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sujet, fait abbattre à la scie & au ciseau les plus fortes superfluités de marbre ; c’est ainsi que se dégagent de la masse, sans cependant approcher encore de la détermination du fini, la tête, les bras, & les autres parties du modele, suivant les traits que l’artiste a marqués sur le marbre. Cette opération qui se fait sur toutes les faces, ne sert qu’à rendre Ir bloc plus facile à manœuvrer, & à l’approcher encore grossierement des formes qu’il doit recevoir.

Quand le bloc est épannelé, le sculpteur fait élever à la même hauteur le niodele & le bloc de marbre, chacun sur une selle semblable, & proche l’une de l’autre à sa discrétion. La selle est pour le sculpteur, ce que le chevalet est pour le peintre.

Quand le modele & le bloc de marbre sont placés à propos, I on pose horizontalement sur la tête de l’un & de l’autre des chassis de menuiserie, quarrés & égaux, & qui reviennent justes en mesure avec ceux qui portent les bases ou les plinthes des figures. On a de grandes regles de bois, qui portent avec elles plusieurs morceaux de bois armés d’une pointe de fer. Ces morceaux de bois parcourent a volonté toute la longueur de la regle, & cependant on les fixe avec des vis : c’est l’effet du trusquin. Ces regles se posent perpendicu la rement contre les chassis qui sont au-dessus & au dessous du modele pour y prendre des mesures & les rapporter sur le bloc de marbre, en les posant sur les chassis dans la même direction, où elles ont été, posées sur ceux du modele. C’est avec ces regles qu’on pourroit, mieux appeller compas, à cause de leur effet, que l’artiste marque & établit tous les points de direction de son ouvrage, ce qu’il ne pourroit pas faite avec les compas ordinaires, dont on ne sauroit introduire les pointes dans les fonds & cavités dont il faut rapporter les mesures. Cette opération se réïtere sur les quatre faces du bloc de marbre & du modele, autant de fois que le besoin le requiert ; car la figure étant isolée, demande à être travaillée avec le même soin sur toutes les faces.

L’artiste ayant trouvé & établi des points de direct on, qu’il a posés à son gré sur les parties les s saillantes de son ouvrage, comme sont les bra les jambes, les draperies & autres attributs, etrace de nouveau les masses de la figure, & faitter à bas les superfluités du marbre jusqu’au gros de la superficie, par des ouvriers ou éleves, se reosant sur eux de ce pénible travail, mais ayant touours les yeux sur l’ouvrage, de crainte que ces bibles ouvriers n’atteignent les véritables nuds & oints du sujet. Il doit aussi leur faire faire atten on à ne travailler que sur le fort du marbre : cela s’entend en ce que les outils & les coups de masoient toujours dirigés vers le centre du bloc. Au ement ils courroient risque d’étonner & d’éliter quelques parties du


marbre qui n’est presque jamais entierement sain, étant souvent composé de parties poufes & de parties fieres.

Les outils dont on se sert pour cette ébauche, sont la masse, les pointes, les doubles pointes, la marteline & la gradine, avec lesquels, en ôtant le superflu petit-à-petit, un voit sortir le sujet. Alors l’artiste suit de prés l’approche de la figure avec le ciseau & tous les autres outils qui lui sont nécessaires ; & il ne la quitte plus qu’il ne l’ait terminée au plus heur point de perfection qu’il est capable de lui donner.

De quelqu’outil qu’il se serve, soit marteline, ciseau, trépan, &c. il doit toujours avoir grand soin de ménager la matière, car les fautes sont irréparables. Il ne doit ôter qu’avec beaucoup de discrétion pour arriver au but qu’il se propose ; car il n’y a pas moyen d’y ajouter ; & s’il se casse malheureusement une partie, ou qu’il y ait quelqu’endroit altéré, il n’y a ni secret, ni mastic suffisant pour y remédier la rétablir avec stabilité sans qu’il y paroisse. Lorsque le sujet est totalement fini, & que le sculpteur se détermine à faire polir quelques draperies ou autres accessoires, il se sert de gens destinés à ce travail, que l’on nomme des polisseurs. Il doit avoir attention à la conduite de ces sortes d’ouvriers, qui n’étant que des gens de métier & de peine, sont peu susceptibles des conséquences d’user & ôter les touches & les finesses que le sculpteur a ingénieusement semées dans tout son ouvrage. Ce poli est arbitraire & au choix de l’artiste, n’y ayant pour cela aucune regle établie qui puisse le diriger ou le contraindre.

Le poliment se fait avec la pierre-ponce ; il est le produit de frottemens rudes qui doivent enlever quelques finesses, qui usent du moins ce que j’oserois appeller l’épiderme des statues. C’est en fatiguant leur surface, en effaçant le sentiment de l’outil, qu’il leur donne de l’éclat. Les anciens polissoient leurs statues avec de la cire ; ils avoient aussi un vernis qu’ils y appliquoient. Praxiteles ne faisoit pas altérer par un ouvrier polisseur les traits les plus fins de son travail ; mais il chargeoit un peintre nommé Nicias, de les vernir.

Le sculpteur, en taillant son ouvrage, prévient d’avance une partie des accidens qui pourroient arriver en le transportant. Il laisse des tenons de marbre aux parties saillantes. On-appelle tenons des portions de marbre qu’il réserve, quoiqu’elles ne doivent pas rester sur l’ouvrage mis en place : elles servent à soutenir les bras, à conserver les doigts en les liant entr’eux, &c. Il multiplie ces tenons autant qu’il le juge nécessaire, se réservant de les abattre sur la place, lorsque la figure est posée sur le pied-d’estal où elle doit rester.

SCULPTURE en pierre & en bois. La pierre