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qu’il donne par la vole de la sublimation.(Traité de la peinture au pastel.)

Jaune de Zinc. Le zinc peut fournir on jaune très-agréable, & pour lequel on n’a pas à craindre les dangereux effets des exhalaisons putrides. Il suffit de le faire bouillir longtemps dans du vinaigre un peu fort : il s’y dissout & forme des cristaux de sel qui n’attirent point l’humidité. Ce sel, mis sur le feu dans une capsule de fer, détonne un peu, jette une légere flamme, & se fond. Si l’on pousse le feu, l’acide s’évapore, & la matiere le convertit en une chaux de couleur jaune. Comme les chaux de ce demi-métal sont très-irréductibles, on peut croire que celle-ci fourniroit toujours le jaune le plus solide qu’on pût desirer, & l’on vient de voir qu’il n’est pas difficile à faire. (Traité de la peinture au pastel.)

Jaune d’argent. On fait dissoudre une demi-once d’argent le plus pur & le plus dégagé de cuivre qu’il est possible, dans une quantité suffisante d’esprit de nitre très-pur, jusqu’au point de la saturation. On dissout, dans quatre parties d’eau distillée, une once de sel d’urine qui fait la base du phosphore ; on fait tomber goutte à goutte la dissolution dans l’esprit de nitre qui a dissout l’argent étendu avec quatre parties d’eau ; on continue de laisser tomber la dissolution de sel d’urine, jusqu’à ce qu’il ne se précipite plus rien : par ce moyen, on obtient un précipite de la plus belle couleur de citron. Cette couleur dont la découverte est dûe à M. Marggraf, pourroit, selon toute apparence, être employée avec succès sur l’émail & la porcelaine, en l’édulcorant soigneusement, & en la faisant calciner avant d’en faire usage. (Mém. de l’Acad. de Berlin ; année 1746.)

IMPRESSION. (subst. fém.) Avant de peindre sur des toiles, panneaux, &c. il faut les imprimer, c’est-à-dire, les couvrir de plusieurs couches de couleur égale qui serviront de fond à la peinture.

Les modernes ont plus généralement adopté la toile, surtout pour les grands tableaux, que le bois, le cuivre, &c. Elle a l’avantage d’être moins pesante, de n’être pas sujette à se déjet­ter, à se rompre, à servir de pâture aux vers, comme le bois. Elle a sur le cuivre l’avantage de la légèreté, & celui de se rouler, & d’être ainsi changée de place sans beaucoup d’embarras.

Le choix de la toile dépend de la volonté de l’artiste qui veut l’employer. Quelques uns ne trouvant aucune toile assez fine & assez unie, ont peint sur du taffetas. D’autres ont choisi de fort grosses toiles dont on voit encore le tissu malgré l’épaisseur de couleur qui les couvre ; d’autres ont préféré de fort coutil. Maintenant on choisit assez généralement des toiles neuves, d’un tissu assez serré & ayant le moins de nœuds qu’il est possible ; dans le dernier siecle, un les choisissoit d’un tissu un peu lâche. On les tend sur des chassis de bois avec de petites broquettes, en rebordant la toile sur l’épaisseur du chassis, auquel on l’attache, par le moyen de broquettes qu’on place à quatre doigts les unes des autres. Quand la toile est bien tendue sur le chassis, on l’encolle d’abord avec de la colle faite de rognures de gants ; cette colle doit être froide, médiocrement forte & en consistance de bouillie. Elle se couche avec le tranchant d’un grand couteau assez mince, en le penchant un peu. Le couteau a son manche recourbé vers le dos afin que la main qui le tient ne touche pas à la toile.

On pousse un peu la toile par derriere, aux endroits où l’on passe le couteau, pour étendre la colle plus également, & on n’y en laisse que le moins que l’on peut. La toile en se léchant, après cette opération, devient fort tendue. Cet encollage sert à en boucher tous les trous, & à en coucher tous les petits fils. Quand elle est parfaitement séche, on la rend encore plus unie, en la frottant dans tous les sens avec une pierre-ponce bien applattie.

On imprime ensuite la toile, en lui donnant une couche de quelque couleur simple & amie des autres couleurs, comme du brun rouge, que l’on mêle d’un peu de blanc de plomb bien broyé, pour le rendre plus siccatif. Mais on parvient surtout à ce but, en le broyant à l’huile de noix avec de la litharge, & on le détrempe à l’huile, Cette couleur doit être suffisamment épaisse. On la couche aussi légérement qu’il est possible, & on l’étend sur la toile avec un couteau semblable à celui qui a servi pour la colle. On laisse sécher de nouveau la toile, & on passe la pierre-ponce par-dessus, pour rendre l’impression plus unie.

Il y a eu les peintres qui ont préféré les toiles imprimées d’une seule couche de couleur. Cependant, comme le grain de la toile y paroît bien plus, on ne s’en est guere servi que pour de grands ouvrages.

L’usage ordinaire est de donner une & quelquefois deux couches par dessus la premiere. On donne à ces couches une teinte d’un petit-gris fort doux, en se servant de blanc de ceruse & de noir de charbon broyé très-fin, & détrempés à l’huile de noix & à l’huile de lin, en quantités égales. On peut donner à cette demi-teinte grise un ton rougeâtre, en y mêlant du rouge-brun. Cette couche, ou ces couches, si l’on en veut plusieurs, ne se posent plus au couteau, comme la premiere ; mais elles s’étendent légérement à la brosse. On met le moins de couleur que l’on peut, afin que la toile soit moins cassante, & que la couleur dont elle sera couverte par l’artiste se conserve mieux : ces motifs doivent faire préférer une seule seconde couche, & c’est aussi