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que le travail des deux premiers hommes réunis, équivalut à celui de trois & d’un plus grand nombre, peut-être, qui eussent restés isolés, fait que tout surcroît de population sera toujours augmentation d’aisance & de prospérité, pourvu que rien d’humain ne s’oppose à l’ordre naturel. Toute population en valeur & en rapports sociaux est favorable, quoique le surcroît de population change toutes les mesures politiques. La nature indique d’elle-même l’ordre de ces changemens : toute population en non-valeur est désastreuse ; mais chez, des peuples agricoles, il n’y en aura jamais de telle que par le désordre social.

Toutes les mesures de police concernant les boucheries, sont bien dangéreusement voisines de ce désordre. On peut rapporter à ceci ce que nous avons dit des approvisionnemens publics. Un Prince bien sage, & qui semble être envoyé du ciel pour rétablir la liberté naturelle & politique, vient dans ces derniers temps d’offrir à cet égard un grand exemple, en donnant toute liberté à la vente & à la distribution de la viande, comme il avoit déjà fait à celle de tout autre comestible.

En attendant que la progression du bon ordre, dont nous-avons parlé ci-dessus , rende la consommation :

de la viande moindre à proportion ; 

c’est un !grárid avantage que de voir des boucheries répandues dans les campagnes , lès villages , 8cc. C’est uné preuve que le peuple.confomme 8c qu’il est aisé, que Jes produits ont leur débouché. -naturel fans frais de transport, 8c que lésbes-• tiaux/lès fermiers ,’&e. 8cc, sont communs.. On peut appliquer ici cet axiome connu : pauvres paysans, pauvre royaume.

Dans Tétat ’actuel de J’éurope, la’ viande de 

i’ouch’eriéfaitUrie partié ; essentielle des subsistances’ dèsriclíés Scdu peuplé des villes, 8c fa consomiftation estuindés grands profits des cultivateurs ; : ’En France ; qu&i.qué’k viande ne soitpoint un ali- : hieiif d/unê’ aussi grande nécessité que le pain, on ’ S^péu’t -disconvenir :’que ’le commerce &c la con- "îominattendela viande- rie ; soit/Un óbjet très-ifri- ;

postant ;;=8c-.eôriséquemmènt que leregime auquel

kiibòuckirie est soumise’ ; ne fút bien avantageuse- ìiiëntf émplâcé par la : liberté. Cette vérité, concile par iles fuites ’heureuses ; qu’ont eu ailleurs , ílês-éàits ssir" la liberté"dés comestibles , 8cpartí-’ íuljérèmëntTarrêt du parlement de Grenoble du

7" ;mársíÍ77Ò s, qui permet à" tóutèsfortes_

de perfór ìné’s !’de’veiîdré de la viande : cette vérité se déduit naturellementdesobservations suivantes. í-’Les villes ne subsistent pas d’elles-mêmes. Elles - né vivent que des-productions que leur fournit le territoire : on rie faûróit’ donc établir des rapports ,^PÌ> !^tròits-’ . ;éhtre--’lês’ ;vílles’ 8c les campagnes , : ^fli tfpp liër-’ensemblêTèurs intérêts réciproques. ; "ílMais ;cbsrapports & ces intérêts ne íauroient ; .Étiré1 réglés^-& ëonciliés’ de la. manière la plus avantagéuséVàtous :.que :par les loix de la justice.

<È«b«.-olit. & diplomatique. Tom. 1.

Le besoin : de vendre est égal au besoin d’acheter, 8c c’est Ia : réciprocité de ces.besoins qui rapproche les.còntractans. Le prix dont ils conviennent librement y. ; exprime le véritable rapport - d’échange, 8c cè prix n’est à la disposition ;d’aucun d’eux : il est déterminé par la rareté 8c Tabondance des .matières à vendre î’-par.les moyens 8c la faculté d’acheter plus ou moins répandue ? par les frais indispensables de production ; par les dépenses de voiture 8c de commerce, parles circonstances du moment ;, &cç. 8c le prix varie tous les jours, parce que .les élémens qui le décident sont sujets à varier. Quelle est la raison après cela de tariffer lésproductions ?

Peut-on le fáire fans tenir une ba- lance 

injuste ? L’effet : d’un, tarif est de détruire le vrai -prix pour lui en substituer un factice. On ne peut faire la loi sur les prix fans gêner les vo-_ lonté’s íurdes conventions légitimes, fans violer la liberté des échanges au préjudice d’un des contractans, fans entreprendre dé décider ce qui n’est nullement soumis à Tautorité.

Lá liberté est dé tous les principes d’une bonne

économie le plus irréfragable. Essentielle à Ja vivifieation 8c à Textension de tout commerce, elle Test : particulièrement à celui des denrées. Le gouvernement, qui n’a plus ’dé doute à cet égard,, a cru devoir laisser agir les deux loix sacrées de la liberté 8c dé la propriété. • í>e tous les motifs qui ont fait admettre cette liberté dans le commerce des denrées, il n’en est . àucunqui né se rapporte à. cêlui des boucheries. II s’agit de travailler au rétablissement de notre culture , ’8c ;la partie dés bestiaux en est une

branche essentielle. Us concourent tous à la production

des grains par les engrais qu’ils fournissent V’Scquelques-Uns par, leurs travaux : ils forment un.article important dans lés avances & les richesses du cultivateur. Pourquoi donc décourager cette partie , : en portant atteinte à fa valeur’ par des .tarifs :8c des prohibitions ? La liberté n’est-elle pas aussi, utile en ce genre qu’en tout .autre ?: :•-L :

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.’i'-’-'- :. -’ ::• : . o Tóúte entreprise d’autorité sur les ventes 8ï les achats, fur les conditions 8c fur les prix, est également contraire aux loix de la justice 8c au biçn de la culture. Nous ne pouvons rappeller ici’so’usune forme étendue, ces vérités premières que nous nous sommes efforcés de développer-dans d’autres articles ; niais il est important" de répéter ici que la propriété n’est point un droit frivole qu’on puisse enfreindre fans inconvénient,- 8c qu’on en viole les intérêts , en dictant des loix arbitraires 8c forcées fur les conventions, fur les achats 8c fur les ventés.

Interrogeons les auteurs des règlemens sur la vente de la viande de boucherie. Quel est au juste l’objet qu’ils se proposent ? Leurs ordonnances sont prohibitives ou elles sont taxatives. Prohibitives, elles accordent la préférence à certaines