^74
L A V
les fruits dû marier noir , mûrs en Août ; les baies de liireau , mûres en Otlobre ; les décoâîons des bois de Fernambouc & de Campêche. La gomme-gutte feule , avec un peu d’eau, fourni : le jaune, ainii que la pierre de fiel. Le csrmin donne le cr.itnoili ; mais il faut le broyer avec une légère difiblution de gomme arabique : le bleu de Pruffe , on la décoction d’un peu d’indigo, réduit en poudre avec de l’alun, donne du bleu ; le yerdet , la couleur d’eau ; miis il faut avoir attention de ne pas liicer le pinceau imbibé de cet(6 ? couleur qui eft un poilon. La décoftion des racines de tormentille produit une couleur fauve , & donne du noir fi l’on y joint du vitriol de Mars ; mais le noir dont on fait le plus fréquent ulage eft l’encré de la Chine : le biftre , bien broyé , donne le brun. On peut mettre en tablettes tous les fucs colorans dont nous •venons de parler, en y joignant, lorfqu’on les fait bouillir, un peu de colle de poiflbn. La colle, en féehant dans des moules de carte, qu’il faut oindre auparavant de beurre ou de graiffe , leur donnera la confiftance de l’encre de la Chine , qui fe fait de la même manière avec de l’extrait de régliffe & du noir de charbon , réduits en bouillie par la mollette. LAVIS. Gravure à l’imitation du lavis. Nous avons donné à l’anicle Gravure , le procédé de M. Leprince , tel qu’il a été communiqué à rAcadéniie de peinture de Paris -. mais il paroît certain que cette communication a été imparfaite, & qu’en la^ donnant, on s’eft rélèrvé des fecrets. Les perfonnss qi ;i voudront renouveller ce procédé, feront obligées de faire elles-mêmes, d’après les indications données , des recherches pou- découvrir les parties de L’opération qui n’ont point été communiquées. Dans le fecret de Leprince , tel qu’il a été publié, il fe trouve des moyens qui fe détruifent les uns les autres : la diiEculté eft de parvenir à les accorder entre eux , ou à les lier par quelques autres moyens fur Icfquels on a gardé le filence. Cette difficulté n’eft pas jnfurmontable ; plufieurs perfonnes l’ont vaincue ; mais elles gardent le fecret à leur tour. M. Marinier, graveur à talent , a trouvé, ipeu-près dans le même temps que M. Leprince, un procédé différent, dont les effais qu’il a fai’s prouvent la bonté •. comme il fe promet de faire quelque jour un plus grand ufage de fa découverte, il juge à propos de fe la réferver.
Nous ne pouvons donc rien ajouter ici fur les différentes manières de graver au /avi/ par le moyen de divers mordans , & de dlverfe ; liqueurs, puifque les artifîes qui employent ce moyen s’accordent à en faire un fecret. Mais nous avoas ditj fous le mot Gravure j L A V
que la manière la plus ordinaire de graver ï l’imitation du lavis , s’opère par le moyen de divers outils du genre des roulettes. Nous devons revenir fur ce procédé, parce que des artiftes qui en font ufage avec fuccès , ont bien voulu nous communiqiîer de nouvellei Ijm’ères , & même opérer fous nos yeux. On commence par établir le trait. Quandon veut expédier , & qu’on cherche plutôt à faire vite , qu’on ne tend à la perfeûion , on fait le trait à la pointe, & on le fait mordre à l’eau-forte : mais il a toujours de l’aigiepr, & ne s’accorde pas bien avec le travail moelleux du lavis. Il faut donc tracer d’abord , comme on le fait dans la gravure au burin pur, & enfuite afTurer & acciifer le trait avec l’outil nommé roulette fine. Il ne faut que comparer deux eflampes où le trait ait été fait , dans l’une , par le premier procédé , dans l’autre par le fécond , pour en bien fentir la diffërettce.
Le trait fait , on établît les fortes maffes avec un outil ferme & qui creufe profondément, & on ébarbe bien ces premiers travaux. Enfuite on pafle fur toute la planche , excepté aux endroits où l’on veut réferver le blanc du papier, jne maCTe générale , avec un outil doux. Ce procédé efl à-peu-près le même que celui par lequel on donne le ^rcné aux cuivres qu’on veut graver en manière noire, excepté q’-'e, pour la manière noire, on graine le cuivre avec un berceau, & que, potir la gravure au lavis , on le graine avec une roulette. On promène par tout la roulette au moins quatre fois , en quatre direflions différentes. Ces directions font les mêmes que celles dans lefquelles on promèrse le berceau, f^oye^ au mot Gravure, la préparation du cuivre par la maniér-e noi’e.
Après que la msffe générale efî établie & ébarbée , on y ajoute du ton avec une roulerte qui tient à-peu-près le milieu entre les deux dont on vient de parler ; c’cft-à-dire , celle qui a creufé les fortes maifes , & celle qui a donné la maffe générale : on n’ébarbe pas que la maffe ne foit généralement établie. Lorfque nous parlons ici d’une maffe générale , il ne faut pas prendre ce mot à la rigueur, comme dans la gravure en manièrenoire, où l’on donne à toute la planche une feule maffe du même grain. Dans la gravure au lavis, la maffe générale ne doit s’entendre que pour les objets qui font à-peu-près fur le même plan. Mais fi l’on veut exprimer l’effet d’un lointain , dont le ton foit fort tendre ’, ri faut en établir féparémsnt la maffe avec une roulette d^un grain trèî-ferré & fort doux. Si l’ouvrage original que l’on veut imiter oô’e une grande variété de plans , on préparera la