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DISCOURS

le présent l’éclairoit, l’avenir lui donnoit de grandes espérances qui ajoutoient à ses ressources ; il portoit sur toutes les sciences une vue plus saine, & il les concevoit dans un plan plus agrandi. Il ne lui manquoit plus que de refaire l’instrument général de ses connoissances, & il en étoit devenu capable.

Aussi, si vous observez ce qui s’est passé depuis Locke & Newton dans toutes les sciences & chez presque toutes les nations, principalement en Angleterre & en France, vous y reconnoîtrez d’étonnans progrès & la plus notable révolution. Plusieurs sciences se sont enrichies des plus belles découvertes ; d’autres ont rempli une partie des lacunes qui restoient dans leur système. Presque toutes, en empruntant le secours de celles qui les avoisinent, sont parvenues tout-à-la-fois, à reculer leurs bornes & à bien circonscrire leurs enceintes. Les plus utiles études de la société, la législation, le commerce, les finances, se sont éclairées de cet esprit de discussion, dont je puis louer les services, sans en approuver les écarts. C’est lui qui a su dissiper les notions confuses, démêler les principes, créer des règles à la place des routines, simplifier l’examen des détails, poser des résultats, & tirer des théories solides de faits bien observés. L’instruction, sur tous les objets, a plus de justesse, de précision, d’étendue. Examinez les principaux ouvrages de notre siècle, vous y verrez des mérites dont nos dévanciers ne peuvent offrir de modèles, même dans des parties où ils conservent la supériorité du génie. Que pourroient-ils opposer, dans le genre de l’histoire, à l’Introduction de l’Histoire de Charles-Quint, à l’Histoire générale de Voltaire, à la grandeur & décadence des romains ? N’y sent-on pas que ces ouvrages ne pouvoient recevoir le mérite qui les distingue que de la Philosophie de ce siècle ? Combien d’autres beaux ouvrages attestent encore son influence & ses bienfaits ! Comment auroit-on pu, avant que l’esprit humain eût commencé à marcher dans les nouvelles voies, analyser les principes de la société, comme ils le sont dans un grand nombre de livres, dont le Gouvernement civil de Locke a été le premier, & l’Esprit des loix le plus riche & le plus admirable ? Où pourroit-on trouver ailleurs un aussi beau système de la science humaine que celui que nous offre le Discours préliminaire de l’Encyclopédie, autant de vues, d’observations sur le cœur de l’homme que dans l’Emile ? Ajoutons encore que nous devons à l’esprit de notre siècle le précieux talent de savoir soulager l’esprit, dans les discussions les plus difficiles, par une ordonnance simple & grande, par une méthode