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Entrons dans le détail des différentes couleurs.

Noir. Kunckel indique ici les mêmes recettes que pour colorer en noir les tables de verre. Nous allons en joindre d’autres.


Autre. Broyez pendant deux ou trois heures au plus, des écailles de fer sur une platine de cuivre, avec un tiers de rocaille. Gardez la couleur dans quelque vaisseau de fayence ou de terre vernissée : elle est sujette à rougir au feu. Il est bon de mettre un peu d’æs ustum avec la paille de fer.


Autre. Broyez sur une plaque de cuivre un peu convexe, pendant quatre heures au moins, quatre parties de rocaille jaune, & deux de pailles de fer : mêlez-y, en broyant, quelques grains de gomme d’Arabie.

On trouve dans des mémoires dressés par des artistes, une recette qui est la même pour le fond, mais dont la manipulation est bien plus recherchée. Ces soins ne peuvent qu’ajouter à la beauté de la couleur, & nous devons les indiquer.

Parmi les écailles de fer, choisissez les plus brillantes & les plus minces ; car les grosses n’étant pas assez brûlées, seroient dures à piler & à broyer. Nettoyez-les bien sur une assiette, sans y laisser aucune ordure. Pilez-les dans un mortier de cuivre jaune, & pour être assuré de sa propreté, frottez-le auparavant avec de la poudre de verre. Passez au tamis de soie les écailles réduites en poudre, pilez de nouveau le résidu & le passez de même. Il faut piler la rocaille avec le même soin, & la réduire en une poudre aussi fine.

Ces poudres mêlées ensemble seront broyées avec de l’eau bien claire sur une platine de cuivre rouge. Une molette de marbre seront trop tendre ; elle doit être d’un caillou plus dur. Elle peut être de bois garni d’une forte plaque d’acier. On ramasse la couleur avec une amassette de cuir fort. Il ne faut broyer qu’une petite quantité de poudre à la fois, & après l’avoir broyée pendant trois heures au moins, on tâte sous la dent si elle est assez douce. Tant qu’elle crie, il faut continuer à broyer.

On met sécher la poudre dans un morceau de craie. Quand on veut l’employer, on la pile, on la broye de nouveau, mais pendant peu de temps, en y ajoutant sur la fin un peu de gomme d’Arabie bien seche & de sel marin. On la leve ensuite de dessus la platine avec l’amassette, on la fait tomber avec un liteau de verre, dans le plaque-sein de cuivre ou de plomb, moins dans le fond que sur le bord, puis on verse sur cette couleur du lavis ou eau de gomme dont voici la préparation.

Prenez six ou sept grains de gomme d’Arabie


bien seche, mêlez-y le même nombre de grains de sel, & autant de couleur noire qu’il en faut pour rendre ce lavis fort clair ; la couleur doit être dans un bassin de plomb toujours couverte de ce lavis pour qu’elle ne se desseche pas trop vîte : La gomme, après avoir été pilée & broyée, est misé dans une bouteille avec la quantité d’eau que l’on croit convenable. Quand vous voudrez travailler, penchez le plaque-sein, afin que l’eau gommée s’incline toujours vers le bas ; mouillez ensuite votre pinceau dans l’eau ; trempez-le dans la couleur épaisse, essayez-en sur un morceau de verre, adoucissez-la avec le balai. Pour reconnoître si votre couleur est séche, passez la langue dessus. Si à la troisiéme fois elle ne s’efface pas, vous pouvez l’employer : si elle s’efface, apprêtez de l’eau de gomme, & si elle ne tenoit pas encore, faites y dissoudre gros comme un pois de borax de roche. Au reste, cette couleur s’employe mieux quand elle est fraîchement broyée, ainsi l’on ne doit pas en broyer trop à l fois.


Blanc. Sablon blanc ou d’Etampes, ou petits cailloux blancs & transparens ; faites-les rougir au feu dans une cuiller de fer ; jettez-les dans une terrine d’eau froide pour les calciner ; réitérez plusieurs fois & faites-les sécher. Pilez-les bien dans un mortier de marbre avec un pilon aussi de marbre ou de verre ; réduirez-les en poudre impalpable en les broyant sur le porphyre. Ajoutez à cette poudre une quatrieme partie de salpêtre ; mettez le tout dans un creuset, faites bien calciner, pilez de nouveau, & faites encore calciner une troisiéme fois à un feu plus vif que celui des calcinations précédentes. Pour vous servir de cette poudre, vous ajouterez, sur une once, la même quantité de gypse après l’avoir bien cuit sur des charbons ; vous y mêlerez aussi une once de roquette. Vous broyerez le tout sur une platine de cuivre un peu creuse avec de l’eau gommée, jusqu’à ce que le mêlange ait la consistance que vous desirez.


Autre. Prenez deux parties de cailloux blancs, calcinés au creuset & éteints dans l’eau froide ; deux parties de petits os de pieds de moutons, brulés & éteints de même, & deux parties de rocaille jaune. Broyez le tout comme le noir, & ajoutez-y de la gomme d’Arabie.


Autre plus expéditif. Rocaille jaune, broyée bien fine & lavée à plusieurs reprises ; pour lui donner plus de blancheur, ajoutez-y moitié en poids de gypse brulé & blanchi. Broyez ensemble comme pour le noir.


Autre. Des artistes fort expérimentés ont employé la rocaille seule, pilée & broyée sur une table de glace, parce qua le cuivre changeroit


Beaux-Arts. Tome II. H h h h h