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des siècles. Ce fystême, qui est insoutenable par rapport aux hommes , Se qui est d’ailleurs prof-’ crit par la religion , convient admirablement bien aux bêtes, selon je père Bougeant, Se ne choque ni la religion ni la raison. Les démons, destinés de Dieu à être des bêtes, survivent

né-

cessairement à leur corps, Sc cesscroient.de remplir leur destination,

fi,, lorsque leur premier

corps est détruit, ils ne passoient aussi-tôt dans un autre pour recommencer à vivre sous une autre forme.

Si les bêtes ont de la connoissance 8e du sentiment, elles doivent conséquemment avoir en-

tr’elks,

pour leurs besoins mutuels , un langage intelligible. La chose est possible ; il ne faut qu’examiner si elle est nécessaire. Toutes les bêtes ont de la connoissance, c’est un principe avoué ; Sc nous ne voyons pas que Tauteur de la nature ait pu leur donner cette connoissance pour d’autres fins que de les rendre capables de pourvoir à leurs besoins , à leur conservation , à tout ce qui leur est propre 8c convenable dans leur condition , Sc la tonne de vie qu’il leur a prescrite. Ajoutons à ce principe,

que beaucoup d’espèces de bêtes sont faites pour vivre en société, Sc les autres pour vivre du moins en ménage, pour ainsi dire , d’un mâle avec une femelle , Se en famille avec leurs petits jusqu’à ce qu’ils soient élevés. Or, si Ton suppose qu’elles n’ont point entr’elles un langage , quel qu’il soit, pour s’entendre ks unes les autres, on ne conçoit plus comment kur société pourroit subsister : commentles castors, par exemple, s’aideroient-ils les uns les autres pour se bâtir un domicile,

s’ils n’avoient un langage très-net Sc aussi intelligible pour eux que nos langues le font pour nous ? La connoissance , fans une communication réciproque par un langage sensible 8c connu, ne suffit pas pour entretenir la société, ni pour exécuter une entreprise qui demande de l’union Se de l’inteiligence.

Comment ks loups

concerteraient-ils

ensemble des ruses de guerre

dans la chasse qu’ils font aux troupeaux de moutons , s’ils ne s’entendoient pas ? Comment enfin des hirondelles

ont-elles pu se parler,

former

toutes ensemble le dessein de claquemurer un moineau qu’elles trouvèrent dans le nid d’une de leurs camarades , voyant qu’elles ne pouvoient l’en chasser ? On pourroit apporter mille autres traits semblables pour appuyer ce raisonnement. Mais ce qui ne souffre point ici de difficulté , c’est que si la nature les a faites capables d’entendre une langue étrangère , comment leur auroit-elle refusé ta faculté d’entendre 8e de parler une langue naturelle ?

car les bêtes nous parlent 8e nous entendent 

fort bien.

Quand on fait une fois que les bêtes parlent 8c s’entendent, la- curiosité n’en est que plus avide de connoître quels sont les entretiens qu’elles peuvent avoir entr’elles. Quelque difficile qu’il soit d’expliquer leur langage Sc d’en donner le dictionnaire , le père Bougeant a osé le te.nter. Ce qu’on peut assurer, c’est que leur langage doit être fort borné, puisqu’il ne s’étend pas au-delà des besoins de la vie ; car la nature n’a donné aux bêtes la faculté de parier, que pour exprimer entr’elles leurs désirs Sc leurs scntimens, afin de pouvoir satisfaire par ce moyen à leurs besoins Se à tout ce qui est nécessaire pour leur conservation : or tout ce qu’elles pensent, tout ce qu’elles sentent, se réduit à la vie animale. Point d’idées abstraites par conséquent, point de raisonnemens métaphysiques , point de recherches curieuses fur tous ks objets qui les environnent,

point d’autre science

que celle de sc bien porter,

de se bien conserver,

d’éviter tout ce qui leur nuit, Sc de se procurer du bien. Ce principe une fois établi, que les connoissances, ks désirs , les besoins des bêtes, 8c par conséquent leurs expressions , sont bornées a ce qui est utile ou nécessaire pour kur conservation ou la multiplication

de leur espèce ; il n’y a

rien de plus aisé que d’entendre çe qu’elles veulent se dire. Placez-vous dans les diverses circonstances où peut se trouver quelqu’un qui neconnoît Sc qui ne fait exprimer ses besoins : 8e vous trouverez dans vos propres discours [’interprétation de ce

qu’elles sc disent. Comme la chose qui les touche le plus est le désir de multiplier kur espèce , ou du moins d’en prendre les moyens , toute leur conversation roule ordinairement sur ce point. On peut dire que le P. Bougeant a décrit avec beaucoup de vivacité leurs amours , Se que le dictionnaire qu’il donne de leurs phrases tendres Sc voluptueuses , vaut bien celui de Topera. Voilà ce qui a révolté dans un Jésuite, condamné par étan à ne jamais abandonner son pinceau aux mains de i’amour. La galanterie n’est pardonnable, dans

un ouvrage philosophique , que lorsque Tauteur de Touvrage est homme du monde ; encore bien des personnes l’y trouvent-elles déplacée. En prérendant ne donner aux raisonnemens qu’un tour léger 8e propre à intéresser par une sorte de badinage, souvent on tombe dans le ridicule ; Sc toujours-on cause du scandale , si Ton est d’un état qui ne permet pas à Timagination de sc livrer à ses saillies. Il paroît qu’on a censuré trop durement .notre Jésuite , sur ce qu’il dit que les bêtes sont animées par des diables. Il est aisé de voir qu’il n’a jamais regardé ce fystême que commeune imagination bisarre Se presque folle. Le titre d’amusement qu’il donne à son livre , 8c les plai-^ fanteries dont il

Tégaye , font assez veir qu’il ne le croyoit pas appuyé fur des fondemens assez solides pour opérer une vraie persuasion. Ce n’est pas que ce fystême ne réponde à bien des difficultés, 8e qu’il ne fût assez difficile de k convaincre de faux rmais cela prouve seulement qu’on» peut assez bien soutenir une opinion chimérique’ pour embarrasser des personnes d’esprit, mais

non pas assez bien pour les persuader. Il n’y a , dit M. de Fontenelk dans une. occasion à-peu.-’ Li