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PRÉFACE. iij


me forcèrent ensuite à traiter celles que je n’avois pas encore aussi long-tems étudiées. Il y a trois ans que je me suis voué presqu'uniquement à cette occupation qui m'amusoit depuis long-tems : mais jai mis à profit les trois Etés que j'ai eus pour suivre avec ardeur les expériences nombreuses que j'avois méditées. Enfin j’ai rassemblé sautant qu’il m'a été possible, tout çe qu'on savoit sur l'Anatomie & la Physiologie végétale ; j'y ai joint tout ce que j'ai pu découvrir ; & j'espère avoir été encore utile en essayant d'indiquer quelques-uns des objets que nous ignorons, afin d'inspirer le désir de les dévoiler.

En lisant ceci, on s'appercevra bien-tôt que la Physiologie végétale est une Science curieuse à mille égards ; qu’elle est encore au berceau ; & qu'elle fournit mille sujets intéressans, sur lesquels on peut s'exercer avec utilité. L'espoir certain du succès devroit encourager ceux qui pensent assez bien pour croire qu’on emploie son tems convenablement quand on le consacre à la découverte de la vérité. Mais l’intérêt dé la Société sollicite fortement ce genre d'études ; & l’intérêt de la Société doit être un motif suffisant pour déterminer à le suivre. Ce ne sont pas des connoissances oiseuses : l’Agriculture les réclame : on ne sauroit la perfectionner sans avoir des idées justes, sur l'organisation des plantes. La théorie des Jardins, qui est assez compliquée, repose entièrement sur une théorie de la végétation. En général, & on le comprend facilement, ce n'est qu'après avoir approfondi la structure des végétaux, qu'on peut poser les vrais principes de leur culture, & préparer le terrein qu'ils exigent. Ce n'est qu'après avoir suivi l’histoire d'une plante, qu'on peut savoir le tems de la semer, les soins qu’elle demande, le moment de sa récolte. C'est seulement par des observations bien faites sur les végétaux, qu'on peut prévoir les habitudes des différentes espèces & fixer les moyens de les soigner de la façon la plus propre à les rendre les plus fécondes. C'est enfin de cette manière qu'on parviendra plus ou moins facilement à acclimater presque toutes les plantes dans une grande partie du globe.

Mais la Physiologie végétale dirigera sur-tout la serpe du Jardinier, dont les coups ne sont jamais indifférens, soit pour tailler les arbres, soit pour guérir leurs plaies. Elle lui indiquera encore les moyens de perfectionner les espèces par la greffe, de les conserver par les boutures, & même de les varier par le mélange des poussières.

On ne peut ignorer les avantagés qu'on retireroit d'un bon calendrier & même d'un horloge de Flore, quand ils seroient faits pour les plantes cultivées dans chaque canton. En déterminant les époques les plus favorables pour semer ou planter les végétaux, on en établirait la succession la plus lucrative, & on se procureroit le plaisir de voir fleurir ensemble à différentes heures celles qui doivent étaler ainsi leurs belles couleurs.

La Physiologie végétale n'est donc pas une Science, de pure spéculation ; elle n'est pas formée par une suite d'observations qui ne se réalisent que dans la tête du Métaphysicien où elles naissent : c'est l’histoire des plantes dans leur état de santé & de maladie, pendant tout le tems de leur existence ; c'est la


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