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PRÉ LIMINAIRE. xíij ia tonte & le façonnement de la laine, il faut que les hommes soient formés à la théorie & la pratique de tous ces arts primitifs & secondaires, - qui dérivent les uns des autres par l’instructiòn , qu’ils soient .a s surés de leurs propriétés & de leurs jouissances par la protection, qu’ils ayent en- ír’eux des relations très-intimes, facilitées par une bonne administration. Et c’est - là précisément, manifestement, uniquement la société. Remettons pour plus grand éclaircissement Robison Crusoë dans son iíîe déserte, remettons-le même fans compagne.

^ II est évident, quoiqu’on en puisse dire,

mais de la plus sensible évidence , que son premier soin , son premier travail , sa première fonction sera de réfléchir , d’exa- miner, de s instruire lui-même par la méditation ; évident , que le second sera de veiller à sa propre conservation , de penser & de pourvoir à sa défense, que le troisième sera de se frayer unè route vers les objets qu’il appercevra, s’ils ontf apparence d’être propres à satisfaire ses besoins. Avant même qu’il use des fruits spontanés de la nature, il remplira fur lui-même les fonctions primitives & fondamentales de l’instructiòn , de la protection , de f administration, fonctions très-réelles, très-importantes , qui précédent les autres , qui les produisent & qui les dirigent. Devenu cultivateur par la force de son inclination naturelle & par l’étendue de ses réflexions ; autant qu’il aura de connoissances, de sécurité, de facilités, autant prosi pèreront sas avances foncières. Ses travaux annuels de culture & ses récoltes seront Îroportionnés à ces deux causes antérieures. 1 ne pourra consommer de subsistances, ni façonner de matières premières qu’autant qu’il les aura recueillies & qu’il sçaura les employer en pleine tranquillité , ni jouir d’aucuns ouvrages de durée qu’après les avoir formés, avec plus ou moins de perfection , suivant l’étendue de ses moyens & le développement de son industrie. ’- • Il est donc évident que même dans l’homme le plus isolé, ces arts caractéristiques, lotit essentiellement distingués & subordonnes les uns aux autres ,-qu ils n’ament,. qu’ils opèrent successivement par gradation dans l’ordre des effets & des causes. Dans la première famille leurs fonctions, leurs devoirs , leurs droits se partagent : naturellement , & c’est principalement de leur distinction , de leur influence mutuelle, de leur correspondance réciproque-, de leurs intimes & perpétuelles relations" que se forme la vraie société. Cette même distinction, ce même enchaînement subsiste dans les grandes familles secondaires, que nous appelions des empires & des états. Premièremqnt l’autorité tutelaire & bienfaisante du père & de la mère sur leurs enfants-, des frères aînés fur leurs cadets , s’exerce de même dans un. corps politique par les agens de la souveraineté, dont les devoirs & les droits sont précisément semblables & se réduisent à i’instruction qui nous éclaire , à la protection qui garantit nos propriétés,. à l’administration qui nous facilite les moyens d’en acquérir & d’en faire usage. Quelque soit ún citoyen , la sollicitude paternelle de l’autorité suprême l’instruit,, le protège , le dote plus ou moins de pro s priétés personnelles, mobiliaires & foncières,, long-temps avant qu’il puisse la concevoir,, long-temps avant qu’il se cohnoisse lui- même» Bien loin d’en être les créateurs, nous en sommes tous les productions, puisque notre existence, nos facultés , nos talens _& nosbiens sont son ouvrage. II est nécessaire d’établir cette grande vérité si méconnue, si contredite, parce qu’une erreur trop commune, confond avec l’autorité ; la force & son usage purement, arbitraire., ennemi des connoissances :,. des talens & de l’instructiòn qui les procure, usurpateur des propriétés , violateur de la loi de justice , perturbateur de l’ordre de- bienfaisance ,. destructeur des régies naturelles, de l’administration prospère ; c’est-àdirë , . lá lumière avec les ténèbres, le bien : avec le mal, les vices avec les vertus , la. destruction &le désastre de l’espèçe humaine ; avec son bien être & sa propagation. Gar^ dans leurs procédés,^ ainsi que dans les effets qu’ils produisent » eet aveugle pouvok