prêcsutîon , on auroit toujours à craindre que l’«au ne vînt à filtrer dans la folTe. Cependant, Ejuand on n’eft pas maître du ter-Irein, il faut fe déterminera conftruire la foffe iSc : le fourneau en contre-haut , & à les établir ’fur la furfaçe même du terrein L’opération en devient plus difpendieufe ; mais cette méthode [a fes avantages qui lui font particuliers & qui peuvent être regardés comme un dédommagement de la dépenfe. C’eft ainfl qu’a été fondue fia ftatue de Louis XIV , à la place de Vendôhie, par Girardon , & celle de Pierre I, à Saint Peterfbourg. Ecoutons l’auteur de ce derjnier ouvrage.
I » La nature dufolmarêcageuîi de Peterfbourg, hi dit M. Falconet , n’ayant pas permis de creu- ,1» fer une foffe , le fourneau fut conftruit de ma-
- » niere à dominer le moule, comme fur celui
» de Girardon. Si c’eût été mon affaire , jel’e'jffe i» fait bâtir huit pieds plus bas , & la fonte eût j» été faite prefque au rez-de-chaufl’ée ; car i ! y I» auroir eu à craindre les inondations jufp’à f» deux ou trois pieds au-deffus du fol. A cela j» près , j’ai eu Heu de comparer toutes les diffi-
- » cultes des travaux faits dans une foffe , avec
» la grande facilité d’agir librement autour d’un j» grand modèle de cire , & d’un moule qui ne
- » font poîrit engagés dans quatre murailles.
) » C’eft peut-être pour épargner la dépenfe , ]» peut-être auffin’eft-ce que la routine qui fait » qu’on s’enterre à vingt ou trente pieds deprcfondeur, & qu’on s’y donne gratuitement i» bien des peines. On fond le canon dans une j» foffe ; nous employons des fondeurs de canons, lu ou des ouvriers qui ont appris à fondre avec ’» eux ; & dujnaître à l’apprentif , l’ufage paffe m aux flratues colloffales. Nous ne penfons pas
! t) nous-mêmes à la différence des objets , ni que
n l’attelier pour le canon eu d’un ufage continuel, tandis que celui du colloffe ne fert or- [ » dinairement qu’une fois dans le même lieu. I, » Comment faudroit-il donc faire ? Elever ’ » le mur de la foffe de quatre pieds d’épaiffeur ; j> par les trois côtés qui ne font pas appuyés fur ■ » le maffif du fourneau , le flanquer de forts » éperons de brique, le bien faire fécher, & » fondre hardiment. J’affurai mon mur à la fe- [■ » conde fonte avec de fortes pièces de bois po-’ » fées horifontalement contre le mur de l’atte-’ » lier, par un bout, & par l’autre contre le « foffe. Ces étales nombreufes & que le befoin n prefcrivoit , répondoient de tout. Dé forts » liens de fer , placés vers le haut & vers le bas » du mur, & enclavés dans le milieu de fon » ipaiffeur , contribuèrent encore à en affurer « d’autant plus lafolidité. » Ce paffage deviendra plus clair , quand on aura lu les détails des opérations de la fonte. Paffons à l’établiffement de l’attelier où doit fe faire la fonte. Jl fift péceffaire qu’il foit fpacieux. Outre la FON
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foffe 8c le fourneau qui doivent en occuper le plus grand elpace , c’efl encore là que fe fera l’application des cires dans les creux du moule de plâtre , Se que le conduiront d’autres opcrcrions , auxquelles il faudra qu’un grand nombre d’ouvriers puiflent travailler à lafoisfsnsfe goner réciproquement.
Il nefufKt pas que l’attelier foit v ?.f>e5 il fane encore que le comble en foit exhauffé , &• qtie fa hauteur fuiEfe a l’échappement qui fera néceffaire pour retirer la flatue de la foffe. L’ailleurs , G cet édifice n’avoit pas une affez grande élévation , la flamme qui s’élève de temps ea temps de la chauffe, & même l’axcefTive chaleur du fourneau , en embrâferoit le comble. Le plan de l’atte.ier deflini à la fonte de la flatue équeflre de Bouchardon , étoit un quarrç long qui , dans fa longueur, & dans œuvre , portoit 89 pieds , fur 36 & demi de large. Les murs qui en formoient l’enceinte , avoientdeus : piedb & demi d’épaiffeur.
La foffe ne peut être foumife à une proportion générale : elle doit répondre , par fes dinseniions, àla grandeur de l’ouvrage qu’on a defff.ia d’y couler en bronze. Sa forme peut varier fuivant celle de cet ouvrage ; mais elle doit toujours être conflruire au-devant du fourneau & avoir affez de profondeur pour que le métal en (ortant du fourneau , aille , par une pente qui ne foit pas trop précipitée, fe verfer dans les ouvertures des jets du moule qui eft enterré dans la foffe. La folidité efl ici d’une grande importance ; les parois de la foffe ne doivent pas être expofésàdes éboulemens, Se la terre y doitêtr* foutenue par un mur d’une forte conflruflion. La partis latérale contre laquelle eft appuyé le fourneau, eft celle qui exige la plus forte réfiltance : on la conftruit de pierre dure & d’ua bel appareil.
On donne encore plus de foins à rendre indeftruflible le fond de la foffe. On y pofe un maffif proportionné à la grandeur de l’ouvrage. On ne fe contente pas de former ce malfif de plufieurs afTifcs de pierres dures : on les lie encore avec des tirans & des ancres de fer. Il faut <7ue cette maffe ait aflez de réfiflance & de folidité, pour recevoir , fans en être ébranlée Js fcellement des arbres de fer qui foutiendront le moule, qui le contiendront dans un état parfait d’immobilité , & qui , malgré toure la puiffance de fes efforts, ne lui permettront pas de travailler. Pour la ftatue de Bouchardon , ce maffif compofé de trois afiifes , formoit un parallelo» grame de dix-huit pieds fix pouces de long , fur dix pieds neuf pouces de large. D’autres mafllfs ou dés de pierre, folidement enterrés , font de£^ tinés aux fcellemens des chevalets de fer fur lefquels doivent venir s’appuyer les traverfes de fer de l’armature du moule : on les adoffe aux murs de la foffe , dans les deux parties laté^ Bbb b ij