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dans son intérieur, il ne porte que six pouces en quarré vers cette ouverture ou orifice de ce si que l’on nomme ouvroir. » « Voici l’usage de ce fourneau. Sur son sol, on place une brique pour appuyer & soutenir le creuset qu’on pore dans le rond de la grille, de maniere à y être plongé à moitié de fa hauteur. Le creuset pore, chargé des matieres à a vitrifier, & couvert selon l’usage, on ajuste le dôme, & on allume du charbon fur le fol du fourneau par fa perte, & fur la grille par l’ouvroir : on entretient convenablement le feu, & on l’augmente, en tenant au besoin pleins de charbon les deux espaces réparés par la grille, laissant la porte inférieure toujours ouverte, & plaçant le tuyau de poële au-dessous du dôme. Il est rare qu’après cinq heures de ce feu, une vitrification ne soit pas achevée. Ce fourneau épargne donc & du côté de l’espace, & du côté de la matiere combustible, & du côté du temps : toutes épargnes qu’un artiste ne doit pas négliger. »


Couleurs en usage pour la peinture lier verre, différentes des émaux précédens.


Jaune. Réduisez en lames très-minces de l’argent de coupelle. Mettez par lits ces lames dans un creuset, avec un poids égal de souffre en poudre ou de sâlpêtre, commençant & finissant par un lit de poudre. Mettez ce creuset couvert au fourneau, pour bien calciner la matiere. Le souffre étant consumé, jettez la matiere dans une terrine pleine d’eau : faites-la sécher ; pilez-la bien dans un mortier de marbre, jusqu’à ce qu’elle soit en état d’être bien broyée sur le caillou, ce que vous ferez pendant six bonnes heures : détrempez la matiere en la broyant dans la même eau dans laquelle vous l’aurez éteinte. Ajoutez à l’argent neuf fois son poids d’ochre jaune rougie au feu ; broyez le tout encore pendant une heure au moins, & le jaune sera fait. Le sieur le Vieil préfere aux lames d’argent ce qu’on appelle du brulé, c’est-à-dire, l’argent retiré du galon ou des étoffes par le feu : il recommande sur tout le brulé d’or. Il veut qu’avant de rien mettre dans le creuset, on le lutte avec du blanc d’Espagne à foc. Les poudres & le brulé rangés par lits dans le creuset, on couvre celui-ci d’un quarreau de terre cuite, & on le met au fourneau de fusion avec le charbon. Quand la flamme ne donne plus une couleur bleuâtre, il est temps de retirer le creuset. On verre promptement la matiere toute rouge dans une terrine neuve, vernissée, pleine d’eau nette, & on laissé refroidir. On décante l’eau dans un autre van., & ois laisse sécher l’argent qui s’est précipité au fond de la terrine. On le broye sur une platine de cuivre, ou sur le porphyre, pendant six à sept heures ; on y ajoute autant d’ochre jaune rougie


au feu & réduite en poudre. On continue de broyer le tout pendant une heure au moins avec la même eau dans laquelle on a éteint l’argent. Lorsqu’on veut peindre avec cette couleur, on la détrempe dans de l’eau claire, en la réduisant à la consistance d’un jaune d’œuf délayé.


Rouge, dit carnation, ainsi nommé par les peintres fur verre, parce qu’ils en employent une légere teinte dans la peinture des chairs. Pilez dans un mortier de bronze, & broyez sur une platine de cuivre, deux gros de rocaille jaune, un gros d écailles de fer, autant de litharge d’or, & autant de gomme d’Arabie. Quand le tout fera broyé suffisamment & réduit en une consistance plus dure que molle, levez votre couleur de dessus platine & la mettez dans un verre de fougere : délayez-y le tout avec de l’eau bien claire, puis laissez reposer la liqueur pendant trois jours consécutifs. Vous verserez lentement ce qui en surnagera fur une boudine croire, & vous le mettrez lécher au soleil, en le couvrant tour qu’il n’y entre pas de poussiere.


Autre. Prenez un gros de pailles de fer, autant de litharge d’argent, autant de gomme d’Arabie, un demi-gros de hardorie ou ferrer d’Espagne, trois gros & demi de rocaille jaune, & autant de sanguine. Pilez ensemble les pailles de fer, le harderic, la rocaille & la litharge, & les broyez fur la platine de cuivre pendant une bonne demi— heure. Faites piler & réduire en poudre très-fine la sanguine avec la gomme, broyez-la avec les autres matieres déja broyées, & à-peu-près pendant le même temps. Levez la couleur de dessus la platine, dans la plus forte consistance qu’il se pourra ; mettez-la dans un verre de fougere & la délayez du bout du doigt avec de l’eau bien claire, jusqu’à ce qu’elle ait pris la continence d’un jaune d’œuf délayé. Vous la laisserez reposer trois jours au soleil, mais bien couverte. Le quatriéme jour vous épancherez sur des boudines la liqueur la plus claire qui aura surnagé, en prenant la précaution de ne rien troubler. Vous exposerez ensuite cette liqueur au soleil, en la garantissent de la poussiere. En se séchant, elle se réduit en écailles de rouge-brun.

Lorsque vous voulez vous servir de cette couleur rouge, vous laissez tomber tine goutte d’eau bien claire fur un morceau de verre, en l’étendant de la largeur d’un sol marqué : vous y détrempez avec la pointe du pinceau autant de couleur que vous voulez en employer. Elle est la moins transparente & la plus difficile à s’incorporer dans le verre à la recuisson. Quand on l’employe dans une partie un peu étendue, on a coutume de coucher fur le revers une teinte un peu forte de jaune ; elle donne au rouge plus d’éclat.