Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/699

Cette page n’a pas encore été corrigée
MOS MOS 689


avec un tableau peint , foit en petit, |foît en grand , pour fervir de modèle.

On range enluite par ordre , dans des paniers ou boëtes places, toutes les petites pierres de chaque teinte ou nuance d’une înême couleur, & chacune de ces pierres doit avoir une furface plate & unie ; c’oft celle qui doit être expofée à la vue. Les autres côtés feront un peu moins larges & un peu raboteux , afin que le mortier dans lequel elles feront incruftées ait prifc fur eux. Il ne faut pas que lafurfico plate & unie foit polie ni luifante. Elle rLuéchiroit la lumière trop vivement, & empêcheroit d’en voir la couleur. Pluv les pierres font pet tes, plus l’ouvrage eft délicat ; mais le travail augmente à proportion, & l’exécu- , tion en devient plus longue. Il n’eft pas nécefTaire que^toutes les pierres foient de même figure. Il fuffit qu’elles puiffent s’adapter exactement les unes auprès des autres , de manière qu’elles ne laiffent pas entr’elles de vuide trop fenfible. Il faut que l’ouvrage préfente 5a furface la plus unie & la plus égale qu’il fera polTible , de manière qu’une pierre ne foit pas plus ("allante que l’autre. On commence par faire fur le mur un premier enduit , comme celui de la peinture à frefque. Lorsqu’il eft Jec , on mouille un peu la place, fur laquelle on doit travailler, & l’on y pofe le deifin , ou on l’y marque par des cartons de même grandeur , comme à la frefque. On met enluite du mortier fait de chaux , de pierre dure, ou de tuiles ou de briques pigées & tamifées. Quelques-uns y ajoutent de l’eau gommée avec de la gomme adraganr & des blancs d’oeuf batcus. Ce mortier doit erre fin , & mis d’une épaiffeur égale fur chaque peti’e place , fans paffer le trait du deffin ; car il faut le conferver, & placer les petires pierres fuivant les couleurs, en les trem-pant dans le même mor :ier , mais plus clair & plus liquide, qu’on doit avoir auprès de foi dans une auge ou jatte de bois.

Quand on a couvert de pierres un petit efpace , il faut les battre ave ; une règle épaiffe & forte , pour les dreffer & les enfoncer également , à-peu-près comme les carreleurs font quand ils carrelent. Il faut avoir foin de faire cette opération , pendant que le mortier eft encore tout frais ; autrement la liaifon feromproit, & les petites pierres fe détacKeroient du mortier.

Si l’on avoit quelque partie délicate à faire , comme une tê :e , une main ou autre chofa ferablable , on pourroir avoir le trait de ces parties fait n l’encre fur du papier fin Se huilé, afin qu’en l’appliquant fur l’ouvrage tout frais , on connût fi le deflin n'en feroit pi>s altéré ; car on verroit l’ouvrage fait au travers eu papier huilé : & s’il y avoit quelques dé- £eaux-Arfs. lome 11^

M O S

ë^9

fauts , on pourroit les corriger avant que le tout fût bien fec.

Si le mortier déborde un peu entre les joints des pierres qu’il faut rapprocher le plus qu’il eft polFible , on leratiffe avec la petite truelle qui fert dans tout ce travail ; mais comme les pierres fe barbouillent, toujours un peu de mortier, & principalement en les drelTant avec la règle, lorfque tout fera bien fec, on enlèvera ce mortier le plus proprement qu’on pourra avec un couteau ou une ratiffoire ; enfin, on frottera l’ouvrage avec un morceau de bois tendre & du fable fin délayé dans de l’eau. On lavera enfuite l’ouvrage avec de l’eau pure , comme on fait aux carreaux des appartemens ; ce qu’on appelle décroter.

Lorfque l’ouvrage eft fini , fi l’on a quelques chaugeraens à faire , on abat jufqu’au premier enduit feulement, & on remplace par du mortier & d’autres petites pierres , l’ouvrage démoli ik. enlevé..

Pour dorer, dans cette efpèce de peinture, foit pour le fond du tableau , foie dans les or-" nemens , ou dans les draperies, on prend des morceaux de veire non colorés. On mouille un côté , ayec de l’eau de gomme ; puis on y applique uue feuille d’or. On pofe après cela le morceau de verre fur une pelle de fer , & cetf^ pelle à l’entrée d’un fourneau , après l’avoir couvert de quelqu’autre morceau de verre concave. On laiffe ainfl la pelle , jufqu’à ce que le morceau de verre où l’or eft appliqué foit devenu rouge , & l’or y demeure fi bien appliqué, qu’il ne s’en ditache plus. On applique iur le mortier la furface dorée. Ces petits morceaux de verre doivent être de la même grandeur que les autres pierres colo"ées. Mais pour décroter ces pièces de verre , il faut feulement les racilTer proprement avec un couteau & les laver enfuite ; car le fable le plus fin ternîrûit la furface du verre, & le brillant de l’oif ne paroîtroit plus au travers.

Pour que ces morceaux de verre colore tiennent bien au mortier, il faut que chaque morceau ait au moins feize ou dix-huit ligne" ? ù’épaiifeur •. on dégrolfit les furfaces qui doi(.’ent toucher au mortier , pour leur ôtcr le poli qui les em,pêche de le happer.

Il faut faire" faire ces morceaux de verra exprès ; pour cet effet, on va dans une verrerie ; & quand le verre eft difiribué dans les différens creufets , on y met la couleur propre à lui donner les différentes teintes que l’on defire. On commence par la plus claire , & l’on augmente toujours jufqu’à la plus foncée. Quand le verte eft cuit dans fa perfedion , on prend avec de grandes cuillers le verre tout rouge, & on en fait des tas fur un marbre poli & chaud , ou fur une plaque de cuivre , 8c on applique ces tas ayec un autre marbre au^ Sf f f