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nium au carmin , dont les miniaturlftes font uh afTei grand ufage.

Ce genre eft confacrc à des ouvrages de petites proportions : dc-’à quelc^ies perlonnes ont cru que le nom de la miniature , qu’elles prononcent mignaturc , eit venu du mot mignard : mais cette étymologie eft rorcée & contraire à l’analogie des dérives : les deux lettres rd doivent refterdatis les dérivés du mot mignard , comme on le voit dansles mots , mignarder , mignardifc. . Le mot miniature eft fouvont pris pour l’ouvrage peint en ce genre : on dit une miniature , pour dire un ouvrage peint en miniature. Mais on s’exprime mal quand on appelle miniatures àas, ouvrages en émail , à l’huile , ou à gouazze , par la railbn qu’ils font peints en petit : car ce mot ne deiigno pas la proportion de l’ouvrage, mais le procédé par lequel il eft fait. En parlant d’une miniature , on ne le fert guère du mot mfe /«<7K -, mais on dit, un ouvrage, une peinture, un portrait en miniature.

On peint dans ce genre fur une fubftance blanche, le marbre, l’albâtre, le vélin, l’ivoire : on employé des couleurs légères, i !s :longt-em : .s on n’a pas fait ufage du blanc , mais on laiilbit travailler le blanc du fond , comms lorfqu’on delTme fur papier blanc. On appelloit cette pain :ure à re/ni gne ., ^ztce qu’on épargnait le fond pour rendre les clairs , on ne fe leri’oit pas même de blanc dans les teintes ; on employoit toutes les couleurs Amples , & : on les dégiadoiten les détrempant plus légères ; comme lorfqu’on delTinc à l’encre de la Cliine ou au biftre , on met plus d’eau dans l ;s demi-teintes que dans les ombres.

Mais avec le temps on a fenti la nécefTiré d’admettre le mélange du blanc dans les couleurs pour dégrader les teintes , comme dans les autres genres de peinture ; on a feulement perlifté à i’e'xclure du pointillé des chairs. Des artiftes intelligens ont travaillé à augmenter le nombre des couleurs fimples, & à les rendre plus légères. Leurs progrès ont affocié leur art aux autres genres de peinture , par la liberté & la facilité qu’ils ont acquifes de multiplier les tons : ils 150 permettent pas , en quelque forte, de reconnottre dans leurs ouvrages la difette cil nous fommes de couleurs légères.

Van Dondre , en Hollande, Torrentius & Hufnagel en Flandre , Volfaek en .Allemagne, ont les premiers rejette la féchereffe de l’ancienne manière , & , fi l’on en excepte le nud , ils ont peint de pleine couleur , comme à l’huile. La peinture en miniature florlflbit depuis longtemps en Hollande , en Flandre & en Allemagne , & n’étoit encore en F rance qu’une forte d’enluminure. On ne faifoit guère que des portraits à l’épargne, péniblement & féchement pointillés , dans lefquelson admiroit moins l’art qufi la patience. Enfin les Rofalba , les Harlo, MIN

les Macé , fuîvîs par des artiftes dignes de leuè fuccéder, ont appris aux François que la miniature pouvoir avoir aulli des grands maîtres. Des peintres ont effayé de fendre l’hiftoire en miniature , & ont montre que leur art pourroit devenir capable d’exprimer en petit de grandes chofrs. Comme la miniatu e qui peut ébaucher fes travaux en couchant la couleur , les termine au moins en la pointillant, c’eft le genre de peinture qui peut parvenir le plus aifsment au fini le plus précieux , par la facilité. qUe donnent les points d’unir les teintes , de les fondre enfemble & de les attendrir.

La miniature o^ere fur différentes fortes de fonds , ou de fubfiancisi_nous l’avons déjà dit. C’)mmençonsà parler du velin. Celui fur lequel on peint eft fait de peau de v eau mort-né. Levélin d’Angleterre & de Picardie eft préférable-,^our la peinture, à celui de Flandre & de Normandie. Le vélin d’Angleterre eft trè^-doux & afiéz blanc ,■ celui de Picardie l’eft encore davantage. Les peintres exigent que le vélin Ibît de la plus grande blanc] ;eur , qu’il ne fait ni gras, ni tro :té de chaux, & qu’il ne s’y trouve pas de. petites tac l^çs , ni ds ces veines claires qui s’y rencontrent fi fouvent. I ! doit être bien collé& nullement fpongieux Si 1 on applique le bout de la langue fur l’un des coins, l’endroit mouillé doit être un peu de temps à fe fécher : sil fe féche ; au contraire très-promprenicnt , il boit, & doit être rejette. On ne peint plus atijourd’hui fur le vélin, à moins qu’on ne traite des fujets affea étendus pour qu’on ne puiffb trouver d’affez grandes tablettes d’ivoire. Avec quelqu’art que l’on puilVc opérer fur le vélin , le travail n’a jamais la même fineffe ni le même agrément. Si Ion veut peindie iur du papier, il faut le choifir fin & uni & bien encollé. Il feroit bon de lui donner une imprellion ; c’efl-à-dire , d’y palTer une ou deux couches légères de blanc de plomb , détrempé dans de l’eau de colle ; on polira ces couches quand elles feront féçhes. Nous détaillerons bientôt cette opération , en parlant de la miniature fur toile.

Le vélin ou le papier , humefté parla couleur, ne manqueroit pas de fe gripper : il faut donc qu’ils foient bien folidement tendus. On prend une petite planche, ou une plaque de cuivre, ou un fort carton de la grandeur du fujet qu’on veut peindre. On humefte légèrement le véliri ou le papier par derrière avec de l’eau bien nette ; & on le colle leulement par les bordi à la planche de bois ou de cuivre, ou au carton : les bords doivent être repliés en deffbus au derrière de la planche ; & entre la planche & le vélin , on met un papier blanc. En collant , il faut tirer le vélin ou le papier pour qu’ils foient bien étendus. On prendra garde que la colle ne foit que fur les bords ; s’il s’en attachoif à la partie du vélin qui fe trouvera ^u revers de la peinture , çljç