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Lorsqu’on parle de la liberté de la presse, il ne faut, pas croire qu’en Angleterre un écrivain puisse calomnier ou outrager qui bon lui semble : Jes mêmes loix qui protègent la personne 8c h propriété des citoyens, protègent fa réputation ; Sc elles décernent contre les libelles proprement dits, à-peu-près les mêmes peines décernées partout. II faut convenir néanmoins que les papiers anglois sont impunément remplis des personalités les plus odieuses, Sc qu’on y regarde cet inconvénient comme une fuite de la liberté. La liberté de la presse consiste en ce que les tribunaux oU les juges ne peuvent prendre connoissance qu’après coup des choses qu’on imprime, & qu’ils ne peuvent punir des coupables qu’en employant des jurés. , Quoique la loi ne permette pas, en Angleterre -, qu’un homme accusé d’avoir écrit unlibelle prouve la vérité des faits qu’il a avancés, chose qui aurait les plus fâcheuses conséquences 8c qui est Îìroscritè par-tout,Y indictment devant porter que es faits sont’}aux, malicieux, 8cc. 8c les jurés étant les maîtres de leur verdict, c’est-à -dire, pouvant sc-décider, d’après tout ce qu’ils savent, d’une manière particulière , il est sûr qu’ils absoudront Taccufé, lorsque les faits avancés seront d’une évidence reconnue. C’est ce qu’on voit sur-tout lorsqu’il est question du gouvernement j c’est uri principe généralement reconnu en Angleterre] 8c exposé avec force aux jurés dans une causc assez célèbre : «  que quoi- " que parler mal des particuliers puisse être une =>chose blâmable , cependant les actes publics »du gouvernement doivent être soumis à un examen public : qu’on rend service à ses conci- » toyens en disant Ion avis avec liberté =>.

Le nombre des gazettes Sc des papiers publics qui

s’impriment chaque jour en Angleterre est incroyable ( r ) : ils circulent 8c se réimpriment dans les différentes villes, ils sc distribuent même dans les campagnes (2) : tout lé monde, jusqu’au laboureur, les lit avec empressement ; chaque particulier est ins-

truit, chaque jour, de Tétat de la nation d’une -extrémité à l’autre ; 8c la communication est telle, que les trois, royaumes semblent ne faire qu’une seule ville. : Cette publicité entretient le feu sacré de la liberté "8c de Tesprit public ; ’elle établit Un pouvoir d’opinion nécessaire pour suppléer à Timperfection inévitable des loix ; elle contient ceux qui ont une portion quelconque de Tautorité : convaincus que toutes leurs actions sont exposées au grand jour , ils s’abstiennent davantage de ces acceptations.de personnes, de ces connivences obscures , de ces vexations de détail que Thomme en place se permet, lorfqu’exerçant son office loin des yeux du public, il fait que , s’il est prudent, il peut se dispenser d’être juste ; ils redoutent ces gazettes, qui dévoilent toutes les actions des hommes en place 5 le juré fait-, par exemple, que fa déclaration fera imprimée- le lendemain ; le juge fait que le public fera instruit dans quelques heures de ses manoeuvres. D’après Tinsurmontable besoin qu’a Thomme de T’estime de. ses semblables, ilyalieude croire que s’il étoit possible-que la liberté dé la presse existât dans un gouvernement despotique, 8c , ce qui ne seroit pas moins difficile, qu’elle ’ y existât fans changer la constitution, elle y foi>. meroit seule un contrepoids au pouvoir du prince. Si, par exemple, dans un empire d’orient il se ’ -trouvoit un sanctuaire révéré des peuples, qui procurât un asyle sûr à ceux qui y porteraient leurs observations ; s’il en sortoit des feuilles imprimées que f apposition d’un certain sceau fît respecter ; 8c , si ces feuilles examinoient chaque jour Sc àpprécioient librement Ta conduite des cadis , des bâchas , des visirs , du. divan Sc du sultan lui-même, cela y introduirait, tout de suite deTa liberté. La liberté de la presse fournit à chaque anglois ;. le moyen de s’instruire à loisir 8c en silence dé tout ce qui tient aux affaires publiques. La nation, tient conseil 8c délibère, lentement à la vérité, " car une nation ne s’instruit pas comme une assemblée de juges, mais sûrement, 8c d’une manière qui entretient le patriotisme. TousTes faits s’éclaircissent devant elle , 8c par le choc des diverses réponses 8c répliques,. elle peut découvrir la vérité. Les papiers qui éclairent le peuple anglois fur les choses dont il se plaint, le mettent aufïì en état d’y appliquer Te remède ; il sair quels avis-on a ouverts, qui les a ouverts Sc qui les a soutenus ; il fait les raisons qu’on a données ; 8c par la, manière dont les suffrages se récueillent (3), il (i). On vient de publier (en 1785) l’état,du nombre des gazettes imprimées dans touteT’éceudue du royaume d’Aligltterre pendant lit huit aiinées précédentes. Le Voici ; Í77C

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