommes en état de rendre exacte 8cprécise la distribution que nous en faisons par classes, moins nous courons de risque de mettre dans le même genre ou la même espèce, comme semblables, des êtres qui, mieux connus, nous offnroient des différences assez essentielles pour exiger d’en faire des classes à part, ou de les rapporter à d’autres.

La compréhension de l’idée en resserre ou en étend l’extension, selon qu’elle est plus ou moins composée, c’est à-dire selon qu’elle renferme un plus ou moins grand nombre d’idées distinctes. Qu’à l’idée de l’être, je n’en joigne aucune autre ; qu’elle ne renferme que la feule idée de l’existence ; j’aurai l’idée abstraite de la plus grande étendue, puisqu’elle s’appliquera à tout ce qui existe. Qu’à l’idée d’existence sc joigne celle d’étendue solide, de divisibilité, d’impénétrabilité, j’aurai une idée universelle moins étendue, puisqu’elle ne conviendra qu’aux corps. Qu’à ces idées renfermées dans la compréhension de l’idée de corps, je joigne celle de fusibilité, de malléabilité, de pesanteur, je resserre l’étendue de cette idée en augmentant sa compréhension ; elle ne convient plus qu’à cette sorte de corps qu’on nomme métaux. Que j’y ajoute encore celle d’une plus grande pesanteur, de la couleur jaune Sc brillante, de la fixité ; je restreins l’idée de métaux, à l’idée de celui-là seul que l’on nomme or. Plus donc, dans l’idée abstraite métaphysique, je fais entrer d’idées qui en augmenrent la compréhension, plus par-’.à je restreins son étendue ou extension.

2°. Les idées abstraites peuvent avoir différens degrés d’abstraction, selon que ce qu’elles représentent à l’efprit s’éloigne plus ou moins de l’idée complette d’un individu : si je ne retranche ou n’abstrais rien de l’idée de Louis XVI, mais que dans la compréhension de l’idée que j’en ai, je rassemble sans exception tous les traits, toutes les idées distinctes que m’offre fa personne, j’ai une idée individuelle qui ne convient qu’à ce seul objet : si je retranche de cette idée celle du nusnero de son nom, pour ne conserver que ce qu’il a de commun avec tous les rois de fa maison qui se sont nommés Louis, l’idée que je me forme par-là est une idée abstraite, qui convient à tous les rois de France qui se sont nommés Louis, Si je retranche de cette idée ce qui n’a été commun qu’aux rois nommés Louis, pour ne garder que ce qui est commun aux rois de France de la race Capétienne, j’aurai une idée plus abstraite, d’une compréhension plus restreinte, mais d’une plus grande étendue, qui embrassera tous les rois qui ont régné çn France depuis Hugues Capet. Si je


retranche ou abstrais-de cette idée tout ce qui est. particulier à chaque race, pour ne joindre à l’idée de roi que c elle de la domination sur Je royaume de France, mon idée sera.plus abstraite’, Sc conviendra à tous les rois de France sans exception. Que j’abstraise encore de cette idée toute idée de domination sur un pays plutôt que sur un autre, toute idée du temps ancien ou moderne, mon idée devient toujours plus abstraite, d’une compréhension moins composée, mais en même-temps d’une étendue plus vaste, puisqu’elle sera applicable à rous les rois qui ont règne sur la terre depuis le commencement, _ & qui régneront jusqu’à la fin. Voilà une première face sous laquelle on peut envisager les idées abstraites, , Sc qui nous les offre comme plus ou moins abstraites, relativement à leur compréhension Sç à leur étendue. Plus la compréhension est restreinte, plus l’extension augmente, plus l’idée est abstraite.

Les idées métaphysiques sont aussi plus ou moins abstraites, relativement à la nature des objets qu’elles représentent.

1°. Les idées métaphysiques moins abstraites, sont celles qui représentent les diveiscs natures communes des êtres, Scqui sont formées sur les modèles des individus existans réellement dans la nature : telles sont les idées générales d’homme, de cheval, de pigeon, de métal, d’esprit. On peut donner à ces idées le nom d’idées abstraites corporelles ou spirituelles, suivant la nature corporelle ou spirituelle des êtres qu’elles comprennent dans leur extension, quoiqu’elles ne représentent pas parfaitement ces êtres, puisque, dans leur compréhension, on ne fait entrer que les idées des traits par lesquels chacun des individus de l’espèce se ressemblent.

2°. On peut placer dans le second rang des idées abstraites, celles qui ont pour objet les modes, les propriétés des êtres, envisagées en général & séparément des substances, ou les substances des êtres considérées en général Sc séparément "dés qualités, des propriétés Sc des modes ; comme sont les idées abstraites de figure, de couleur, de mouvement, de la puissance, de l’action, de l’existence, de l’étendue, de la pensée, de substance, d’essence, Sec.

3°. Moins les objets des idées abstraites ont de réalité, & plus est considérable leur degré d’abstraction : je serai donc autorisé par cette règle, à placer dans un troisième rang, Sc, par-là même, d’assigner un degré plus élevé d’abstraction aux idées qui n’ont pour objet que les relations qui subsistent ou peuvent subsister entre les êtres : je les acquiers en comparant un être à un autre, en observant les circonstances dans lesquelles un être est par rapport à l’autre, & enfin en séparant l’idée de ces relations de celle des êtres entre lek quels je les ai a.ppercues : telles font les idées de