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ou cette qualité, ce sont les noms substantifs en grammaire ; tels sont les mots blancheur, rondeur, longueur, sagesse, mort, immortalité, vie, religion, soi, 8cc.

Les concrets sont ceux qui représentent ces modes, ces qualités avec un rapport à quelque sujet indéterminé, ou autrement ceux qui représentent le mode comme appartenant à quelque être ; Sz ces termes sont ceux que les grammairiens nomment adjectifs, quoiqu’assez souvent ils soient employés comme substantifs, tels sont, blanc, rond, long, sage, mortel, mort, immortel, vivant, religieux, fidèle, &c. quoique les termes sage, fou, philosophe, lâche, 8cc s’emploient souvent comme substantifs, ils font cependant termes concrets, parce qu’ils ont leurs termes abstraits correspondans, sagesse, folie, philosophie, lâcheté, &c.

Après ces explications, que nous ne saurions étendre sans répéter ce que nous avons dit sous abstraction, ëz ce que nous dirons sous iàées abstraites, il ne nous reste qu’une ou deux remarques à faire sur ies termes abstraits.

1°. Un terme abstrait peut quelquefois être employé comme nom propre & individuel, en y ajoutant quelque mot qui eii restreigne le sens à un seul individu, ou en indiquant quelque circonstance qui produise le même effet dans l’efprit de ceux qui la connoissent. Ainsi, père, mère, femme, sœur, maison sont des termes généraux, des termes abstraits : ils deviendront individuels, si je dis, par exemple, mon père, ma mère, ma femme, fa sœur, la maison de saint — Paul. De même si, étant à Paris, je dis, le roi, la rivière, chacun fait que je parle de Louis XVI, de la Seine, quoique ces termes roi, rivière, soient des termes généraux qui, en tout autre cas, désignent chaque roi, chaque rivière, &c.

2°. De même des termes individuels, des noms propres peuvent devenir des termes universels & abstraits, parce qu’ayant pris, de l’être unique que chacun désigne, les caractères les plus frappans qui les ont distingués, on en fait un concept à part, auquel on donne ce nom propre individuel, & on emploie ce nom propre à désigner tout autre être qui lui ressemble par ces traits caractéristiques. Ayant saisi, par exemple, dans l’idée individuelle A’Alexandre, les idées partielles d’ambition, de valeur entreprenante, dans l’idée de César, celle d’un général parfait, qui joint la science militaire, l’étude des belles — lettres, La prudence, l’activité au courage héroïque ; j’emploie les mots Alexandre & César, comme des noms communs qui ne désignent que des traits distinctifs de ces individus : je les emploie dans ce sens, & je dis de Chades XII, c’est [’Alexandre du nord ; de Frédéric III, c’est un César. C’est dans ce même sens que l’on dira d’un pol’tique fourbe, cruel, qui emploie la trahison & le crime, c’est un Machiavel.

3°. C’est à l’existence des termes abstraits que


nous devons ces figures poétiques, qui consistent à personnifier des idées purement intellectuelles ; — la mort, la religion, la discorde, la nature, la superstition, &c. Peut — être est — cë à l’abus de ces termes que l’on a dû le polythéisme « absurde de tant de peuples, parce que l’on a personnifié les attributs divins Scies divers actes de la providence. On’a bientôt oublié que ces termes ne désignoient que’, des idées abstraites, &ç non des êtres réels existans à part.

4°. Enfin, il faut observer que l’on ne peut fixer le sens des termes abstraits, qu’en détaillant les diverses idées simples dont la réunion constitue l’idée abstraie, qu’on désigne par leur moyen ; mais si l’objet que signifie ce terme abstrait, n’est lui-même qu’une seule idée simple, ce qui a lieu dans les noms des sensations simples, comme rouge, verd, doux, aigre, chaud, froid, on ne peut pas les définir ; il faut’les expliquer par d’autres termes, ou présenter l’objet même, & le faire agir sur les sens. Anc. Encyclop. (G. M.)

ABSTRAITE (idée), Logique. C’est celle qui nous représente seulement une partie des idées simples que nous distinguons dans l’idée totale d’un individu. Nous acquérons ces idées par le moyen de l’abstraction. Voyez ci-dessus ce mot.

Comme il y a deux sortes d’abstractions, l’abftraction physique qui nous donne les idées abstraites individuelles, & l’abstraction métaphysique qui nous procure les idées générales ou universelles ; il y a aussi deux sortes d’idées abstraites considérées relativement à leur origine. Les idées abstraites individuelles sont celles que j’acquiers par la décomposition de l’idée totale d’un individu unique, que j’examine seul, en lutmême, sans rapport à aucun autre qu’à moi, soit que cet individu soit moi— même, soit qu’il existe hors de moi.

Les idées individuelles abstraites sont’les élémens de toutes les autres idées que je puis avoir, de toutes les connoissances que j’acquiers, de toute la capacité intellectuelle qui me distingue des brutes. Je dois ces idées, soit à mes sens qui reçoivent des impressions qui se communiquent à mon ame, & lui donnent ces idées qui lui représentent, ou qu’elle croit lui représenter les objets. qui les occasionnent ; soit à ce sentiment intime qu’elle a de ce qui se passe en elle — même, de ce qu’elle sait, de ce qu’elle souffre. Si chaque individu ne l’affectoit que d’une seule manière, elle n’auroit de chacun qu’une idée simple, indivisible, dont elle ne pourroit rien abstraire ; mais chaque individu, chaque être l’affectant de diverses manières, faisant sur elle des impressions différentes, soit momentanées, soit successives, elle distingue ces impressions, elle les considère à part, &r se forme par ce moyen des idées abstraites. Une boulèts’offre à mes regards, & repose sur ma main ; te m en forme une idée d’après les impressions qu elle fait sur mes sens ; je distingue ces impres-