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AME AME 70 . péut-êtré que si dans Thomme le principe intelligent 8c raisonnable étoit éteint," on n’y verroit pas moins de mouvemens raisonnés., pour ce qui regarde les biens du corps , ou , ce qui revient à la même chose , pour T utilité du principe sensitif qui resterait seul, que Ton n’en remarque dans les brutes. Si Yame des bêtes est immatérielle, dit-on, si c’est ^1 esprit comme notre hypothèse le suppose, elk est donc immortelle 0 8e vous devez nécessairement lui accorder le privilège de Timmortalité, comme un apanage inséparable de la spiritualité de sa nature. Soit que vous admettiez cette conséquence , soit que vous preniez le parti de la nier, vous vous jettez dans un terrible embarras. L’immortalitédel’ame des bêtes est une opinion trop choquanre Sc trop ridicule aux yeux de la raison même , quand elle ne seroit pas proscrite par une autorité-supérieure , pour Toser soutenir sérieusement ; VOUS- voilà donc réduit à nier la conséquence , ’ 8c à soutenir que tout être immatériel n’est pas immortel : mais dès lors vous anéantissez une des plus grandes preuves que la raison fournisse pour Timmortalité de Yame. Voici comme Ton a coutume de prouver ce dogme : Yame ne meurt pas avec k corps , parce qu’elle n’est pas Corps, parce qu’elle n’est pas divisible comme lui, parce qu’elle n’est pas un tout tel que le corps humain, qui puisse périr par le dérangement ou la séparation des parties qui le composent. Cet argument n’est solide, qu’au cas que k principe fur lequel il roule le soit aussi ; savoir , que tout ce qui est immatériel est immortel, 8e qu’aucune substance n’est anéantie : mais ce principe sera réfuté par Texemple des bêtes ; donc la spiritualité de Yame des bêtes ruine les preuves de Timmortalité de Yame humaine. Cela seroit bon si de ce raisonnement nous concluions Timmortalité de Yame humaine ; mais il n’en est pas ainsi. La parfaite certitude que nous avons de Timmortalité de nos âmes ne sc fonde que fur ce que Dieu Ta révélée : or la même révélation qui nous apprend que Yame humaine est immortelle , nous apprend aussi que celle des bêtes n’a pas le même privilège. Ainsi , quoique Yame des bêtes soit spirituelle , 8e qu’elle meure avec le corps, cela n’obscurcit nul- lement Je dogme de Timmortalité de nos âmes , puisque ce sont-là deux vérités de fait dont la certitude a pour fondement commun le témoignage divin. Ce n’est pas que la raison ne se joigne à la révélation pour établir Timmortalité de nos âmes , mais elle tire scs preuves d’ailleurs que de la spiritualité. U est vrai qu’on peut mettre à la tçte des autres preuves la spiritualité ; il faut aguerrir les hommes contre les difficultés qui les étonnent ; accoutumés , en vertu d’une pente qui leur est naturelle , à confondre Yame avec le corps ; voyant du moins , malgré leur distinction , qu’il n’est pas possible de ne pas sentir combien le corps a d’empire fur Yame , à quel point il influe fur son bonheur 8e sur sa misère, combien la dépendance mutuelle de ces deux substances est étroite , on sc persuade facilement que leur destinée est la même ; 8c que puisque ce qui nuit au corps blesse-Yame, ce qui détruit le corps doit aussi nécessairement la détruire. Pour nous munir contre ce préjugé , rien n’est plus efficace que le raisonnement fondé sur la différence essentielle de ces deux êtres, qui nous prouve que l’un peut* subsister sans l’autre. Cet argument n’est bon qu’à certains égards, Sc pourvu qu’on ne le pousse que jusqu’à un certain point. Il prouve seulement que Yame peut subsistes après la mort ; c’est tout ce qu’il doit prouver : cette possibilité est le premier pas que Ton doit faire dans Texamen de nos questions, Se ce premier pas est important. C’est avoir fait beaucoup que de nous convaincre que notre ame est’hors d’atteinte à tous ks coups qui peuvent donner la mort à notre corps. Si nous réfléchissons fur la nature de Yame des bêtes , elle ne nous fournis rien de son fonds qui nous porte à croire que fa spiritualité la sauvera de Tanéantissement. Cette ame, je Tavoue, est immatérielle ; elle a quelque degré d’activité Sc d’intelligence, mais cette intelligence se borne à des perceptions indistinctes ; cette activité ne consiste que dans des désirs confus , dont ces perceptions indistinctes sont le motif immédiat. Il est très-vraisemblable qu’une ame purement sensitive, 8c dont toutes ks facultés ont besoin , pour se déployer , du secours d’un corps organisé , n’a été faite que pour durer autant que ce corps : il est naturel qu’un principe uniquement capable de sentir, un principe que Dieu n’a fait que pour Tunir à certains organes, cesse de sentir Se d’exister , aussi-tôt que ces organes étant dissous, Dieu fait cesser Tunio’n pour laquelle seule il l’avoit créé. Cette ame purement scnsitiye n’a point de facultés qu’elle puisse exercer dans Tétat de séparation d’avec son corps : elk ne peut point croître en félicité non plus qu’en connoissance , ni contribuer éternellement, comme Tame humaine, à la gloire du Créateur , par un progrès éternel de lumières Se de vertus. D’ailleurs elle ne réfléchit point ; elle ne prévoit ni ne désire Tavenir ; elle est toute occupée de ce qu’elle sent à chaque instant de son existence ; on ne peut donc point dire que la bonté de Dieu Tengage à lui accorder un bien dont ell§ ne saurait se former Tidée, à lui préparer uflsiavenir qu’elle n’espère ni ne désire. L’immortalité n’est point faite pour une telk ame ; ce n’est point un bien dont elle puisse jouir ; car , pour jouir de ce bien , il faut être capable de réflexion , il faut pouvoir anticiper par la pensée sor Tavenir le plus reculé ; il faut pouvoir se dire à soi-même , je fuis immortel ; Se, quoi qu’il arrive , je ne cesserai jamais d’être, Se d’être besreux. L’objectîon prise des souffrances des bêtes e% la plus redoutable de toutes celles que Ton piiâTe