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reur, s’il est absent, est obligé de donner, des réversales pour l’observanee de la capitulation, & de jurer lui-même avant son couronnement qu’il s’y conformera. Dans cet intervalle, il est obligé d’abandonner les rênes du gouvernement aux vicaires de l’empire. Chaque électeur reçoit une copie authentique de la capitulation, signée de l’empereur élu ou de son ambassadeur, & munie du sceau du premier. Le collège électoral remet au nouvel empereur l’acte de son élection ; s’il est absent, cet acte lui est apporté par un prince avec une lettre de notification. L’empereur fixe ensuite le jour du couronnement.

Couronnement de l’empereur. La bulle d’or désigne pour cette cérémonie la ville d’Aix-la-Chapelle ; mais depuis très-long-temps elle se fait dans la ville d’élection, & celle d’Aix-la-Chapelle est obligée de se contenter de lettres réversales qui maintiennent son droit[1] : cette ville a la garde d’une partie des ornemens impériaux (Clenodia) ; l’autre partie est à Nuremberg : il faut que la plupart aient servi à Charlemagne. On les transporte au lieu du couronnement après des lettres réversales, qui en assurent la restitution : on y remarque la couronne d’or, le sceptre d’argent, le globe d’or impérial, deux anneaux, trois épées, un évangile, &c.

Le jour du couronnement arrivé, les électeurs séculiers & les ambassadeurs des absens, à cheval & portant les ornemens impériaux, accompagnent l’empereur jusqu’à la porte de l’église, où les trois électeurs ecclésiastiques viennent le recevoir. Pendant la messe, le nouvel empereur prête le serment ordinaire au sacre des têtes couronnées ; il promet en particulier de ne pas manquer au respect dû au pape & à l’église. Ensuite il est oint sept fois par l’électeur de Mayence ou par celui de Cologne, & couvert des ornemens & vêtemens impériaux ; il reçoit la couronne & prête serment pour la troisième fois ; après quoi il crée des chevaliers, & se fait recevoir chanoine de sainte Marie d’Aix-la-Chapelle. Toutes ces cérémonies finies, l’empereur accompagné des électeurs, retourne à l’hôtel-de-ville à pied, où il dîne seul, les électeurs faisant les fonctions de leurs archi-offices, dont nous avons parlé.

On n’a encore placé sur le trône impérial que des princes de la religion catholique romaine ; cependant les princes protestans n’en sont point exclus, puisqu’en Allemagne les protestans jouissent des mêmes droits que les catholiques.

Titres & prérogatives de l’empereur. Le chef de l’empire est revêtu de l’autorité que cette qualité lui donne, dès l’instant de son élection, & il prend dès-lors le titre d’empereur romain élu : ce titre est d’un usage constant depuis Maximilien I. L’empire de Rome ayant été uni à celui d’Allemagne par l’empereur Otton le grand, tous les empereurs jusqu’à Charles V reçurent la couronne impériale à Rome, & ils prenoient simplement le titre d’empereurs des romains : mais après ce prince, les empereurs n’allèrent plus recevoir la couronne des mains du pape ; ils n’en gardèrent pas moins le titre d’empereurs romains ; ils y ajoutèrent seulement le mot élus. Aussi-tôt après l’élection, dès que l’empereur est couronné, il envoie une ambassade au pape pour l’assurer de sa révérence filiale, (observantia & reverentia) ; le terme d’obédience autrefois très-essentiel n’est plus en usage. Au reste l’empire de Rome, si l’on en excepte vingt-un fiefs de l’empire situés dans l’état ecclésiastique, est aujourd’hui un titre sans domaine.

Les empereurs sont en même-temps rois d’Italie ou de Lombardie. Ce royaume s’étend des limites du duché de Savoie & de la Suisse, jusqu’à l’état de l’église ; l’empereur Otton en réunit une portion par ses conquêtes à l’empire germanique, & il acquit l’autre par alliance (pour ce qui regardoit les terres allodiales) ; cependant les rois & les empereurs romains n’en ont jamais porté ni le titre, ni les armes[2] ; & depuis Charles V, ils ne se sont plus fait couronner rois d’Italie. Le pouvoir de l’empereur en Italie a fort diminué ; cependant ii y exerce encore les droits régaliens suivans : il y donne des titres de noblesse, & il accorde aux terres & aux sujets différens privilèges.

Les membres d’Italie, tant immédiats que médiats, sont obligés de comparoître devant le conseil aulique en ce qui regarde leurs personnes ou leurs terres. S’ils désobéissent, ou s’ils sont d’intelligence avec les ennemis du corps germanique, on les met au banc de l’empire, & ils encourent la confiscation de leurs biens : quelques-uns d’entr’eux ne veulent pas reconnoître la jurisdiction impériale.

L’empereur & l’empire ont encore plusieurs fiefs en Italie, qu’on divise à la cour impériale, en fiefs lombards, au nombre de treize, savoir ; les duchés de Milan, de Mantoue & de Montferrat, toutes les principautés de Gonzague & celle de Mirandole, &c. En fiefs liguriens, au nombre de 19, dont les principaux appartiennent aux princes Doria ; en fiefs Bononiens, au nombre de vingt, possédés par les ducs de Modène, de Ferrare, les princes de Spinola, Doria, &c. ; en fiefs de Toscane, au nombre de dix, parmi lesquels sont le grand duché de Toscane, de Piombino, de Soramo, de Comacchio, &c. ; en fiefs de Tirnisane, au nombre de onze, parmi lesquels sont les principautés de Massa, de Malaspina, &c.

Les membres de cet état sont obligés de fournir certaines contributions en temps de guerre, mais ils les fournissent rarement à moins qu’on ne les y

  1. Voyez l’article Aix-la-Chapelle.
  2. Voyez les articles Lombardie & Milanès.