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PRELIMINAIRE.

les bons esprits ; mais on peut l’acquérir, en réunissant les instructions que donnent ces sciences à la pratique des règles qu’elles établissent. On les apprend sur-tout dans un certain nombre des bons livres de ce siècle, où l’on en sent plus particulièrement les progrès ; c’est-là où on s’en pénètre, sans même s’en appercevoir ; c’est par ces livres que se développe incessamment, dans tous les peuples éclairés, cet esprit de discussion qui fait tomber incessamment tous les préjugés, & qui rend communes des vérités qu’à peine autrefois pouvoit-on entrevoir.

Si l’on considère ces sciences par tous les objets auxquels elles peuvent s’appliquer, & tous les progrès qu’elles peuvent y amener, elles ne sont encore qu’à l’aurore de leurs beaux jours. Il est de leur destination d’analyser toutes nos facultés, toutes les opérations de notre esprit, d’étendre toutes les vérités, de détruire toutes les erreurs qui tiennent à cette double étude. Elles ont encore beaucoup à faire pour éclaircir, simplifier, completter leurs principes. Il seroit encore bien utile de répandre sur leurs notions cet intérêt qui peut seul retenir l’attention sur des idées toujours un peu difficiles à manier, & je crois qu’elles sont susceptibles de tout celui dont elles ont besoin ; une foule de morceaux de nos grands écrivains l’ont déja heureusement prouvé.

Il eût été digne de l’Encyclopédie de traiter la Métaphysique & la Logique dans un plan si utile & si grand. Mais ni un seul homme, ni un seul livre ne peuvent y suffire. Il est à croire que dans quelque temps ces sciences auront acquis tout leur développement ; alors on pourra réunir, comme dans un seul code, le système entier de leurs principes, & l’exposer avec la majesté dont il est digne. En attendant, tout ce qu’on peut faire de mieux, c’est de rassembler les matériaux de ce grand ouvrage. On auroit pu les fonder dans un seul plan, leur donner le même style. Mais qui oseroit substituer ses idées & son style aux travaux des créateurs de ces sciences ? Pour moi, j’avoue que je suis incapable de cette espèce d’audace, & qu’un si grand travail est autant au-dessus de mes forces que du temps qui m’est accordé. L’ouvrage d’ailleurs, en acquérant de l’uniformité, n’auroit-il pas perdu une variété précieuse ? J’ai mieux aimé ne rien donner de moi, & tout prendre dans nos bons auteurs. Il m’a semblé que le temps n’étant pas encore venu de faire le tableau entier des progrès de ces sciences, il valoit mieux en montrer les parties dans leurs disparités, que dans une unité maigre & sèche. Ce