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ne détrempe les couleurs. Quelquefois le vernis refuse de prendre, & glisse sur les couleurs comme de l’eau sur un corps huilé. Dans ce cas, il faut souffler son haleine sur le tableau, & le vernis n’a plus de peine à prendre.

Pour enlever le vernis de dessus un tableau, en se sert de petits morceaux de linge trempés dans de l’esprit-de-vin, dont on frotte le vernis changeant souvent de linge. Cette opération exige beaucoup de soins & de prudence, sur-tout quand la peinture n’est pas ancienne, parce que l’esprit-de-vin, qui dissoud le vernis, peut aussi dissoudre la couleur. Quand le vernis est bien sec, on peut l’ôter en frottant avec le bout du doigt.


Vernis pour les plâtres. La manière de vernir les plâtres est un procédé qui appartient aux arts, puisque son objet est de conserver dans leur beauté des ouvrages de l’art. Prenez quatre gros du plus beau savon, & quatre gros de la plus belle cire blanche : ratissez le savon & la cire dans une pinte d’eau contenue dans un vase neuf & vernissé. Tenez le tout sur des cendres chaudes, jusqu’à ce que le savon & la cire soient bien fondus. Alors trempez-y votre morceau de plâtre que vous tiendrez suspendu par des fils. Soutenez-le un moment dans ce mêlange. Un quart d’heure après, trempez-le de rechef. Vous laisserez sécher la pièce pendant cinq à six jours, & alors vous la frotterez légérement avec une mousseline dont vous aurez enveloppé un de vos doigts. Ce mêlange, qu’on appelle improprement vernis, ne produit aucune épaisseur ; il conserve au plâtre toute sa blancheur, mais il lui donne un poli & un luisant qui n’est pas toujours favorable aux productions de la sculpture. Si le morceau étoit trop grand pour être tenu suspendu dans l’eau de savon & de cire, il faudroit y jetter de cette eau de façon qu’elle pût entrer dans tous les enfoncemens du travail. Les artistes aiment mieux conserver leurs plâtres dans leur état virginal ; & sans leur donner aucun vernis, ils leur laissent prendre celui du temps. Voyez l’article Tableau.

Vernis à la bronze. Avant de donner la recette de ce vernis, nous allons faire connoître différentes manières d’imiter le bronze dont nous n’avons pas parlé à l’article Bronzer. Toutes peuvent être employées sur des figures de pierre, de plâtre, de bois & d’ivoire. C’est dans la dernière seule de ces manières que l’on fait usage du vernis à la bronze.


Couleur de bronze antique. Il faut d’abord encoller les figures avec de la colle de parchemin bien chaude. On donne deux couches de olle. Quand elles sont sèches, on broye de


la terre d’ombre avec de l’huile grasse, & on en donne une couche sur le sujet, ayant soin que la couleur soit aussi peu épaisse qu’il est possible. On la laisse sécher deux ou trois jours. Ensuite on donne sur cette première couche une seconde couche de verd-de-gris, mêlé d’un peu de noir de fumée & broyé à l’huile grasse. Quand cette teinte a séché au point de ne happer presque plus, on prend de la purpürine à sec & en poudre, & on en couvre le sujet avec une petite brosse ou un pinceau : la purpurine est happée par la couche qui lui sert de fond, & qui n’est pas encore parfaitement sèche. Après cette opération, mettez de l’huile grasse dans les principaux enfoncemens, jettez-y du verd-de-gris en poudre, & ôtez avec le doigt ce qu’il y en a de trop. Enfin, vous aurez de l’or coquille que vous prendrez avec le doigt à sec, & dont vous frotterez les rehauts.

Voyez les articles Colle, Huile grasse, Or-coquille. Voici comment se fait la purpurine, dans les grandes villes, on peut en acheter. Mettez dans un creuset deux onces d’étain fin en rapures ; deux onces de mercure vif ; un quarteron de soufre vif en poudre ; une once de sel ammoniac. Broyez le tout sur le porphyre, & mettez-le dans un creuset & sur un feu de charbon. Faites chauffer jusqu’à la fusion, & remuez avec une verge de crainte que le mêlange ne s’attache au creuset. Quand il aura pris une couleur d’or, vous y jetterez encore un peu de mercure & vous jetterez encore. Laissez refroidir, & cassez le creuset pour en tirer la purpurine.


Couleur de bronze moderne. Encollez comme ci-dessus. Prenez une partie de verd-de-gris, une partie de litharge d’or, une partie de terre d’ombre, deux parties de minium, & une partie d’ochre rouge. Broyez bien le tout à l’huile grasse. Donnez-en une couche au sujet, & laissez-la sécher jusqu’à ce qu’elle ne happe que fort peu. Vous aurez du cuivre rouge en poudre ; & avec une brosse ou pinceau, vous en couvrirez à sec le sujet. Les rehauts se font avec la même poudre qu’on applique avec le doigt.

Voici comment on met le cuivre en poudre. On prend des battures de cuivre en feuilles ou livrets. On les broye avec de l’eau dans laquelle on a fait dissoudre de la gomme arabique, puis on les lave dans cinq ou six eaux & on les fait sécher.


Autre manière de bronzer. Prenez une once d’or d’Allemagne en feuilles, & les broyez avec du miel sur une glace. Mettez cet or broyé au miel dans une écuelle, & versez par dessus de l’eau de pluie ou de fontaine. Il faut


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