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iv
DISCOURS

sique est fondée sur les deux premières de ces opérations de l’esprit que nous avons marquées, l’analyse & l’analogie ; elle s’occupe d’en étendre & d’en perfectionner l’usage, en les portant sur ces collections d’idées abstraites que nous avons tirées de nos analyses & de nos analogies particulières, & sur ces parties de nous-mêmes & de la nature, que nous ne pouvons étudier que les dernières. La Logique se rapporte uniquement à l’expérience de nos bons & de nos mauvais procédés dans la recherche de la vérité, & a pour but de nous faciliter les uns & de nous garantir des autres. Ces sciences, par les bornes de nos facultés, ne peuvent presque rien nous découvrir sur le fond des choses, presqu’entiérement voilé pour nous ; mais, en nous avertissant de ce qui échappe à notre intelligence, en mettant plus d’ordre & de netteté dans ce que nous avons appris, en nous guidant mieux dans ce que nous voulons apprendre, elles deviennent le premier appui & la principale lumière des autres sciences. Cependant elles peuvent leur devenir aussi nuisibles, qu’elles devoient leur être utiles, si elles s’égarent dans leurs recherches & leur marche ; c’est ce qui est arrivé pendant une longue suite de siècles, par des causes & d’une manière qu’il faut expliquer.

Il est un temps dans la vie de l’homme où ses organes développés, ses forces accrues, son intelligence ouverte & enrichie de tout ce qu’on lui a appris & de ce qu’il a observé lui-même, lui donneroient le droit d’avancer sans guide dans la carrière de la vie, & les moyens de s’y créer une destinée brillante & heureuse ; mais il porte encore en lui-même une grande source d’erreurs : le cours de la société lui prépare une foule de traverses & d’obstacles, & ses premiers écarts, ses premiers malheurs l’éloignent pour long-temps du moins de ces succès auxquels tout sembloit le conduire. Il en est de même dans l’histoire de l’esprit humain. Lorsqu’il se sentit assez avancé, pour se donner une nouvelle méthode d’apprendre plus féconde & plus hardie, il ne se trouva pas encore capable d’en bien choisir les élémens, de l’établir sur de bons principes. Il n’y avoit qu’une bonne façon de la former ; c’étoit de démêler par la réflexion tout ce qu’il avoit acquis par l’instinct, d’observer ses facultés pour se faire un art de les conduire, de mesurer les choses qu’il vouloit apprendre avec ses moyens de les pénétrer, & de reconnoître par-là & ses ressources & ses bornes. Mais, bien loin de perfectionner en lui la méthode de l’analyse, le talent de l’analogie, & la science de vérifier sans cesse ses observations & ses jugemens, il ne parut pas même soupçonner que ce fus-