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tribué ces scntimens à quelque nouveau principe, "distingué du principe qui sent Sc de celui qui pense ? Serait-ce parce que chaque sentiment suppose toujours une sensation ou une pensée qui J’accompagne ou la précède

Mais chaque sensa-

tion suppose toujours dans Torgane matériel un ébranlement qui la précède ou Taccompagne ; 8c cependant cette sensation n’appartient pas à Torgane ébranlé. Allons plus loin. Nous rapportons la sensation à cet organe, quoiqu’elle n’y appartienne pas ; n’y a-t-il donc pas une sorte de rapport , du moins apparent,

entre Tébrankment Sc

Ja sensation ? Au lieu qu’il n’y a pas même Tapparence du rapport entre la sensation de la vue, ’

de Touïe , Sec. 8c la volonté de faire quelqu’action, Pourquoi donc ne regardons -

nous pas la

sensation Se la volonté comme appartenantes à différens principes ? Si la faculté de sentir étoit unie à toutes les parties de la matière, Sc la faculté de vouloir à quelques-unes seulement, nous re-

garderions vraisemblablement

cette dernière fa-

culté comme appartenante à un principe différent de celui auquel nous rapportons nos sensations ; 8e peut-être serions-nous tentés (quoique fans fondement) d’attribuer les sensations à la matière même.

Ces réflexions avoient probablement frappé les anciens , lorsque, dans leur philosophie suranée, ils distinguoient

Yame raisonnable qui pense, de Yame sensitive qui ne fait que sentir ; 8e le chancelier Bacon paroît ne pas s’écarter de cette idée, lorsqu’il distingue la science de l’ame en science du souffle divin , d’où est sorti, dit-il, Yame raisonnable , Se science de Yame irrationnelle, qui

nous est , dit il, commune avec les brutes, Se qui est produite du limon de la terre. On ne peut, ce me semble , attribuer guères plus clairement à la matière la faculté de sentir ; 8e il faut avouer que cette idée , si elle n’avoit pas d’ailleurs d’autres inconvéniens, fournirait

la réponse à une des

plus fortes objections qu’on peut faire contre l’ame des bêtes ; car si cette ame n’étoit que matière , elle périrait naturellement

avec k corps. Il est

vrai que les animaux paraissent avoir encore autre chose que des sensations , Sc être susceptibles d’une sorte de raisonnement qu’on ne peut attribuer qu’à une substance pensante. Aussi Descartes , qui regardoît la faculté de penser Se celle de sentir comme Tattribut d’une seule Se même substance , a refusé tout-à- .fait Tune Se l’autre faculté aux animaux , coupant ainsi le noeud gordien pour s’en débarasser. Mais il paroît que jusqu’à lui les idées des philosophes n’étoient pas bien fixées fur la différence ou Tidentité de Yame sensible Se de Yame raisonnable. Il ne faut peut-Être , pour s’en convaincre , que sc rappeller ce principe trivial Se de tous les temps, que la raison est ce qui distingue Thomme de la brute ; par Je mot raison , on n’a pu entendre que la faculté de penser,,

en tant qu’elle est distinguée de celle de sentir. Encore ne ’faut-il pas entendre ici par faculté de penser, ce que cette expression signifie à la rigueur ; mais seulement la faculté de penser perfectionnée Se rendue capable de s’étendre audelà des besoins naturels : car, pour la faculté de connoître ks vrais besoins de Tindividu , leur nature, leur étendue, leurs limites, 8e les moyens d’y satisfaire , avouons - le à la honte de notre espèce , cette faculté paroît plus parfaite dans les animaux que dansks hommes.

Mais,

dira-t -on,

au lieu d’attribuer

à deux

principes différens la sensation Se Tébrankment de Torgane , tandis qu’on attribue au même principe des choses aussi différentes que la sensation Se la pensée , ne seroit-il pas plus court 8c plus simple de rapporter tout à un même principe, ébran-

lement , sensation , pensée , affections , Sec. cette manière de raisonner seroit, ce»me semble, peu philosophique,

indépendamment

même des

inconvéniens qui en résulteraient pour la religion. Bien loin de prétendre tout réduire à la matière, plus j’approfondis la notion que je m’en forme , plus cette notion me paroît un abyme d’obscurité. Le philosophe qui affirmerait qu’il n’y a qu’une substance, 8e celui qui voudrait en ad-

mettre trois, quatre ou davantage , scroient également téméraires. De bonne foi , avons - nous même une idée claire de ce que c’est que substance , pour être si hardis dans nos assertions ? II n’y a qu’à écouter les définitions que ks philosophes en donnent. La substance , disent les uns, est ce qui existe par soi-même. On croirait qu’ils veuient parler de Dieu ; car if n’y a que •Dieu qui puifle exister par soi-même. La.substance , disent les autres, est ce qui existe en soimême ; cela n’est - il pas bien clair ? Qu’est-ce qu’exister en soi ?, On sent bien que, par cette façon de parler,

on veut distinguer la substance qui existe indépendamment de la modification ,

d’avec la modification

qui ne peut exister sans la ;

substance ; mais Tidée qui reste de la substance en est-elle plus nette ? Faites abstraction de toutes ks modifications Tune après l’autre ; imaginez que ce que vous appeliez substance ou sujet de ces modifications en soit dépouillé successivement, il ne vous restera phis Tidée de rien, Se-la substance ne sera plus qu’un mot que vous prononcerez. Pour le faire sentir par un exemple , demandons aux philosophes çe que c’est que la matière. Ils nous diront que c’est une substance étendue 8c impénétrable.

Otez Timpénétrabilité , qui est la modification distinctive par laquelle l’étendue simple est rendue matière , il nous restera l’étendue." Otez encore l’étendue qui, suivant la plupart au moins des philosophes

modernes , ne constitue

point Tessence de la matière , il ne reste plus au^ cun objet, aucune idée dans Tefprit ; 8c , quand il resterait l’étendue , c’est-à-dire une portion de Tespace , il faudrait encore savoir si cette por, tion de Tespace, Sc Tespace

mê-me , sont, que,*