Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/718

Cette page n’a pas encore été corrigée

70 8

PAS

"blement la toile pour ee morceau, parce que le ] panneau auroit été compofé d’un irop grand nom- ] bre de pièces, qu’on n’auroit pu parfaitement ) réunir. A. la renaiffance des arts, on crintiniia de préférer le bois, pour peindre les tableaux d’une moyenne grandeur , les petits tableaux j fe peignoicnt fouvent l’iir des planches de euivre ou d’étain. Dans la fuite, on a donné la préférence à la toile , parce que les panneaux étant compofés de pUifieurs planches , étoient Itijers à le déjetter & à le délimir. Ils avoient aufli l’inconvénient d’être rorgés en deffous par les vers, & l’ouvrage étoit détruit avec la lubfiance qui lui fervoit d’appui. Enfin comme on avoit courume d’imprimer le^ panneaux en détrempe , il arrivoit fouvent que la couleur s’enlevoit par écailles. Malgré ces inconvénians , l’auteur de la vie de Raphaël Mengs , nous apprerd que cet artifle prcteroit de peindre liir panneau , quand il en avoit la facilité , parcs que la roile , quelque bien préparée qu’elle foir, ne préfente jamais une fuiface aiifTi lifTe, ni aufli unie que le bois, & parce que chaque inégalité de la toile, quelque foible qu’elle puiffe erre , en rend la furface plus on moins raboteufe , & occafionne de fauffes réflexions de lumière. D’ailleurs il trouvoit eticore à la toile un autre défaut -, c’eft que, lorfqu’elle e(t un peu grande, elle ne peut être fi bien tendue, qu’elle ne cède un peu fous le pinceau, ce qui nuit à la fureté & à la fermeté de la main.

. Pour la préparation du panneau qui doit recevoir la peinture , voyez l’article ImpreJJîon. PASTEL. (fubfV. mafc. ) Sorte de peinture, dont le nom efl dérivé du mot pâte, & (uivant l’ancienne ortographe pafle ; le mot pajlc lie prouve que l’j a quelquff is la prononciaiion dure dans les dérivés de pâce. On peint au pajî^l avec des couleurs miles en poudre, & réduites en pâte. On donne à cette pâte encore molle, la forme de rouleaux ou de crayous ronds. On tient ces crayons un peu plus grOs que ceux de fanguine , parce qu’étant plus tendres , il faut leiiv donner plus de force en maffe, afin qu’ils ne fe caflent pas trop l’.iféïnent. , Daiileurs on ne les manie pas à l’.iide d’un porte-crayon , mais avec les dnigts : pour qu’on puiffe les manier aifémcnt , il faut donc leur donner une certaine longueur , à laqueUe jia grofi’eur doit être proportionnée. Ces crayons fe nomment paflels.

La peinture au pa’ld abeaucotip de rapport avec le dcflin à l’e'lompe : la différence confifte en ce qu’on y employé des crayons d’une grande varié ;é de couleur , & qu’au lieu d’étendre fur le fond la couleur de ce ? crayons avec i’inflrument nommé edompe, on l’étend avec le doigt, quoique l’on ehiplcye même PAS

quelquefois une petite eftompe de papîer roule. Dans l’un ni dans l’autre art , on ne frotte ni ■ les fortes lumières , ni les principales toiicbes. • Malgré les rapports qui rapprochent ces deux -J genres, la difficulté eft cependant bien plus-, grande dans la peinture au pnjlel ; car comme, ? l’artifle efl maître d’employer un gtand nombre de crayons différemment colorés , on a le droit d’exiger de lui qu’il imite la couleur propredes objets, & les variations que le jeu de la. lumière & la petfpeélive aérienne caulcnt a cet’e couleur, au-iieu que le deliina eur a 1 eftompe n’ayant à !a dilpofi-ion qi.e deux ou trois crayons, n’eft obligé de rendre que les effets du c’air-obfur.

Mais fi la difficulté efl : plus grande, l’ouvrage’ terminé, offre aulTi bien plus de ch’irnies. Cette’ forte de peinture produit à-peu-prcs les mêmes^ ^ efîetsque celle à l’huile ; elle peut fe promettrej j tous ceux qui font accordés à une belle dé- | trempe : & elle n’efl pas expofe aux inconvé-] niens de l’huile qui jaunit en vieilliflant , & ’ altère les couleurs dent elle efl enveloppée. Elle ne paroît pas pouvoir fe prêter à tous les genres ; mais elle cfV <’ans reproche, dans les, genres auxquels ille convient. Celui qui 1* revendique fur- tout , efl : le portrait : c’efl en cette partie qu’elle a créé des chef-d’œuvre. Le velouté que jiroduifent la poiilHère des. crayons au’elle employé & le duvet du papier, contribue à bien rcpréfenter ia l’uperficie des érrfFcs, & le mcëleux des carnations. Latour, peintre au pajîel^ a été regardé comme le plus grand peintre de portrait , que ia France eilt de fon temps. II ne faut pas faire decendre le pcijlel à de trop petites propornons ■. c’eft furtout dans les portraits de grandeur naturelle , que fes fuccès ont été jufqu’à prcfent le mieux prouvés. Comme les crayons doivent être tendres , on ne peut leur donner ia finefTé du pinceau : ce n’eft donc que dans de grandes parties, qu’il peuvent bien exprimer les formes & fournir une grande variété de teintes. Ce n’eff pas qu’on n’oit vu de petits portraits au paJîel , qui ne manquoient pas de mérite ; mais il, auroier.t pu avoir plus de mérite encore , dans les genres de peinture où l’on emploie le pinceau.

M. Watelct a dit , dans fon poëme intitulé Vj^rt de p’.indre :

De la beauté

Le paflcl a l’éclat Se la fragilité. Cette fragilité efl : en --fFet le plus grand défaut que l’on ait pu reprocher au paftel : comme cette peinture n’efl : qu’une pouilière coiorée , qui n’a d’autre lien que le duvet du papier, tout frottement l’enlève & la moindre goutte d’eau y laiffe une tache : il n’eft enfin protège