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aucun au-dessous de 20 ans[1] ni plus-tard qu’à 40 ans ; ceux trop âgés pour repousser, doivent être arrachés, & les terreins qu’ils occupent replantés, comme faisant partie des vuides : car il sera indispensable de s’occuper aussi de replanter[2].

À l’égard des baliveaux à réserver sur chaque coupe périodique des bois des différens âges, pour en fixer le nombre, il faut partir d’un point constant, qui est qu’un terrein, d’une étendue déterminée, ne peut produire qu’une certaine quantité de beaux arbres.

En établissant bien la proportion, on en aura par-tout où il est possible une grande quantité, & de bonne qualité ; on aura abondamment du bois de toute espèce[3], & pour tous les emplois : d’où il suit qu’on retirera de l’exploitation des forêts le plus grand produit possible en argent ; ainsi tous les objets seront remplis.

Il faudra donc réserver sur chaque arpent la quantité de baliveaux que comportera l’âge auquel sa coupe sera réglée, le plus grand nombre en essence de chêne, & le surplus en hêtres, ormes, frênes, ou autres arbres que les besoins exigeront.

Au moyen des réserves faites sur chaque première coupe, les forêts où l’on trouvera, lors de l’aménagement, tous les arbres nécessaires, seront, dès chaque première révolution, garnies de baliveaux en nombre, des âges & des essences qu’on aura adoptés. Il ne fera plus question alors que d’entretenir toujours sur chaque arpent, aux mêmes âges & dans les mêmes essences, le nombre fixe de baliveaux pour les couper à leurs termes.

Car, de même qu’à chaque révolution on ne pourra avoir à couper les baliveaux de différens âges, qu’en raison de ce qu’on en aura réservé & attendu pour opérer le remplacement, il faudra aussi à chaque révolution réserver & attendre en raison de ce qu’on coupera ; le tout conformément au tableau qui est à la fin de cet article[4].

Quant au choix des baliveaux, ce qu’il y a à dire sur ce point, c’est qu’il faut toujours réserver les plus beaux arbres & les mieux venans, ceux sur-tout qui, par leurs configurations, sont les plus intéressans ; &, pour ce choix, il faut absolument le coup d’œil d’un homme pratique.

Les forêts ainsi gouvernées, leur exploitation consistera dans la coupe des taillis des différens âges, & dans celle des baliveaux arrivés à leur terme. Toutes seront aussi-tôt dans leur valeur, excepté celles où l’on ne trouvera point, lors de l’aménagement, tous les arbres des âges nécessaires pour le completter, excepté aussi les parties replantées.

En effet, on sent bien qu’il n’y aura pas tout d’un coup par-tout des baliveaux à couper, qui puissent fournir des bois propres à tous les emplois. Dans les parties où l’on ne trouvera point ces baliveaux, ce sera l’affaire du temps de donner aux arbres réservés tout leur accroissement, comme ce sera au bon aménagement à les faire devenir ce qu’ils peuvent être.

Mais, dès l’instant de cet aménagement, les causes du mal cesseront ; le produit de l’exploitation des bois, si l’on profite des ressources que les forêts offrent encore, sera plus considérable, même après avoir fourni aux frais de leur rétablissement, & il augmentera d’année en année, à mesure que l’aménagement général s’avancera, jusqu’à ce qu’étant consommé le temps achève l’ouvrage, & porte les forêts à leur plus grande valeur.

C’est alors que le produit, tant en bois de construction qu’en bois de toute autre espèce, & par conséquent en argent, montera au plus haut point possible, & que ce fonds de richesse, en devenant abondant, deviendra intarissable ; car les forêts, ainsi aménagées & exploitées, se per-

  1. Il faut excepter les bois plantés en coudrier, chataignier, boursault, &c. dont lee coupes peuvent & doivent même être faites plutôt qu’à vingt ans.
  2. Arrêter les progrès du dépérissement pour les parties qui peuvent encore se perpétuer, & renouveller celles qui ne peuvent se régénérer, sont les deux moyens de rétablir les forêts ; le premier est déjà suffisamment développé. L’essentiel de ce qu’on pourroit dire à l’égard du second, se réduit à ceci : qu’il faut défoncer en totalité & profondément (à deux pieds de terre ferme par-tout où le terrein le permet, qu’il soit bon ou mauvais), afin que le plant puisse jetter ses racines à l’aise, en tout sens & au loin ; s’il est bon, parce que, quelque bon qu’il soit, s’il n’est divisé & remué de la profondeur nécessaire, les racines du plant ne peuvent pas plus y pénétrer, le percer, que si c’étoit un mauvais terrein ; s’il est mauvais, parce que dans l’opération du défoncement, la bonne terre qui étoit à la superficie se trouve placée dans le fond, & que c’est au fond & non à la superficie que le plant jette ses racines ; n’employes que du plant de pépinière, parce que celui venu sous bois a les racines mal conditionnées & la fibre racornie ; l’employer le moins tard possible, parce que le plant commençant à jetter des racines en hiver, celui qui n’est planté qu’en février ou mars, court le risque des hales des printemps secs ; tandis que celui qui est planté en novembre ou décembre, est déjà établi dans le terrein, y a déjà réussi ; enfin, entretenir les plantations, parce que c’est renoncer au succès, que de ne pas leur donner tous les soins nécessaires, manquer à une de ces conditions, est pour ainsi dire manquer à toutes.
  3. On ne peut entretenir en mêmes quantités les réserves, sur-tout en beaux arbres, sans avoir à chaque coupe beaucoup à choisir : or on ne peut avoir beaucoup à choisir que fuir un taillis plein. Ainsi le taillis exploité de vingt à quarante ans, ne peut être plein & à la fois garni de baliveaux, attendus à tous âges, sans donner abondamment à chaque révolution des bois de toute espèce. On voit que ces effets résultent les uns des autres.
  4. Ce tableau présente celle des manières de faire le balivage qu’on a cru la meilleure. Voyez ce tableau, pag. 371.