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Barrocci, Antonio daTrento, GuiPeppe Scolarî, Nicolas Rofiiliani, Dominique Saliene, âcc. Cet art fleurit vers 1600 par les talens de Paul Molreslfe d’Utrecht, George Lalleman , Buiînck , Stella , les filles Se (a nièce , les deux Maupin , le Guide , Coriolan , & Jean Coriolan ; vers 1650, par iesouvragcs de Chriftophe Jégher qui a gravé d’après Rubens, de Montenac ; & depuis par ceux de Vincent ic Sueur qui n’a pas réulli en ce genre , &r de Nicoias qui a exécuté avec plus de fuccès des morceaux pour M. de Crozat & ^our le comte de Caylus. François Perrier, peintre natif de Franche-Comte, imagina, il y a environ cent ans (*), défrayer à l’eau - forte toutes fes rentrées de camayeu ; ce qui, lelon Boffe , avoir été déjà tenté par le Parmsfan , qui avoir abandonné cette manière , parce qu’elle lui avoir paru trop mefquine. Elle fe failbit à deux planches de cuivre, dont l’une imitoit le noir &c l’autre le blanc ; les épreuves étoient tirées fur papier gris. Ces ellampes étoient fans agrément & fans eÛet , & : Terrier abandonna fes planches de cuivre pour revenir à celles de bois. Apres ce peut hiftorique , paffons maintenant a la manœuvre de l’art. Voici comment Bofle explique la manœuvre de graver en camayeu. « Il faut, dit-il, avoir deux planches de pareille » grandeur, exacleraent ajuftées l’une fur l’auire : on peut fur l’une d’elles graver entièrei > ment ce qu’on defire, puis la faire imprimer » de noir fur un papier gris & fort : & ayant » verni l’autre planche, & l’ayant mile, le côré »» verni dans l’endroit de l’empreinte que la » planche gravée a faite çn imprimant fur cette » teuille, la paffer de même entre les rouleaux ; » ladite eftampe aura fait fa contre-épreuve fur » la planche vernie : après quoi, il faut graver » fur cette planche les rehauts , & les taire très-profondément creufer à l’eau-forte. On peut B exécuter la même choie avec le burin, & » même mieux.

n La plus grande difficulté dans tout ceci , » eft de trouver du papier & une huile qui ne » faffent point jaunir ni rouflîr le blanc. Le » meilleur efl ; de fe fervir d’huile de noix très-blanche & cirée fans feu, puis la mettre dans » deux vaifleaux de plomb , & la laiffer au foleil a jufqu’àce qu’elle foit épailfie à la proportion » de l’huile foible dont nous allons parler. » Pour l’huile forte , on laiflera l’un de ces i> vaiffeaux bien plus de temps au foleil. » Il faut toujours avoir du blanc de plomb » bien net , & l’ayant lavé & broyé extrême-I » ment fin , le faire fécher , & en broyer avec » de l’huile foible bien à fec , & après, l’allier B avec de l’autre huile plus forte 8c plus épaiffe, (*) Cet aitide a paru en 1757.

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» comme on a-fait pour le noir. Puîs ayané « imprimé de noir ou d’une autre couleur , fur » de gros papier g ;ris, la première planche qui » eft gravée entièrement , vous en laifferez » lécher l’impreffion pendant dix à douze jours. » Alors ayant rendu ces eftampes humides, il » faut encrer de ce blanc la planche où font » gravés les rehauts, de la même façon qu’on » imprime ordinairement, l’effi.yer, & la paffer » enfuité fur la feuille de papier gris déjà imprimée , enforte qu’elle foit juftement placée » dans le creux que la première planche y a » fait, prenant garde de ne point la mettre à » l’envers ou le haut en bas. Cela fait, il ne » s’agit plus que de 1^ faire paffer entre les. » rouleaux. »

Ce procédé détaillé par Abraham Boffe , efl celui qu’a fuivi Perrier , & qui conliitoit à graver, fur le cuivre, deux planches, l’une pour imprimer le noir fur un papier de demiteinte , l’autre pour imprimer le blanc. On vient de voir le vice de cette manière , & combien lui eft préférable la gravure en bois , qui peut d’ailleurs fe paffer d’une planche pour le blanc , en tirant les épreuves fur papier blanc & laiffant travailler le papier pour les lumières. Nous allons tâcher d’expofer , d’une manière plus precife & plus claire , la manière de graver le camayeu en bois.

Les planches deftinées à cette gravure fe feront de poirier préferabtemenc au buis, parce que, lur le premier de ces bois, les maffss prennent mieux la couleur que fur le lécond. Il ne taut ni d’autres outils, ni d’autres principes, que ceux dont on a parlé à l’article de la Gravure en bois matte & de relief. Il taut graver autant de planches ou rentrées que l’on. veut faire de te nres. Les plus grands clairs ou les jours , comme hachures ou rehauts en blanc, doivent être formes en creux dans la planche, pour laiffer au papier même à ea donner la couleur. On gravera fur cuivre à l’eau-torte le trait de l’eftampe , quand on voudra imiter un deflxn lavé dont le trait foit fait^ à la plume & ne puiffe guère être imité qu’à la pointe. Si les ombres lavées font cjiar* gées de quelques hachures à la plume , on imitera ces hachures fur la même planche. • -La difficulté de cette gravure confifte en grande partie dans la jufteffe des rentrées de chaque planche ou teinte. On y réuffira par le moyen des pointes ajuftées & de la frifquette, comme à l’imprcflion en lettres : voyê^ le mot Frisquette : mais mieux encore parle moyen d’une machine telle que celle donc nous allons donner la defcription.

Lorfque les planches ou rentrées d’une effampe auront toutes été dellinées fort jufte les unes fur les autres, en bois, bien équarries, & gravées au nombre de tiois au moins, une pour les malTg»