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ACCROISSEMENT. C’eſt cet effet de la végétation ſur les plantes, par lequel le diamètre comme la longueur de leurs tiges, & de leurs branches, s’augmentent, en ſorte quelles deviennent plus grosses & plus grandes pendant tout le tems qu’elles croiſſent.

La plante commence à croître ſenſiblement dès le moment où ſon germe commence à ſe développer dans la graine ; mais ſon Accroiſſement finis quelque tems avant ſa mort.

Toutes les parties des plantes ſont ſuſceptibles d’Accroiſſement, quand elles ſont dans les circonſtances propres à croître. Les racines, les tiges, les branches, les boutons, les feuilles, les fleurs, les fruits, les graines, &c. s’étendent en épaiſſeur & en longueur, juſqu’à ce qu’ils aient atteint la longueur & l’épaiſſeur qu’ils doivent avoir.

Pour être plus exact, je diſtinguerai les phénomènes particuliers, à ces deux genres d’Accroiſſement. Toutes les plantes, & leurs parties s’alongent d’autant plus dans un tems donné, qu’elles ſont plus jeunes & plus tendres. Comme elles ſont dans la graine & dans le bouton, ſous la forme la plus molle, c’est alors auſſi que leurs progrès ſon les plus rapides : ils diminuent enſuite proportionnellement aux degrés d’endurciſſement, que la plante ou ſes branches reçoivent, de manière que l’accroiſſement des tiges eſt plus grand à leur extrémité qui eſt herbacée, qu’à leur baſe qui eſt plus ligneuſe. Le degré de dureté qui eſt le terme de l’accroiſſement d’une plante, eſt relatif à l’eſpèce de cette plante. Les herbes ceſſent de croître à un degré de dureté, qui ne s’oppoſe pas à l’accroiſſement des plantes vivaces ; & celles-ci ne croiſſent plus lorſqu’elles ont atteint un degré de dureté, que les arbres dépaſſent en croiſſant toujours. Cette obſervation eſt également vraie pour chaque eſpèce d’arbre & de plante, ſi l’on ſuppoſe que toutes les autres circonstances ſoient d’ailleurs égales.

Les plantes s’étendent de même en largeur, c’eſt-à-dire que le diamètre de leurs tiges ou de leurs branches s’augmente. On ne peut en douter quant on meſure en divers tems le diamètre des plantes, qui prennent de l’Accroiſſement, & ſur-tout quand on voit ſur la ſection d’une tige ou d’une branche, la faite des couches ligneuſes, qui ſe ſont ſucceſſivement formées les unes autour des autres.

Il paroît donc que l’alongement, des fibres, fait l’accroiſſement en longueur, & que l’augmentation des couches ligneuſes fait l’accroiſſement-

en largeur. En général, les premiers accroiſſemens

ſont les plus grands. Les bornes de l’accroiſſement ſont celles de l’endurciſſement que la plante doit prendre ; auſſi les arbres qui s’endurciſſent lentement, conſervent long-tems la faculté de s’étendre ; & c’eſt ſans doute ſur la durée de l’Accroiſſement d’une plante, qu’on peut calculer la durée de ſa vie ; il y a des plantes qui croiſſent & vivent pendant quelques jours ; il y en a qui croiſſent et vivent pendant pluſieurs ſiècles. L’Accroiſſement en groſſeur ſe fait encore pendant quelque tems, par l’addition ſucceſſive des couches ligneuſes, tandis que l’Accroiſſement en longueur eſt fini par l’allongement des fibres ligneuſes. Mais cet accroiſſement réel en longueur & en groſſeur, a des bornes pour toutes les Plantes, & ces bornes ſont plus ou moins déterminées dans chaque plante, par les propriétés de ſon eſpèce & par l’état de l’individu.

On obſerve encore que les plantes en ceſſant de croître, ne ceſſent pas de vivre, de forte qu’elles doivent toujours recevoir une eſpèce d’accroiſſement, pour réparer les pertes que leur vie occaſionne naturellement, & même pour ſoutenir les débris que la vieillesse & la caducité préparent enfin aux arbres les plus vigoureux. D’ailleurs ſi la tige & les vieilles branches des plantes ceſſent de croître au bout d’un certain, tems, on voit toujours de petites branches & de petites racines ſe développer, de nouvelles feuilles cacher leurs plaies, de nouvelles fleurs parfumer leur vieilleſſe, de nouveaux fruits récompenſer la main qui ſoigne leurs vieux ans, en ſorte que l’on peut toujours obſerver un Accroiſſement réel dans les Plantes qui ne paroiſſent plus croître.

Toutes les parties des Plantes croiſſent ſouvent dans le même-tems, mais elles ne croiſſent pas de la même manière : les racines ne s’alongent que par leur extrémité, tandis que les tiges & les branches croiſſent dans toute leur longueur, mais ſur-tout vers leur extrémité qui eſt pour l’ordinaire entièrement herbacée dans l’arbre qui croît, & plus tendre dans les plantes annuelles. Les boutons croiſſent dans toute leur longueur & leur largeur. Les feuilles des plantes épaiſſes ne s’étendent que par leur base. Voyez le mot PLANTE, BOUTON, BRANCHE, FEUILLE, FLEURS, FRUITS, GRAINES, TIGES, où l’on trouvera l’Hiſtoire du développement particulier & de l’Accroiſſement de ces parties ; c’eſt ainſi qu’on acquerra véritablement une idée juſte de l’Accroiſſement total de la plante.

L’Accroiſſement des plantes offre un phéno-