seiller aux artistes de chercher. Il mourut à Rome en 1675, âgé de soixante & deux ans.
On voit deux tableaux du Guaspre au cabinet du roi. Ce peintre a gravé lui-même huit de ses paysages. Vivarès a aussi gravé d’après lui.
(157) Barthélemi-Etienne Murillo, de l’école Espagnole, né à Pilas, à quelques lieues de Séville, en 1613, d’une famille riche, fut élève de son oncle Jean del Castillo, qui résidoit à Seville & qui ne peignoit que le genre. Ses tableaux représentoient des foires, des marchés. Murillo fut bientôt en état de satisfaire à ses besoins par son talent. Il eut occasion d’envoyer aux Indes des tableaux de sa main, & le bénéfice qu’il en tira lui fournit assez d’aisance pour faire le voyage de Madrid. Cc fut en cette ville, dans les maisons royales, qu’il étudia le Titien, Paul Véronese, Rubens & Van-Dyck : l’imitation de ces maîtres, & sans doute les dispositions de la nature le rendirent, grand coloriste. Il ne négligea pas non plus de dessiner d’après ses statues antiques ; mais cette étude, moins proportionnée à son penchant, ne fit pas de luiun dessinateur correct. Il retourna dans son pays, riche des études qu’il avoit faites & des conseils que lui avoit donné Vélasquez. C’est à Séville que sont conservés ses principaux ouvrages : c’est dans l’église des capucins de cette ville, qu’on voit le tableau qui représente Saint Thomas de Villeneuve distribuant ses biens aux pauvres ; ouvrage favori de l’auteur, & qu’on regarde comme son chef-œuvre. On voit aussi de lui quelques tableaux dans le palais des rois d’Espagne, à Madrid. Son pinceau est frais & moëlleux, sa couleur vraie & de la plus belle intelligence, ses passages des plus heureux, sa touche fière & hardie. Il mourut à Séville, en 1685, âgé de soixante & quinze ans.
S. F. Ravenet a gravé d’après Murillo, une Bohemienne portant son enfant sur le dos ; S. Carmona, la Vierge & l’Enfant-Jesus ; R. Collin, le portrait de ce peintre, fait par lui-même.
(158) Bartholomée Vander Helst, de l’école Hollandoise, est né à Harlem en 1613. On ne sait pas quel fut son maître, mais on sait qu’il n’a pas voyagé ; il est vrai que c’est dans le genre du portrait qu’il s’est fait la grande réputation dont il jouit, & que ce genre qui porte sur une imitation exact de la nature, ne suppose pas, comme nécessaire, l’étude de l’antiquité ni des grands maîtres de Rome ou de Florence. On raconte que Kneller, lui-même excellent peintre de portraits, ne se lassoit pas pendant son séjour en Hollande, d’admirer un des tableaux de Vander Helst qui sont placés à l’hôtel-de-ville d’Amsterdam.
M. Descamps dit que ce peintre n’a été surpassé que par Van-Dyck & même avec fort peu d’avantage pour le dernier. Un autre artiste, juge sévère quelquefois jusqu’à la rigueur, n’hésite point à placer Vander Helst au dessus de tous les autres peintres de portraits & de Van-Dyck lui-même. « J’ai vu, dit M. Falconet, les deux grands tableaux de Vander Helst placés dans une des salles de l’hôtel-de-ville d’Amsterdam, & je crois pouvoir dire ici comment ils m’ont paru. Celui qui représente une assemblée des principaux bourgeois ou arquebusiers qui s’entretiennent, boivent & mangent autour d’une table, est peut-être tout ce qu’il est permis à l’art de produire pour la parsaite imitation du naturel, mais rendu avec une intelligence si savante qu’on n’apperçoit aucune indice du prestige qui souvent fait réussir plus d’un ouvrage inférieur à celui de Vander Helst. Il y est pourtant, ce prestige, mais soumis à la vérité qui lui commande & dans l’ordonnance générale & jusques dans les plus petits détails. »
« Avant d’avoir vu les ouvrages de Vander Helst, je l’entendois mettre au dessus des Rembrandt, des Van-Dyck & d’autres de leur force ; & j’avoue que j’avois beaucoup de peine à le croire : je l’ai vu, bien vu, & plusieurs fois ; j’avoue qu’en se dépouillant de tout préjugé, on le trouvera peut-être, à des égards, supérieur à ces grands maîtres, puisqu’il est plus vrai. C’est par là qu’il est d’une hauteur au delà de laquelle on ne peut, je crois, faire que des suppositions chimériques ; Le tableau est signé Barthomœus Vander Helst fecit A°. 1648. »
« Neuf années auparavant, c’est-à-dire, en 1639, le même peintre avoit fait un autre tableau placé vis-à-vis, & qui représente le bourgmestre Corneille-Jean Witsen à la tête de sa compagnie. C’est en général un beau & superbe ouvrage, où même on voit des parties égales à tout ce qu’on peut faire en ce genre : mais l’autre tableau mérite la préférence. J’ai vu par celui de 1639 que Vander Helst avoit alors, dans son faire, de cette magie harmonieuse des peintres que j’ai nommés, & qu’il ne leur a pas été inférieur dans cette partie ; mais son goût pour la plus exacte précision le conduisit jusqu’au tableau fait dix années après. C’est là qu’il n’a point d’égaux, & que le prestige de l’art est si bien d’accord avec le naturel, qu’on fait soi-même partie de cette assemblée, qu’on parle avec plus ou moins de confiance, & qu’on ne diroit pas à l’un ce qu’on adresse à l’autre. »
Il ne faut pas croire que, pour parvenir à cette extrême vérité, le peintre ait employé