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PRELIMINAIRE.

leur rectitude. Comme nous n’apprenons & ne faisons rien que de cette manière, c’est de la nature que nous tenons ces procédés d’instruction ; elle nous les inspiré, en nous en faisant sentir le besoin ; après nous les avoir enseignés, elle nous en fait contracter l’habitude. Ces procédés nous sont si naturels, que souvent nous les suivons, sans les remarquer en nous. L’enfant les emploie comme l’homme mûr ; le plus grossier des artisans comme le plus habile des philosophes. Mais on peut les pratiquer par étude comme par instinct, étendre & corriger l’habitude par l’art. Aussi dans chaque science, dans chaque profession, on a réfléchi sur les meilleurs moyens d’en faire usage ; & c’est sur ces réflexions plus ou moins justes, plus ou moins habiles qu’est fondé l’enseignement dans chaque science, dans chaque profession.

Lorsque les sciences & les arts eurent fait quelques progrès, l’esprit humain se trouva assez fort, assez exercé, pour tourner ses pensées sur les moyens même par lesquels il les acquéroit ; alors il sortit de ces premiers objets analogues aux premiers besoins de la société, pour se ramener sur son être, pour l’étudier & l’approfondir ; il examina ses idées, ses sentimens, toutes ses affections. Frappé de tout ce qu’il observoit dans son ame & dans la nature, il voulut remonter aux causes de tout, s’élever jusqu’à ce principe universel & unique que tout lui révéloit, & duquel il voyoit tout s’écouler. Alors il jetta les fondemens de toutes ces sciences qui s’attachent à démêler les principes de la marche de la nature & des opérations de l’ame ; il créa la Métaphysique, qui lui apprend ce qu’il peut connoître de son être, la Physique générale & les Mathématiques, par lesquelles il sépare toutes les propriétés des corps de la matière même, pour les observer dans tout ce qu’elles ont de plus fin & de plus étendu, & qui sont, en quelque sorte, la métaphysique des choses corporelles, la Méchanique qui est aussi comme la métaphysique de la pratique des arts. Toujours près de l’erreur & dans les sciences particulières, & dans ces sciences abstraites qu’il commençoit, l’esprit humain sentit le besoin de se faire des règles dans ses travaux ; il les tira de ses observations dans l’un & l’autre genre de ses études, & il rangea ces règles elles-mêmes en corps de science ; ce qui produisit la Logique, qui nous donne une méthode pour bien raisonner, c’est-à-dire, pour bien lier nos idées les unes aux autres, & toutes ces autres sciences qui, sur divers objets, nous offrent les secours de l’art, pour marcher à pas plus fermes & plus rapides, telles que la Rhétorique, la Poëtique, la Critique ; d’où l’on voit que la Métaphy-


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